Accueil / Économie

Secteur privé : productivité et innovation comme moteurs de transformation

Temps de lecture

Entreprises © DR

Malgré des réformes encourageantes, le secteur privé reste freiné par la faible productivité et une dominance des petites entreprises. Un récent rapport réalisé par la Banque mondiale et l’Observatoire marocain de la TPME dresse les défis structurels à surmonter pour libérer pleinement son potentiel et créer des emplois de qualité. Les détails.

Le rapport «Libérer le potentiel du secteur privé marocain» analyse en profondeur la dynamique des entreprises au Maroc et met en lumière les défis et opportunités pour améliorer la productivité du secteur privé. Ce document, fruit d’une collaboration entre la Banque mondiale et l’Observatoire de la très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME), se penche sur la période de 2016 à 2019, avant que la pandémie de la Covid-19 n’influence les résultats.

Entreprises inactives : prolongation de la régularisation fiscale jusqu’à fin décembre

Un secteur privé encore dominé par les petites entreprises

Le Maroc a connu, avant la pandémie, deux décennies de croissance économique qui ont engendré des progrès socio-économiques significatifs. Cependant, cette croissance a ralenti depuis les années 2000, en partie à cause d’une faible productivité, ce qui a freiné la création d’emplois et a contribué à un taux d’activité en baisse. Selon le rapport, la faible productivité du secteur privé marocain constitue un obstacle majeur à la réalisation des ambitions du pays, notamment en matière de doublement du revenu par habitant d’ici 2035, tel que stipulé dans le Nouveau Modèle de Développement (NMD) de 2021.

Malgré les réformes et les efforts pour améliorer l’environnement des affaires, le secteur privé marocain reste dominé par des micros et petites entreprises. Les entreprises de moins de 10 salariés représentent 86% de l’emploi dans le pays, un chiffre bien supérieur à celui des pays membres de l’OCDE où ce pourcentage est de 35%. De plus, les entreprises marocaines, même matures, restent de taille modeste. Les données montrent que les entreprises en activité depuis plus de 10 ans emploient en moyenne seulement 26 personnes, soulignant un manque de croissance significative, même à long terme.

Un autre problème soulevé par le rapport est le taux de sortie officiel des entreprises, estimé à seulement 1,2%. Cependant, un taux beaucoup plus élevé de 7,3% représente des entreprises inactives, mais non dissoutes, ce qui prouve la difficulté pour les entrepreneurs de fermer leurs affaires de manière formelle. Cela pourrait être dû à des procédures de faillite et de liquidation inefficaces et coûteuses, dissuadant ainsi la dissolution formelle.

La faible productivité, un frein à l’émergence de grandes entreprises

Le rapport met également en avant la faible densité d’entreprises à forte croissance (EFC), souvent appelées «gazelles», un facteur limitant l’émergence de grandes entreprises et la création d’emplois au Maroc. Les entreprises marocaines plus anciennes et plus grandes ne sont pas suffisamment challengées par de nouveaux entrants dynamiques, ce qui limite l’innovation et la compétitivité du secteur privé.

En termes de productivité, les performances restent faibles dans le secteur formel. Le rapport révèle que la productivité du travail dans le secteur des entreprises marocaines est inférieure à celle de l’ensemble de l’économie. Cette situation peut s’expliquer en partie par la formalisation récente d’entreprises qui opéraient auparavant dans le secteur informel. Bien que cette formalisation soit un développement positif, ces entreprises ont souvent des niveaux de productivité inférieurs à ceux des entreprises formelles établies, ce qui a pour effet de réduire la productivité moyenne du secteur formel.

L’analyse révèle aussi que, malgré les efforts pour améliorer la productivité, les entreprises marocaines ne sont pas à l’abri d’une allocation inefficiente des facteurs de production. En effet, entre 2016 et 2019, les entreprises moins productives se sont développées plus rapidement que les entreprises plus productives, ce qui soulève des questions sur l’efficacité de l’allocation des ressources au sein de l’économie marocaine.

Le rapport souligne que le secteur industriel marocain est particulièrement touché par cette inefficience. Alors que la réallocation de la main-d’œuvre dans le secteur des services a contribué positivement à la croissance de la productivité, ce n’est pas le cas dans l’industrie où la baisse de la productivité s’explique par un manque de modernisation et une adoption insuffisante des nouvelles technologies.

L’entrepreneuriat vu par l’Observatoire marocain des très petites, petites et moyennes entreprises (OMTPME)

Quelques recommandations

Pour améliorer la productivité et favoriser la croissance du secteur privé, le rapport propose plusieurs recommandations stratégiques. Tout d’abord, il est essentiel de créer un environnement où les entreprises les plus productives peuvent prospérer, en garantissant un accès équitable aux ressources et en favorisant un environnement concurrentiel sain. Il est également recommandé d’examiner les incitations fiscales et autres politiques qui pourraient encourager les entreprises à rester petites, contribuant ainsi à un manque de croissance.

Autre recommandation clé : la facilitation de la sortie des entreprises inactives. Le taux élevé d’inactivité pourrait entraîner des inefficacités dans l’économie si ces entreprises ne sont pas dissoutes de manière formelle. Il est donc nécessaire d’améliorer les procédures de faillite et de liquidation pour permettre une fermeture plus rapide des entreprises non performantes.

Enfin, le rapport suggère que le Maroc devrait tirer parti du secteur des services pour stimuler la croissance de la productivité, en exploitant des technologies de pointe et une meilleure connectivité. Ce secteur semble moins affecté par des distorsions du marché et pourrait jouer un rôle clé dans la transformation de l’économie marocaine.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Adjudication du 24 décembre : souscription de BdT pour 100 MDH (DTFE)

Économie - Un montant de 100 millions de dirhams (MDH) a été alloué en réponse à une offre globale de 2,25 milliards de dirhams, lors de l'opération d'adjudication des bons du Trésor (BdT) tenue ce mardi.

Rédaction LeBrief - 25 décembre 2024

Le Maroc vise à atteindre 67% de routes en bon état d’ici 2027

Économie - Actuellement, 64% des routes marocaines sont en bon ou excellent état, l’objectif est d’atteindre un taux de 67% d’ici 2027.

Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024

Maîtrise des prix : une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat ?

Économie - L'inflation devrait descendre à 1% en 2024. Quand cette maîtrise de prix sera-t-elle positive pour le pouvoir d'achat ?

Sabrina El Faiz - 25 décembre 2024

Coupe du Monde 2030 : 35 villes en plein chantier

Économie - Le Maroc met les bouchées doubles pour accueillir la Coupe du Monde 2030, un événement qui promet de booster le développement à l’échelle nationale.

Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024

LF 2025 : le gain aux jeux de hasard désormais imposé

Économie - À partir du mois de juillet 2025, tout gain réalisé grâce aux jeux de hasard deviendra imposable dans le champ de l'impôt sur le revenu (IR).

Mouna Aghlal - 24 décembre 2024

Digital Now 2024 : une édition marquante pour un avenir numérique inclusif et transformateur

Économie - Le Congrès international "Digital Now" 2024, tenu à Casablanca sous l’initiative du Club des Dirigeants (CDD), a rassemblé plus de 5.000 participants

Rédaction LeBrief - 24 décembre 2024

Réforme des litiges commerciaux : le ministère de la Justice renforce l’arbitrage

Économie - Le ministère de la Justice a annoncé plusieurs mesures juridiques pour moderniser la gestion des litiges commerciaux.

Rédaction LeBrief - 24 décembre 2024

Tourisme : une année record et des ambitions pour 2025

Économie - Le Maroc a enregistré en 2024 une progression exceptionnelle en matière de tourisme, consolidant sa position parmi les destinations les plus attractives.

Ilyasse Rhamir - 24 décembre 2024
Voir plus

Port de Tarfaya : une extension de la halle aux poissons pour 5 millions de dirhams

Économie - Le port de Tarfaya a renforcé son infrastructure avec l’extension de la halle aux poissons comprenant un espace de vente.

Rédaction LeBrief - 19 novembre 2024

Régularisation volontaire de la situation fiscale : kesako ?

Économie - Quels risques y a-t-il à ne pas déclarer ses avoirs ? Sommes-nous des fraudeurs sans le savoir ? Mehdi El Fakir nous répond.

Sabrina El Faiz - 27 décembre 2024

Dessalement : le Maroc et les USA unissent leurs forces pour l’avenir de l’eau

Économie - Un atelier organisé par l’ONEE en partenariat avec l’Ambassade des États-Unis met en lumière les dernières avancées technologiques dans le domaine du dessalement.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague

Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

PLF 2025 : un budget citoyen pour tous

Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Agadir : entre tourisme et défis climatiques

Économie - Agadir est devenue en quelques années un havre de paix pour des milliers de retraités français. Cependant, cette douceur de vivre s’accompagne de défis environnementaux et sociaux, notamment la crise de l’eau.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire