Accueil / Société

Santé : le CESE dénonce l’état déplorable des urgences au Maroc

Temps de lecture

Ahmed Reda Chami © DR

La qualité de prise en charge des urgences médicales au Maroc demeure en deçà des normes internationales. Tel est le constat alarmant dressé ce mercredi à Rabat par Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Le responsable a ainsi souligné la nécessité de disposer d’une filière de prise en charge des urgences médicales délivrant des soins sûrs, en temps opportun, efficaces, efficients, équitables et centrés sur le patient.

Parmi les secteurs vitaux qui requièrent une réforme urgente et profonde, figure celui de la santé. Et pour cause, le secteur marocain de la santé pâtit de plusieurs dysfonctionnements et lacunes qui l’empêchent de répondre aux besoins des citoyens.

Selon le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, la qualité de prise en charge des urgences médicales demeure en deçà des besoins croissants et des normes internationales.

Lors d’un atelier de restitution, organisé mercredi 21 juin à Rabat par le CESE pour présenter les conclusions de son avis « Comment remédier à la situation préoccupante de la filière de prise en charge des urgences médicales au Maroc ? », Chami a indiqué que la qualité de prise en charge des urgences médicales ne répond pas aux standards internationaux. Ceci, en dépit des efforts consentis durant les vingt dernières années par les pouvoirs publics médicaux afin de remédier aux manques accumulés.

Insuffisance des moyens logistiques

Le président du CESE a pointé du doigt la faible coordination entre les services de protection civile, les centres hospitaliers universitaires (CHU), les collectivités, les cliniques privées et les structures hospitalières à but non lucratif.

Aussi, il a relevé le manque d’organisation des services d’aide médicale urgente (SAMU) qui restent méconnus, non ouverts au secteur hospitalier privé, indisponibles dans trois régions et qui souffrent de l’insuffisance des ressources humaines et moyens logistiques.

En outre, le responsable a déploré les carences des transports sanitaires dans les secteurs public et privé, ce qui peut aggraver parfois l’état des patients et des blessés. Et, de noter l’absence de normes obligatoires pour les deux secteurs concernant les installations, les équipements et les mécanismes de régulation des services d’urgence médicale.

Lire aussi : Inflation : le CESE appelle à réglementer le rôle des intermédiaires

Pénurie de ressources humaines médicales

Il existe une pénurie de ressources humaines médicales et paramédicales qualifiées et spécialisées, a poursuivi Chami. Il a fait savoir que plus de 20 ans après la création de la spécialité de médecine d’urgence, le Maroc ne compte que 29 médecins urgentistes.

À ce propos, il a relevé le dysfonctionnement dans l’organisation de l’opération de secours, le retard des ambulances (entre 40 et 195 min), souvent non équipées (oxygène, défibrillateur, transport de nourrisson, etc), et non accompagnées de personnel de santé qualifié.

À cela s’ajoutent l’encombrement dans les services d’urgence, le manque de personnel médical spécialisé et l’absence de services d’urgence dans certains établissements hospitaliers.

Lire aussi : Minerais stratégiques : le CESE plaide pour une exploitation responsable

Élaborer des cahiers de charges

Par ailleurs, le président du CESE a indiqué que les urgences médicales font partie intégrante du système de services de santé qui doivent être fournis aux bénéficiaires par les pouvoirs publics. En tant qu’incarnation de l’effectivité du droit à la vie et de sa préservation et du droit d’accès aux soins et traitements médicaux, les citoyens méritent un service de qualité.

Il s’agit de droits fondamentaux consacrés par la Constitution, non seulement parce qu’ils font partie des bases de la pleine citoyenneté, mais aussi parce que la santé constitue un pilier indispensable pour réaliser la promotion sociale et le progrès économique, a-t-il expliqué.

Ainsi, Chami a recommandé d’élaborer des cahiers de charges. Ils constitueraient un référentiel normatif opposable aux secteurs public et privé concernant les bâtiments, les équipements, le personnel et l’organisation des services hospitaliers d’urgence.

De plus, il a appelé à œuvrer en faveur d’un investissement optimal dans la technologie numérique pour l’organisation de la prise en charge des urgences médicales (téléconsultation, téléexpertise, etc).

Plus de 79.000 interactions

L’avis du CESE s’appuie sur les résultats de la consultation citoyenne lancée par le Conseil autour de ce sujet sur sa plateforme numérique participative (ouchariko.ma), a souligné Ahmed Reda Chami. Il a précisé que le nombre d’interactions a atteint 79.233, dont 621 réponses au questionnaire.

Près de 93% des participants ont déclaré avoir eu recours au système des urgences médicales et 12% ont dit que la prise en charge a été instantanée, a soutenu Chami. Il a ajouté que plus de la moitié des cas ont été pris en charge au bout d’une heure, tandis que 12% ont dû attendre quatre heures.

Enfin, parmi les recommandations émises par le CESE dans son avis, on trouve notamment l’incitation des dirigeants d’établissements de soins à s’inscrire dans une démarche d’accréditation par des organismes d’évaluation indépendants. Il est également mentionné la mise en place des mécanismes de suivi, de contrôle et d’évaluation de la qualité de prise en charge médicale dans tous les établissements publics ou privés ayant des services d’urgence, ainsi que le développement de filières d’urgences spécialisées au sein de chaque région.

Dernier articles
Les articles les plus lu

MRE, qui ne veut pas de vous ?

DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

L’école marocaine, un rêve empreint d’inégalité

Société - Malgré des avancées notables, le Maroc continue de faire face à des inégalités éducatives importantes.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Casablanca intègre le C40 des villes engagées pour les actions climatiques

Société - La commune de Casablanca a annoncé son adhésion au réseau mondial C40 des villes, regroupant près de 100 villes engagées dans des actions climatiques.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Alerte météo : chutes de neige samedi et dimanche

Société - Des chutes de neige sur les hauteurs dépassant les 1.800 m, sont prévues dans certaines provinces du Royaume.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?

Société - Un jeune Marocain sur deux, âgé de 15 à 24 ans, vivant en milieu urbain, est au chômage selon BAM. Le HCP révèle un taux de 13,6 % et 21,3 % d’après le RGPH.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Latifa Akharbach défend le droit universel à l’éducation numérique

Société - Latifa Akharbach, présidente de la HACA, a souligné que l’éducation à l’information et au numérique doit être considérée comme un droit universel.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Radars fixes : 270 millions gaspillés, une enquête en cours

Société - La BNPJ enquête sur les anomalies relevées par la Cour des comptes concernant le marché public de radars fixes.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Migration : un nouvel axe Maroc-UE en construction

Société - Le Maroc et l’Union européenne (UE) s’apprêtent à franchir une nouvelle étape dans leur collaboration stratégique sur le dossier migratoire.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024
Voir plus

Héritage, la succession qui déchire

Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.

Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024

Notes de route du Sahara

Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.

Rédaction LeBrief - 4 avril 2024

L’INDH : 18 ans après, quel bilan ?

Société - Lancé en 2005 par le roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain souffle aujourd’hui ses 18 bougies.

Hajar Toufik - 18 mai 2023

Nouvelles du Maroc

Société - À l'extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l'Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc est un carrefour d'influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions.

Rédaction LeBrief - 1 avril 2024

Le racisme expliqué à ma fille

Société - Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme.

Rédaction LeBrief - 22 mars 2024

Bidonvilles, pourquoi y en a-t-il encore ?

Dossier - Ces habitats se concentrent dans les périphéries ou au sein de bidonvilles, où les efforts de résorption peinent à suivre.

Sabrina El Faiz - 30 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire