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Salon du cheval d’El Jadida : immersion dans l’univers de la Tbourida

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Une scène de Tbourida © DR

La Tbourida, ou fantasia, est un spectacle équestre emblématique du Maroc. Inscrit depuis 2021 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, ce savoir-faire spécifiquement marocain draine les passions. Et à l’occasion de la 15ᵉ édition du Salon du cheval d’El Jadida, la Tbourida est l’une des attractions principales. Retour sur son histoire.

Connue sous le nom de «fantasia», la Tbourida est bien plus qu’un simple spectacle équestre. C’est un héritage culturel du Maroc, enraciné dans des siècles de traditions guerrières et de rites communautaires. Pour mieux la comprendre, il faut remonter au XVIe siècle. À l’origine, ce sont les guerriers des tribus marocaines qui se battaient pour protéger leurs familles et leurs terres.

Aujourd’hui, les conflits armés de cette nature n’existent plus, car la manière de faire la guerre a évolué. Cependant, le courage et la bravoure de ces guerriers demeurent dans la mémoire collective des Marocains. C’est dans ce sens que pour leur rendre hommage et protéger cet héritage centenaire, des compétitions sont organisées. Et, à l’occasion de la 15ᵉ édition du Salon du cheval d’El Jadida, la Tbourida est l’une des attractions principales.

Le stand artisanat du Maroc, où sont exposés les accessoires des cavaliers de la Tbourida, était bondé de monde. Dans cet univers d’une autre époque où le temps semble figé, on aperçoit une vieille dame assise sur un coussin en train de tisser un turban. À sa gauche, un vieil homme habillé d’une djellaba se prenait en photo avec tous les visiteurs. Cet homme est un artisan qui fabrique la selle des cavaliers de la Tbourida.

                      Lire aussi : Salon d’El Jadida : le cheval plus qu’une passion

À côté de lui, sont exposés des fusils à canon que l’on utilise dans les prestations. Ces armes, ornées de motifs élaborés, symbolisent la bravoure et l’héritage des guerriers d’autrefois. Ceci traduit la beauté de la Tbourida qui réside dans cette fusion d’artisanat et de tradition où chaque élément a une signification profonde. Il faut préciser que ces fusils pèsent entre 4 kg et 4,5 kg pour la catégorie masculine. Les femmes s’arment, pour leur part, de fusils pesant 3kg. Les prix des fusils sont à partir de 4.000 DH, mais peuvent grimper en fonction des motifs utilisés, soit en argent ou en or. Si la Tbourida est aussi pratiquée par des femmes, cela fait deux éditions qu’elles n’ont pas participé au Salon.

Tout à coup, on entend des coups de fusils qui retentissent. C’est le signe annonciateur du début de la compétition de la Tbourida. Une fois dans les gradins, on constate une ambiance bon enfant, où toutes les générations se retrouvent et chacun essaie de donner de la voix pour son équipe favorite.

Un patrimoine cher à la culture marocaine

Selon Mohammed Barkaoui, membre de l’Association nationale des arts équestres Tbourida, le spectacle se compose de cavaliers appelés «bardia». Ceux-ci montent des chevaux spécialement dressés pour l’occasion, revêtus d’accoutrements traditionnels. «Ces cavaliers, avec leurs costumes ornés et leurs équipements, incarnent l’esprit de la culture marocaine tout en honorant leurs ancêtres», nous explique le responsable.

«Les chevaux utilisés dans la Tbourida sont principalement des arabes-barbes, connus pour leur robustesse et leur agilité. Ces races sont le fruit d’un croisement historique entre les chevaux berbères et les pur-sang arabes. Les cavaliers sélectionnent soigneusement leurs montures, car la performance dépend autant de la maîtrise équestre que de la qualité des chevaux», précise-t-il.

L’organisation du spectacle est également cruciale. «À la tête de chaque équipe se trouve le «moqqadam». D’habitude, c’est un chef de tribu, un leader est chargé de coordonner les mouvements des cavaliers. Il se positionne stratégiquement au milieu du groupe composé de 15 personnes pour l’occasion, mais leur moyen peut varier en fonction des régions», explique Mohammed Barkaoui, tout en ajoutant que la couleur de turban indique l’appartenance de la région.

   Lire aussi : Salon du cheval : signature de deux conventions sur la digitalisation de l’agriculture et la promotion de l’art équestre

Le chef donne des signaux précis pour déclencher les actions, comme le tir des fusils qui ajoutent une dimension spectaculaire à la performance. Les cavaliers s’alignent, tirent ensemble, créant une synchronisation parfaite qui impressionne les spectateurs. Les coups de feu sont souvent accompagnés d’applaudissements.

Avec le temps, la Tbourida a évolué, cherchant à allier tradition et modernité. Les organisateurs travaillent à promouvoir cet art équestre dans des contextes sécurisés et adaptés, garantissant que le public puisse apprécier le spectacle dans un cadre agréable. Les événements récents ont vu l’émergence d’installations modernes, avec des zones dédiées aux spectateurs et des surfaces protégées pour les chevaux, assurant la sécurité de tous.

La préservation de l’originalité de la Tbourida est primordiale. Les associations culturelles s’engagent à sensibiliser le public et à promouvoir cet héritage dans un contexte contemporain. L’objectif est de continuer à célébrer la richesse de la Tbourida tout en respectant les valeurs et les pratiques ancestrales.

 

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