Dirham. DR
Selon une étude récente de Ceoworld, le Maroc serait bien placé dans le classement des salaires moyens. Il serait premier africain, 6ème pays arabe, et même 48ème mondial. Avec un salaire brut moyen avoisinant les 1.657 dollars en 2024, le classement est-il en phase avec la réalité?
Dans le panorama des revenus dans le monde arabe, les Émirats Arabes Unis dominent le classement en occupant la 18ème position mondiale avec un revenu mensuel moyen de 3.663 dollars, suivi du Qatar à la 22ème place avec 3.168 dollars. D’autres pays arabes notables incluent l’Arabie Saoudite (36ème, 1.888 dollars), le Koweït (38ème avec 1.854 dollars), Bahreïn (45ème pour 1.728 dollars), Oman en 50ème position avec un salaire moyen de 1.626 dollars et le Liban (74ème, 837 dollars).
Les pays affichant les salaires moyens les plus élevés sont la Suisse avec un salaire moyen de 8.111 dollars, le Luxembourg (6.633 dollars), les États-Unis (6.455 dollars), l’Islande à hauteur de 6.441 dollars, et la Norvège (5. 665 dollars).
À l’autre extrémité de l’échelle, des nations comme le Lesotho, l’Angola et le Malawi se retrouvent avec des salaires mensuels moyens extrêmement bas (de 24 à 31 dollars). Essaid Bellal, fondateur du cabinet DIORH, nous éclaire sur ce classement salarial et sur la place du Maroc.
LeBrief : Au Maroc on a des gens qui sont très bien payés par rapport à la majorité, cela pourrait-il fausser les résultats ?
Essaid Bellal : Il y a deux éléments qui font que le Maroc est classé de cette manière. Le classement n’est pas faux, mais lorsqu’on rentre dans les détails, il y a des nuances. Le premier élément : c’est vrai que les cadres marocains à responsabilité égale et chiffre d’affaires égal, sont aussi bien payés que l’Europe du Sud, le Portugal, l’Espagne… Après, nous avons aussi un SMIG qui est relativement bon. Il doit être troisième ou quatrième africain au maximum. Et c’est entre les deux qu’il y a un problème, là où les salaires ne sont pas compétitifs. Ce sont les cadres moyens, les techniciens… Certains d’entre eux sortent du lot, ceux qui arrivent à travailler dans les multinationales, notamment. Et les autres sont, disons, en dessous de ce qu’ils devraient avoir normalement. Certaines technicités au Maroc n’ont pas beaucoup de valeur, d’un point de vue marché, même si elles méritent mieux que ce qu’elles gagnent.
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LeBrief : Quels sont les écarts entre les secteurs, y’a-t-il une sorte de cohérence ?
Essaid Bellal : Il n’y a pas beaucoup de différences, l’écart n’est pas énorme entre les secteurs, quoiqu’il y ait bien sûr certains secteurs qui paient mieux que d’autres. Les entreprises organisées, cotées en bourse, les multinationales… payent mieux que les autres.
LeBrief : Quels sont les secteurs qui payent le mieux au Maroc ?
Essaid Bellal : Il faut prendre en considération les secteurs et le type d’entreprise. Les secteurs porteurs, comme tout ce qui est pharmaceutique, la santé en général, les fonctions financières, marketing, commercial, ainsi que les ressources humaines sont des fonctions qui payent bien, mieux que la production par exemple.
LeBrief : Le fossé public/privé est toujours très présent…
Essaid Bellal : Oui, il y a une différence entre privé et public au Maroc, mais il y a des avantages au niveau du public, qui peuvent séduire, comme la garantie de l’emploi presque à vie. Toutefois, ils ne sont pas compétitifs en termes de salaire.
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LeBrief : Le Maroc est-il compétitif ?
Essaid Bellal : Aujourd’hui, s’il y a quelque chose de réellement mondialisé, ce sont d’abord les compétences. Si on veut rester compétitif et surtout attirer aussi nos compatriotes, une fois qu’ils ont fait de bonnes études, il faut savoir les attirer par ça, par le salaire, par des avantages, par la rémunération… Mais nous devons aussi être compétitifs sur le reste. Si nous ne sommes pas compétitifs sur le reste, ça va être difficile pour les entreprises de s’en sortir, notamment en termes de productivité, nous n’avons pas une excellente productivité. Par exemple, au Maroc, nous ne sommes pas bien classés, et c’est aussi dû à un manque d’encadrement et de formation en entreprise. Les compétences deviennent obsolètes assez rapidement. Il en va de même pour les soft skills qui sont importants.
LeBrief : Au Maroc, avons-nous des métiers émergents qui offrent des salaires beaucoup plus compétitifs qu’à l’étranger ?
Essaid Bellal : Il y a des salaires qui sont compétitifs, ce sont les salaires de cadres dirigeants. Concernant les métiers émergents, oui dans les systèmes d’information. C’est une compétition mondiale aussi à ce niveau-là. Pour garder les salariés de ce type de secteur, il faut leur offrir un salaire compétitif.
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