L’été au Maroc est marqué par une ruée des familles vers les plages, à la recherche de fraîcheur et de détente face à la hausse des températures. Des villes côtières comme Oued Laou, Martil, Mehdia, Bouznika, Sidi Rahal, El Jadida, Oualidia ou plus au sud Mirleft voient leur population se multiplier par trois pendant la saison estivale. Si le Maroc compte 3.500 km de côtes entre la Méditerranée et l’Atlantique, il n’en demeure pas moins que les plages contrôlées sont bondées et offrent peu de commodités aux estivants. De l’autre côté, les plages sauvages non contrôlées présentent des risques de sécurité pour ceux qui s’y aventurent.

Les plages marocaines sont actuellement prises d’assaut par de nombreuses familles à la recherche d’une fraîcheur marine pendant cette période de canicule. Des dizaines de citoyens accompagnés de leurs enfants, de leurs proches, de leurs voisins et de leurs amis se rendent sur les plages en Méditerranée ou sur l’Océan Atlantique pour profiter des vacances, ou au moins du week-end. Ces plages sont extrêmement fréquentées et ne désemplissent pas.

La question de la propreté sur les plages marocaines attire généralement l’attention du public. En revanche, peu d’attention est accordée aux plages qui ont été recalées, mais qui restent très populaires. En plus de la propreté, le confort est une notion primordiale pour les plaisanciers et les estivants. Combien de plages au Maroc disposent de toilettes, de douches et d’accès adaptés aux besoins spécifiques des visiteurs ? Le stationnement sur les plages pose également problème, avec la présence des gilets jaunes qui se sont autoproclamés maîtres des parkings balnéaires. Récemment, la toile s’est également soulevée contre les loueurs de parasols qui font la loi ici et là tout au long du littoral marocain.

Des toilettes installées en 2021 en front de mer à Agadir © DR

Améliorer l’expérience des estivants

Le manque flagrant de confort et d’aménagements sur la grande majorité des plages marocaines est une réalité. Ces lieux, qui devraient être conviviaux pour les familles, sont également le théâtre de comportements inciviques tels que la présence de déchets, les nuisances sonores, les matchs de football et l’utilisation abusive des parasols. Une simple traversée du détroit de Gibraltar permet de constater l’écart entre les plages marocaines et celles de nos voisins espagnols.

Les Espagnols ont pleinement saisi l’importance des zones côtières comme véritable richesse et attrait touristique. Ils ont réussi à transformer ces endroits en espaces de vie intégrés, offrant des installations sanitaires, sportives et des «chiringuitos» abordables où les visiteurs peuvent se rafraîchir et se restaurer. Le Maroc, avec ses 3.500 km de littoral répartis sur deux façades maritimes, devrait capitaliser sur cette richesse pour devenir une véritable destination touristique estivale.

En plus d’améliorer l’expérience des estivants, l’aménagement des plages marocaines pourrait générer des emplois et des ressources considérables pour les collectivités locales. Cependant, cela nécessite un entretien adéquat des plages et une rupture avec l’informel qui les entoure. La responsabilité de l’État, en collaboration avec les collectivités locales, est clairement engagée, tout comme celle des citoyens qui doivent également s’impliquer par le biais de leurs représentants élus.

Dans le cadre de la saison estivale actuelle, de nombreuses associations environnementales et de défense des droits humains ont lancé un appel en faveur de l’installation de toilettes publiques sur les plages marocaines. Cette demande de la société civile, très active dans le nettoyage des plages, vise à offrir des installations sanitaires aux citoyens et à préserver les lieux, en garantissant notamment la qualité des eaux de baignade.



Côté institutionnel, la quatrième édition de l’initiative #b7arblaplastic, organisée pendant la période estivale 2023 et se prolongeant jusqu’au 15 septembre, a été mise en place par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, sous la présidence de la princesse Lalla Hasnaa. Une opération qui fait suite aux différentes campagnes de la Fondation dont la célèbre “Boundif” initiée dans les années 2000.

Le label Pavillon Bleu : un gage de qualité à améliorer

Le label Pavillon Bleu est depuis plusieurs décennies une reconnaissance de qualité pour certaines plages marocaines, mais il reste encore du chemin à parcourir pour rivaliser avec les stations balnéaires européennes. Chaque année, près d’une trentaine de plages marocaines reçoivent le label Pavillon Bleu, une distinction qui atteste de leur qualité et de leur engagement envers l’environnement. Cette récompense, initiée par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement en 2002, est établie sur des critères stricts évaluant les littoraux. Cette démarche a renforcé la réputation du Maroc comme destination touristique durable, attirant les voyageurs soucieux de l’environnement. Cependant, comparées aux plages des grands pays touristiques comme l’Espagne et la France, la plupart de nos plages manquent d’infrastructures et d’équipements. Il est donc légitime de s’interroger sur la situation des plages non labellisées, puisque sur les 193 plages examinées, seules 27 ont obtenu le Pavillon Bleu.

Source : Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement

Il est temps de viser un niveau de qualité supérieur pour nos plages. Actuellement, le label Pavillon Bleu met principalement l’accent sur les critères environnementaux tels que la qualité de l’eau et la propreté. Cependant, pour atteindre un niveau supérieur, il faudrait accorder une plus grande importance aux aménagements tels que les toilettes, les parkings, les douches et les accès pour les personnes à mobilité réduite.

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Des spots à éviter

Selon le rapport annuel du ministère de la Transition énergétique et du développement durable, 49 stations balnéaires réparties sur 27 plages du Royaume ont été considérées comme impropres à la baignade. Le rapport souligne que le taux de conformité des eaux de baignade des plages marocaines aux normes de qualité microbiologique est de 88,05%, un chiffre resté stable depuis 2018. Cela signifie que près de neuf plages sur dix ne présentent aucun risque pour les baigneurs. Sur un total de 361 stations analysées, la qualité microbiologique des eaux a été jugée conforme aux exigences de la norme marocaine. Cependant, 49 stations, soit 11,95%, ont été déclarées non conformes pour la baignade en 2023. Ces plages sont affectées par des rejets d’eaux usées et/ou une forte concentration de baigneurs, combinés à des infrastructures d’hygiène insuffisantes et aux changements climatiques. Les apports d’eaux pluviales, parfois polluées, qui se déversent directement sur les plages par le biais des cours d’eau, contribuent également à cette situation.

Source : Ministère de la Transition énergétique et du Développement durable

 

En ce qui concerne la qualité du sable, une surveillance a été effectuée sur 61 plages, dont 38 sur la façade atlantique et 23 sur les côtes méditerranéennes. Des analyses chimiques et mycologiques ont été réalisées sur le sable, ainsi qu’une classification des déchets marins. Il ressort de ces études que 70 à 80% des déchets trouvés sur les plages proviennent de la terre. Globalement, le plastique et le polystyrène représentent 92% des déchets collectés sur les plages. Les mégots de cigarettes, les bouchons en plastique et les emballages de snacks sont les sous-catégories les plus présentes, représentant à elles seules 60% de tous les déchets collectés.

Les menaces de la mer

Les plages du nord du Maroc sont envahies par des méduses, ce qui perturbe les vacanciers et limite leurs activités aquatiques. Celles de Martil, Cabo Negro et M’diq sont particulièrement touchées, même si l’Institut national de recherche halieutique (INRH) affirme que les méduses ne semblent pas être un problème cette année. L’INRH surveille attentivement la présence de méduses dans les eaux marocaines, notamment pendant la période estivale, et jusqu’à présent, aucun accident majeur n’a été signalé. Il est important de noter que les méduses sont des animaux urticants avec des tentacules recouverts de filaments venimeux. Le contact avec la peau peut provoquer une réaction inflammatoire, entraînant une sensation de brûlure intense, des picotements, des douleurs et des démangeaisons. Bien que les piqûres de méduses soient douloureuses, elles sont généralement sans gravité.

Un maître-nageur montrant une méduse sur une plage du nord du Maroc pendant l’été 2021 © DR

Mais, il n’y a pas que ça. La présence de requins sur les côtes marocaines suscite des inquiétudes parmi les vacanciers, en raison des récentes apparitions de ces prédateurs sur les côtes européennes de la Méditerranée. Toutefois, l’INRH est monté au créneau encore une fois pour apaiser les estivants. Selon l’institut, le risque d’attaque de requin sur les côtes marocaines est extrêmement faible. Il souligne que les eaux marocaines abritent environ 40 espèces de requins, dont la plupart ne représentent aucun danger pour l’Homme. Malgré leur taille imposante, ces requins sont totalement inoffensifs et se nourrissent principalement d’algues et de plancton.

Plages sauvages : à vos risques et périls

Le Maroc dispose d’une dizaine de plages dites sauvages ou vierges et méconnues du grand public. De nombreux estivants succombent à la tentation de se rendre sur ces plages pour échapper aux foules. Cependant, ces baignades en dehors des zones surveillées comportent des risques importants. La Protection civile le rappelle souvent. Elle assure que, contrairement aux plages contrôlées, l’absence de maîtres-nageurs constitue un grand danger pour les baigneurs puisqu’il n’y a aucune délimitation de la zone de baignade et une ignorance totale des courants marins. Même lorsque la profondeur est moindre et que l’eau n’atteint que les mollets, le courant peut être suffisamment fort pour faire chuter et emporter les imprudents, avec un danger accru pour les enfants. Chaque été, des vies sont malheureusement perdues au Maroc à cause de noyades dans des plages non contrôlées. Il est donc préférable de privilégier la baignade sur les plages contrôlées où la sécurité est assurée.

On ne peut parler des plages marocaines sans évoquer celles dites “privées” en violation totale de la loi. Et puis il y a des plages fréquentées par les salafistes qui prônent la séparation des sexes et les baignades décentes. On y reviendra dans nos prochains dossiers.

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