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Sahara : partition ou impasse ?

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Face à la stagnation des négociations autour du Sahara, l’envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura, a récemment évoqué une proposition controversée : la partition du territoire. Entre soutien international croissant au Maroc et blocages persistants, cette nouvelle idée suscite débats et interrogations. Comment réagit le Royaume à cette éventualité ? Quels enjeux pour l’avenir du conflit ? Éclairage avec Driss Aissaoui, politologue.

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Récemment, Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara, a évoqué l’idée d’une partition du territoire dans l’espoir de résoudre ce conflit qui dure depuis près de cinquante ans. Cette proposition, qui n’a trouvé écho ni du côté du Maroc ni du Front Polisario, semble toutefois marquer un tournant dans les discussions. Alors que le Royaume maintient sa position sur l’autonomie sous souveraineté marocaine, la suggestion de de Mistura semble susciter davantage d’incertitudes que d’avancées concrètes.

Pour éclairer cette situation complexe, nous avons interrogé Driss Aissaoui, politologue.

Quel est votre avis sur la proposition de partition du Sahara marocain évoquée par Staffan de Mistura ?

“Le diplomate italo-suedois, représentant personnel du secrétaire général des Nations unies, a évoqué la possibilité d’une partition des provinces sahariennes. Cependant, cette idée n’est pas nouvelle. Elle remonte à l’époque de feu Abdelaziz Bouteflika où l’on avait déjà envisagé cette possibilité. Le Maroc avait systématiquement refusé cette proposition à l’époque, tout comme le Front Polisario. Aujourd’hui, cette suggestion ne semble guère plus pertinente d’autant que le Maroc ne tolérera jamais une division de son territoire.

De plus, les commentaires qui ont suivi cette annonce ont souligné les échecs répétés de Staffan de Mistura dans ses missions précédentes. Il est probable que son avenir en tant qu’envoyé spécial soit remis en question dans les prochains mois. Le Royaume, quant à lui, ne se laisse pas dicter sa conduite par des propositions extérieures comme l’a rappelé Sa Majesté le Roi lors de son dernier discours au Parlement. Le Maroc est fermement ancré dans ses positions et a déjà entrepris de nombreux projets de développement dans ses provinces sahariennes qui renforcent sa souveraineté.”

Quel impact pensez-vous que le soutien de pays comme les États-Unis, l’Espagne et la France à la souveraineté marocaine sur le Sahara a sur les négociations ?

“Le soutien des États-Unis, de l’Espagne et plus récemment de la France à la marocanité du Sahara a un impact majeur sur la dynamique des négociations. Ces pays ont apporté un soutien clair et précieux au Maroc et cette reconnaissance internationale renforce sa position sur la scène diplomatique. Le soutien de la France en particulier, officialisé en juillet, est un atout supplémentaire pour le Royaume.

Lire aussi : Le Maroc renforce sa diplomatie autour du Sahara

Le Maroc utilisera sans doute ces alliances stratégiques pour influencer les futures négociations, surtout si l’Algérie cesse de jouer le rôle de fauteur de troubles. L’objectif ultime reste de parvenir à une solution politique acceptée par toutes les parties impliquées, y compris l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie. En parallèle, le Maroc continue de développer des projets régionaux importants, notamment à Dakhla ou encore le gazoduc Nigeria-Maroc qui ont un potentiel immense pour la région.”

Comment la communauté internationale pourrait-elle intervenir pour débloquer la situation ?

“La communauté internationale détient une clé essentielle pour résoudre ce conflit. D’un côté, nous avons le Maroc qui exerce déjà une souveraineté de fait sur ses provinces sahariennes et de l’autre, le Polisario, soutenu par l’Algérie. Cela fait 50 ans que cette situation dure et il est temps pour l’Algérie de prendre une position claire. Le Maroc, quant à lui, a toujours formulé des propositions constructives pour une solution politique.

Si l’Algérie acceptait d’ouvrir des discussions sincères, il serait possible de débloquer la situation. Les solutions présentées par le Maroc sont viables et permettent de stabiliser la région aussi bien sur le plan économique que sécuritaire. Une telle avancée mettrait également fin à une impasse qui a trop duré et permettrait à la région d’enfin se concentrer sur son développement.”

Comment évaluez-vous le rôle de la MINURSO dans la surveillance du cessez-le-feu ?

“Le rôle de la MINURSO, bien qu’essentiel pour la surveillance du cessez-le-feu, a parfois été détourné de sa mission première. Pendant un temps, elle ne se limitait plus à la surveillance, mais intervenait parfois de manière inappropriée. Cependant, il semble que cette tendance soit en train de s’inverser et la mission onusienne pourrait de nouveau jouer son rôle de garant de la stabilité dans la région.

Lire aussi : Sahara : soutien renouvelé du Qatar au plan marocain

La reconduction de son mandat fin octobre 2024 par le Conseil de sécurité des Nations Unies consolidera la position marocaine. Le Maroc n’a aucun problème à ce que cette mission continue son travail de surveillance tant que cela respecte les intérêts du Royaume et favorise une solution durable.”

En conclusion, la proposition de partition du Sahara par Staffan de Mistura semble vouée à l’échec. Le Maroc maintient fermement sa position en faveur d’une autonomie sous souveraineté marocaine et soutenue par des puissances internationales. Les perspectives d’une solution politique semblent plus que jamais dépendre d’une coopération sincère entre les parties prenantes.

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