Accueil / Politique

Sahara : n’est-il pas temps de déclarer le polisario un « groupe terroriste » ?

Temps de lecture

Nabil Adel, enseignant-chercheur en géopolitique © DR

Récemment, le numéro 2 du polisario, Mohamed Luali Akeik, a annoncé que le groupe séparatiste envisage d’attaquer Dakhla et Laâyoune. Une menace qui est loin d’être anodine, surtout qu’elle concerne deux villes qui comptent 25 représentations diplomatiques. Après cette sortie, l’on se demande s’il n’est pas temps pour le Maroc de déclarer le polisario comme une organisation terroriste. Le point avec Nabil Adel, enseignant-chercheur en géopolitique.

LeBrief : Quelle est l’ampleur des dernières menaces du polisario ciblant spécifiquement Laâyoune et Dakhla ?

Nabil Adel : Ce qui se passe aujourd’hui dans cette région du monde est institué aussi bien sur le plan historique que géopolitique.

Sur le plan historique, le Maroc a, depuis deux ans, depuis le conflit de Guerguarate, enregistré une série de victoires décisives dans le dossier du Sahara. Des réussites qui vont à l’encontre des ambitions de l’Algérie de créer une pseudo république sahraouie. Quand on sait qu’Alger a dépensé quelque 500 milliards de dollars dans ce conflit, pour scinder le Maroc en deux et se frayer un chemin vers l’Océan atlantique, on comprend l’ampleur de sa frustration de voir ses projets tomber à l’eau.

Une frustration qui a été attisée par la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, l’ouverture de plusieurs consulats dans les provinces du Sud et la reconnaissance de plusieurs pays de la crédibilité de l’initiative d’autonomie proposée par le Royaume. Donc, après ces réalisations, il est clair que cette question est en train d’être scellée.

Compte tenu de la consolidation de la position du Maroc à ce sujet, et l’imminence de la clôture de ce dossier, la seule solution qui se profile devant le polisario est le recours au terrorisme. C’est d’ailleurs pour cette raison que le chef de la diplomatie, Nasser Bourita, a mis en garde, lors de la réunion de la Coalition anti-Daech à Marrakech, contre les risques d’alternance entre le séparatisme et le terrorisme.

Beaucoup d’études et de revues scientifiques ont démontré la proximité entre les mouvements terroristes et séparatistes. C’est le cas des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE), entre autres. Ces fronts ont tous commencé par des ambitions séparatistes, mais faute d’atteindre leurs objectifs, ils se sont transformés en groupes terroristes.

Sur le plan géopolitique, nous assistons aujourd’hui à l’apparition de plusieurs foyers de tensions, dont la guerre en Ukraine. L’un de ces foyers se trouve justement dans la région des provinces du Sud du Maroc. Profitant de l’instabilité politique actuelle, l’Algérie pourrait être tentée de lancer une action « aventurière » contre le Maroc via le polisario.

Lire aussi : Sahara : quelles perspectives 6 mois après la reconnaissance américaine ?

LeBrief : Pourquoi le choix de Laâyoune et Dakhla comme cibles ?

Nabil Adel : Ce sont d’abord des villes qui comptent plusieurs représentations diplomatiques, mais qui connaissent surtout un important développement économique. Les États-Unis ont d’ailleurs annoncé un ambitieux programme d’investissement dans la région. De plus, ces provinces attirent de plus en plus de capitaux étrangers et de financements et projets de pays européens.

Et c’est exactement ce que le polisario cherche à viser. De par ces menaces, le front veut faire fuir les investisseurs. Il vise à détruire tout ce que le Maroc a pu ériger dans cette région depuis des décennies, comme constructions et structures.

En menaçant Dakhla et Laâyoune, le front séparatiste déclare ouvertement que s’il n’obtient pas ce qu’il veut, il va semer la terreur dans la région.

Lire aussi : Guerguarate : le Polisario et ses alliés refusent de lâcher l’affaire

LeBrief : Pourquoi le Maroc n’a-t-il pas encore inscrit le polisario en tant qu’organisation terroriste ?

Nabil Adel : Je n’en ai aucune idée ! Honnêtement, je ne sais pas ce qu’on attend pour le faire. Peut-être que le gouvernement dispose d’informations à ce sujet qu’il n’a pas encore dévoilées. Mais aujourd’hui, nous sommes en train de lancer un collectif, qui comprend des personnalités des médias, des intellectuels, des influenceurs et des gens de la société civile, pour documenter les différentes menaces à peine voilées proférées par le polisario.

Il faut que le Maroc entreprenne sérieusement des actions d’inscription de ce groupe en tant que mouvement terroriste. D’autant plus que les éléments requis pour construire ce dossier sont désormais disponibles. Il s’agit d’un groupe qui menace ouvertement d’attaques deux villes, qui comptent un grand nombre de civils ; qui revendique quelque 300 à 500 attentats contre des cibles marocaines ; qui exploite et force des mineurs à rejoindre ses rangs et à apprendre à utiliser des armes (notamment dans les camps de Tindouf) ; qui déclare obsolète l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 avec le Maroc ; et qui a des liens avec d’autres mouvements terroristes.

Je pense que le moment est venu de monter ce dossier et de le déposer auprès des instances concernées, pour éviter et prévenir du risque d’une quelconque attaque terroriste du polisario. Il vaut mieux prévenir que guérir.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Maroc-Pays du Golfe : Bourita s’entretient avec le secrétaire général du CCG

Politique - Nasser Bourita, a rencontré jeudi à Rabat Jassim Mohammed Al Budaiwi, secrétaire général du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG)

Rédaction LeBrief - 12 décembre 2024

Inauguration à Niamey de la Centrale électrique «Sa Majesté le Roi Mohammed VI»

Politique - Cette centrale est dotée d’équipements de dernière génération avec une capacité de production électrique de 22,5 MVA (20 MW).

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Réunion du Conseil de gouvernement : réformes, accords et nominations

Politique - Ce jeudi 12 décembre 2024, le Conseil de gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch, a adopté une série de mesures stratégiques.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Comment le gouvernement lutte contre le chômage ?

Politique - Lors d'une réunion à Rabat, le gouvernement a annoncé des mesures ciblées pour lutter contre le chômage et promouvoir l’inclusion économique.

Farah Nadifi - 12 décembre 2024

Aziz Akhannouch rencontre la présidente de l’Assemblée nationale française

Politique - Aziz Akhannouch a reçu, ce jeudi à Rabat, la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Maroc-France : renforcement de la coopération parlementaire

Politique - La coopération parlementaire entre le Maroc et la France a été au cœur des discussions tenues entre Ould Errachid et Larcher.

Rédaction LeBrief - 12 décembre 2024

Maroc-France : un pacte pour une coopération parlementaire renforcée

Politique - Rachid Talbi Alami, et Yaël Braun-Pivet, ont signé mercredi à Rabat un protocole de coopération parlementaire.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Casablanca au cœur des Assises de la régionalisation

Politique - Une rencontre de concertation régionale s’est tenue mercredi à Casablanca, en prévision des 2èmes Assises nationales de la régionalisation avancée.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024
Voir plus

Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

Eau et électricité : quatre régions gérées par les SRM

Politique - Les dates d’entrée en vigueur des contrats de gestion conclus avec les Sociétés régionales multiservices (SRM) sont désormais connues.

Rédaction LeBrief - 3 septembre 2024

Soutien public à la presse : un décret qui divise

Politique - Six organisations éditrices représentant plus de 800 entreprises médiatiques ont exprimé leur désaccord face au décret fixant les plafonds de soutien aux secteurs de la presse.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Maroc-France : renforcement de la coopération migratoire par une réunion inédite

Politique - En marge du séminaire biannuel des consuls généraux organisé par l’Ambassade du Maroc en France, une réunion inédite a eu lieu le 29 novembre 2024 à la Chancellerie, réunissant de hauts responsables des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères des deux pays.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Réunion sur la politique actionnariale de l’État, présidée par Aziz Akhannouch

Politique - Jeudi, le chef du gouvernement a présidé une réunion de l'Instance de concertation sur la politique actionnariale de l'État.

Hajar Toufik - 20 septembre 2024

Au-delà de la langue, le Royaume s’éloigne du français

Politique - Les administrations, ainsi que les établissements publics, sont tenus d’utiliser les langues officielles de la Nation.

Atika Ratim - 5 juillet 2023

Italie : inauguration du consulat honoraire du Maroc en Calabre

Politique - La ville italienne de Gioia Tauro a accueilli l’inauguration des nouveaux locaux du consulat honoraire du Maroc pour la région de Calabre.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire