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Sahara : clé du dégel entre Rabat et Paris

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Faut-il voir dans la position de la France lors de l’examen de la question du Sahara par le Conseil de sécurité, des signes d’apaisement dans les relations tendues entre l’Hexagone et le Royaume ? L’appui au plan marocain d’autonomie, qualifié d’historique par le représentant de Paris aux Nations unis, a été perçu par les observateurs comme un premier pas vers la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Détails.

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Lundi, lors de la délibération sur la résolution 2703 devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la France a réitéré son soutien inébranlable au plan d’autonomie marocain. Un soutien qualifié d’historique, clair et constant par l’ambassadeur de la France auprès des Nations Unies, Nicolas de Rivière. Ce dernier a souligné la nécessité de faire progresser ce plan, en rappelant son existence depuis 2007. Les propos du diplomate français ont été largement relayés par l’agence officielle MAP. Cette résolution, qui prolonge le mandat de la MINURSO d’une année, confirme une fois de plus la prédominance de l’initiative marocaine d’autonomie pour résoudre le conflit régional lié au Sahara.

Lire aussi : Résolution de l’ONU sur le Sahara : le triomphe de l’initiative marocaine

Paris change de ton

Alors que les observateurs appréhendaient une position négative de la France lors de l’examen de la question du Sahara, la France a voté favorablement pour la résolution rédigée par les États-Unis. Nicolas de Rivière s’est même félicité de l’adoption de la résolution renouvelant le mandat de la MINURSO et a affirmé le plein appui de la France aux efforts du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU visant à relancer les négociations. Le diplomate français a également encouragé toutes les parties impliquées à s’engager dans la recherche d’une solution pragmatique, réaliste, durable et fondée sur le compromis. Il a reconnu le rôle crucial joué par la MINURSO dans la stabilité de la région et la création d’un environnement propice à la reprise des pourparlers politiques.

Tout en saluant le travail de la MINURSO, de Rivière a exprimé les inquiétudes de la France concernant les violations du cessez-le-feu. Il a adressé un message clair aux milices du Polisario, dont les actes de violation et d’entrave ont été mentionnés dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, en les appelant à respecter pleinement l’accord de cessez-le-feu afin de faciliter la poursuite du processus politique.

Une détente à l’horizon ?

Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu entre la France et le Maroc, marqué par une crise bilatérale sans précédent et des attentes persistantes concernant la reconnaissance de la marocanité du Sahara par la France. Il est vrai que la France avait déjà soutenu par le passé le plan marocain d’autonomie, mais tout en restant ambiguë sur sa position. Dans son discours le 20 août 2022, le roi Mohammed VI a associé le Sahara à un «prisme» par lequel le Royaume évaluera dorénavant son environnement international. Pour le Maroc, la période des précautions diplomatiques est révolue, et il est temps de distinguer les véritables alliés des faux. Dans son discours emblématique, le roi avait appelé les «partenaires» du Royaume dont les positions sur la question du Sahara sont ambiguës à «clarifier» leur position.

Aujourd’hui, Paris a franchi un premier pas alors que les appuis à la position marocaine concernant le Sahara se multiplient. Dans ce contexte, compte tenu de l’évolution du dossier et du nombre croissant de soutiens, en particulier au niveau européen, en faveur de l’initiative d’autonomie, le Maroc peut légitimement attendre de la France qu’elle révise sa position pour un soutien encore plus clair et franc à l’autonomie, présentée comme la «solution unique» à ce différend. Si cela est acté, le partenariat maroco-français pourra reprendre de plus belle.

Lire aussi : Maroc-France : la crise se prolonge

Une annonce à venir…

Pour nombre d’analystes géopolitiques, la France se prépare à annoncer quelque chose qui bouclera définitivement ce dossier. Cette annonce pourrait déplaire à Alger qui tient à ce que Paris prenne ses distances par rapport à la question du Sahara. Cependant, l’entourage du président français, Emmanuel Macron, pousse vers une coopération fructueuse entre la France et le Maroc dans de nombreux domaines. Pour les proches collaborateurs de Macron, le Maroc se positionne comme le principal pont entre l’Europe et l’Afrique. Même si certains font valoir que prendre position en faveur du Maroc sur la question du Sahara serait incompatible avec l’amélioration des relations de l’Hexagone avec l’Algérie, qui soutient le Polisario, il convient de faire preuve de pragmatisme en matière de relations internationales. En réalité, il est plus efficace de développer une coopération étroite avec l’un des deux pays que rester au point mort. Le choix se porte naturellement sur le Maroc, compte tenu du caractère structurellement anti-français du gouvernement algérien.

Le raffermissement de l’amitié franco-marocaine répond aux intérêts fondamentaux de la France, tant en matière de gestion des migrations que de sécurité. De plus, elle ouvrirait de nouvelles perspectives diplomatiques en Afrique pour contrer les ambitions de puissances comme la Russie et la Chine, qui cherchent à exploiter le ressentiment anti-français pour prendre le contrôle des économies africaines les plus vulnérables.

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