Accueil / Politique

Sahara : ce qu’il faut retenir du rapport d’Antonio Guterres

Temps de lecture

La Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara (MINURSO) © DR

Le secrétaire général des Nations Unies a remis, le 3 octobre, son rapport sur l’évolution du dossier du Sahara. Le document revient sur les incidents qui ont eu lieu au-delà du mur des sables et pointe notamment l’absence de coopération de la part des séparatistes du Polisario qui entravent les déplacements et actions de la MINURSO. Le rapport appelle par ailleurs toutes les parties concernées par le conflit à s’engager dans la reprise des négociations. Le point avec Hicham Berjaoui, professeur de droit public à l’Université Mohammed V de Rabat.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a rendu public, lundi 3 octobre, son rapport annuel sur la situation au Sahara. Dans ce document, le responsable note que les «hostilités» entre le Maroc et le Polisario ont «baissé d’intensité» entre novembre 2021 et septembre 2022.

Lire aussi : Sahara : le Luxembourg soutient le plan d’autonomie du Maroc

Les séparatistes du Polisario entravent les déplacements de la MINURSO

Guterres souligne aussi que «la plupart des incidents de tirs, à travers le mur de sable, rapportés à la MINURSO (la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara-ndlr) par les parties, étaient concentrés dans le nord du territoire, près de Mahbas. Les calculs basés sur les incidents signalés par les parties ont régulièrement diminué depuis janvier 2021».

«Bien que la MINURSO n’ait pas été en mesure de confirmer de manière indépendante le nombre et la localisation des incidents de tirs signalés, leur impact est resté l’objet de revendications divergentes. En raison du temps nécessaire pour obtenir l’autorisation des parties de visiter ces sites, la MINURSO n’a pu confirmer de manière indépendante que des victimes ont succombé lors d’opérations militaires», a reconnu Guterres.

Le rapport souligne, de même, que les séparatistes entravaient les déplacements de la MINURSO, menaçant même sa présence à l’est du mur de défense des Forces armées royales (FAR).

Lire aussi : Sahara : le Guatemala réitère son soutien total au plan d’autonomie

Profonde préoccupation quant à l’évolution de la situation au Sahara

Le Portugais a exprimé en outre sa profonde préoccupation quant à l’évolution de la situation au Sahara. «La reprise des hostilités entre le Maroc et le Front POLISARIO reste un revers majeur pour la réalisation d’une solution politique à ce différend de longue date», souligne-t-il.

Et d’alerter : «L’absence continue d’un cessez-le-feu effectif menace la stabilité de la région, avec un risque d’escalade tant que les hostilités persistent. La conduite de frappes aériennes et de tirs à travers le mur de sable continue de contribuer à l’augmentation des tensions».

Les séparatistes du Polisario, rappelons-le, avaient annoncé leur retrait de l’accord de cessez-le-feu en 2020 après l’opération militaire menée par le Maroc pour libérer le passage frontalier d’El Guerguerat et mettre fin aux agissements des milices du Polisario qui y semaient l’insécurité.

Appel à un engagement dans la reprise des négociations

Dans son rapport, le secrétaire général de l’ONU a appelé toutes les parties concernées par le conflit à s’engager dans la reprise des négociations. «Malgré ce contexte difficile, je reste convaincu qu’une solution politique à la question du Sahara occidental est possible à condition que tous les intéressés s’engagent de bonne foi et que la communauté internationale maintienne son soutien. Les Nations Unies restent disponibles pour réunir tous ceux qui sont concernés par la question du Sahara Occidental dans la recherche d’une solution pacifique», a-t-il insisté.

Tout en réaffirmant le rôle crucial des États voisins dans la recherche d’une solution à la question du Sahara, le responsable onusien réitère, dans son rapport, «l’expression de sa préoccupation face à la détérioration des relations entre le Maroc et l’Algérie».

Et d’encourager «les deux pays à rétablir le dialogue en vue de l’apaisement de leurs relations et de la reprise des efforts visant à la coopération régionale, notamment en vue d’un environnement propice à la paix et à la sécurité».

Le secrétaire général de l’ONU recommande par ailleurs au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MINURSO d’une année supplémentaire, jusqu’au 31 octobre 2023. Mais cette recommandation se heurte aux entraves inédites des éléments du mouvement séparatiste.

Lire aussi : Sahara : la Mauritanie réitère son soutien aux efforts onusiens

Le rapport comporte des aspects de «fragilité institutionnelle»

Dans une interview accordée à LeBrief, Hicham Berjaoui, professeur de droit public à l’Université Mohammed V de Rabat, indique que «le rapport du SG de l’ONU est, en profondeur, une coutume applicable à tous les dossiers que gère l’Organisation mondiale. Son contexte et son contenu dépendent de deux facteurs déterminants».

Il s’agit de «la conception et la définition que se fait le SG lui-même de sa fonction. Ainsi, il y a des SG qui aspirent à être une sorte de médiateur supra-étatique (l’exemple du suédois Dag Hammarskjöld) au moment où d’autres estiment que la fonction de SG de l’ONU se limite à être un agent strictement interétatique», précise le professeur.

Le caractère plus ou moins incertain des relations internationales pousse donc le SG actuel à s’inscrire dans des positions qui lui semblent être médianes et équidistantes vis-à-vis des parties concernées, poursuit-il.

Selon notre intervenant, le rapport comporte des aspects de «fragilité institutionnelle», émanant des circonstances précitées. Il incombera, en conséquence, à la diplomatie marocaine «de mobiliser l’entièreté de ses moyens pour maîtriser le débat qui accompagnera le rapport en question».

Et d’ajouter : «L’ONU, dans sa globalité, traverse un contexte de fragilité institutionnelle. Son mode de gouvernance, son obstination à rester fidèle aux équilibres de forces issus de la deuxième guerre mondiale et bien d’autres tares structurelles, sont des faits qui ligotent l’Organisation planétaire voire la discrédite auprès de la communauté internationale. Il est, donc, normal que le rapport du SG soit mitigé, voire loin d’être incisif».

Le SG est ainsi appelé «à exercer pleinement sa mission de médiateur» car la médiation n’est pas un objectif en elle-même, elle est plutôt un outil qui doit mener à un résultat, estime le professeur. Ce dernier relève en outre que l’impartialité «ne signifie pas la production de rapports ondoyants et obséquieux, mais, plutôt, la qualification impartiale des faits».

«Et ce sont, justement, les faits qui montrent, sans équivoque, que le Maroc propose l’issue la plus crédible à ce différend artificiel et vieux de presque un demi-siècle», conclut-il.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Vers une réforme du Code du travail?

Politique - Pour instaurer un meilleur climat du travail entre les employeurs et les employés, le secrétaire d’État chargé du Travail a mis en place un accord collectif du travail.

Mouna Aghlal - 8 janvier 2025

Ghana : Talbi Alami représente le Roi à la cérémonie d’investiture du président

Afrique, Diplomatie, Politique - Talbi Alami, a représenté le roi Mohammed VI lors de la cérémonie d’investiture du président élu du Ghana.

Rédaction LeBrief - 7 janvier 2025

Santé: Amine Tahraoui fait son bilan

Politique Le ministre de la santé Amine Tahraoui fait son bilan à la chambre des conseillers

Mouna Aghlal - 7 janvier 2025

Sahara : le Ghana suspend ses relations avec la pseudo RASD

Afrique, Diplomatie, Politique - La République du Ghana a décidé de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo RASD .

Mbaye Gueye - 7 janvier 2025

Quels sont les grands chantiers qui attendent le gouvernement en 2025 ?

Politique - En 2025, le Maroc s'engage dans une année décisive de réformes structurelles dans son paysage juridique et social.

Mbaye Gueye - 6 janvier 2025

Macron salue le partenariat construit avec le Maroc

Politique - Macron a salué "l’ambition inédite" portée par le partenariat construit avec le Maroc lors de sa récente visite d’État.

Mouna Aghlal - 6 janvier 2025

Conseil de gouvernement jeudi : point sur la coopération Maroc-Azerbaïdjan

Politique - Le Conseil abordera un accord-cadre de coopération logistique entre le Maroc et l'Azerbaïdjan, signé le 13 novembre 2023 à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 janvier 2025

Mustapha Baitas présente les nouvelles mesures pour réformer le système pénitentiaire

Politique - Mustapha Baitas propose certains ajustements pour le monde carcérale, mettant en lumière le rôle de l’administration pénitentiaire.

Mouna Aghlal - 2 janvier 2025
Voir plus

Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat

Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Financement du développement en Afrique : Fettah plaide pour une mobilisation collective

Politique - Lors de la 5e édition de l’Africa Investment Forum (AIF), tenue à Rabat, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a appelé à une mobilisation collective pour améliorer l’accès au financement en Afrique

Farah Nadifi - 4 décembre 2024

Cour des comptes : le stress hydrique, un état d’urgence climatique et stratégique

Politique - Le rapport 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les défis liés à la gestion hydrique.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Entretien de Ould Errachid avec le vice-ministre panaméen des Affaires étrangères

Politique - Mohamed Ould Errachid a rencontré à Panama City Carlos Guevara Mann, vice-ministre des Affaires étrangères chargé des questions multilatérales.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Le Panama annonce suspendre toutes relations diplomatiques avec la pseudo « RASD »

Politique - Le Panama a annoncé, le jeudi 22 novembre 2024, la suspension de ses relations diplomatiques avec la soi-disant "RASD"

Farah Nadifi - 22 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire