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Russes et Ukrainiens s’accordent à mettre fin à la crise des céréales, mais la guerre continue

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Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres (à gauche), et le président turc, Recep Tayyip Erdogan (à droite), lors de la signature de l’accord sur le transport sécurisé de céréales et de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens, à Istanbul, le 22 juillet 2022. © Ozan KOSE / AFP

Les délégations ukrainiennes et russes ont signé un accord sur les exportations de céréales, très attendu par la communauté internationale face aux risques de famine dans le monde, après des négociations qui auront duré deux mois. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ainsi que des représentants ukrainiens et russes, ont participé à la cérémonie de signature au palais de Dolmabahçe, à Istanbul.

À préciser, que Kiev «ne signe aucun document avec la Russie. Nous signons un accord avec la Turquie et l’ONU et prenons des engagements envers eux. La Russie signe un accord miroir avec la Turquie et l’ONU», a affirmé Mykhaïlo Podoliak. Et de prévenir d’emblée que toute «provocation» russe après cet accord recevrait une «réponse militaire immédiate». Le Kremlin, qui a, à quelques heures de la signature, jugé «très important que ces céréales atteignent les marchés internationaux», a signé un accord distinct.

L’accord porte sur les conditions du transport vers les marchés mondiaux des céréales ukrainiennes bloquées dans les ports de la mer Noire et sur un allégement des entraves au transport de grains et d’engrais russes. Voici, pour l’heure, les premiers axes de l’accord :

  • Un centre de coordination et de contrôle basé à Istanbul et piloté par des délégués des parties impliquées : un Ukrainien, un Russe, un Turc et un représentant de l’ONU. Selon les experts impliqués dans la négociation, trois à quatre semaines sont encore nécessaires pour finaliser les détails et le rendre opérationnel?;
  • Des inspections au départ et à l’arrivée en Turquie, menées par des représentants des quatre parties, pour s’assurer que les navires ne délivrent pas simultanément des armes à l’Ukraine. Cette mesure constituait une des exigences de Moscou?;
  • Des couloirs de navigation sécurisés pour lesquels la Russie et l’Ukraine s’engagent à respecter. En vertu de l’accord, si un déminage est requis, il devra être réalisé par un « pays tiers » – autre que les trois impliqués –, qui n’a pas encore été précisé?;
  • L’accord serait signé pour quatre mois et automatiquement reconduit?;
  • Un mémorandum d’accord, signé par les Nations unies et la Russie, accompagnerait cet accord. Il garantit que les sanctions occidentales contre Moscou ne concerneront pas les céréales et les engrais, de manière directe ou indirecte. Il s’agit, pour la Russie, d’une condition sine qua non à la signature de l’accord.

Sur le terrain, les bombardements russes s’intensifient loin des lignes de front. Dans son briefing quotidien, la défense britannique précise que «dans le Donbass, les forces ukrainiennes continuent de repousser les tentatives d’assaut russes contre la centrale électrique de Vouhlehirsk» et note que «l’artillerie russe reste concentrée sur les zones autour des villes de Kramatorsk et Siversk». Néanmoins, la défense britannique estime Moscou connaît une « pénurie critique » de missiles d’attaque au sol. D’après Londres, la Russie privilégie désormais l’utilisation «de missiles de défense aérienne lors d’attaques au sol en raison de pénuries critiques de missiles d’attaque au sol dédiés», qui ne servent pas grandement les forces armées russes. «Il y a de fortes chances que ces armes ratent leurs cibles prévues et causent des pertes civiles, car les missiles ne sont pas optimisés pour ce rôle, et leurs équipages auront peu de formation pour de telles missions», conclut le ministère britannique.

Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a affirmé jeudi que Kiev détenait les capacités d’infliger des pertes importantes à la Russie et de remporter des victoires sur le champ de bataille. Ayant tenu une rencontre avec les commandants militaires supérieurs, Zelensky a déclaré que le groupe avait discuté de la fourniture d’armes modernes, ajoutant que l’intensité des attaques contre les Russes devait être augmentée. «Nous avons défini des tâches dans certains domaines tactiques pour renforcer nos positions. Et nous avons également résolu en profondeur la question de doter les troupes d’armes modernes – l’intensité des attaques contre l’ennemi doit encore être augmentée.» L’Ukraine espère que les armes occidentales, en particulier les missiles à plus longue portée, lui permettront de lancer une contre-attaque et de reprendre du territoire.

La guerre, qui entre dans son sixième mois, aurait fait du côté russe 39.000 soldats, selon The Kyiv Independant, citant les autorités ukrainiennes. Un chiffre nuancé par les agences de renseignement américaine et britannique qui évoquent environ 15.000 militaires russes morts depuis le début de l’offensive le 24 février dernier. Moscou, de son côté, n’a donné de chiffres qu’à deux reprises. Le dernier point, en date du 25 mars, évoquait 1.351 morts parmi ses troupes.

Toutefois, les conséquences les plus lourdes de cette guerre s’abattent sur les civils. L’organisation Human Rights Watch (HRW) a accusé, ce vendredi, l’armée russe de se livrer à «la torture, les traitements inhumains, ainsi que les détentions arbitraires et la séquestration de civils» dans les régions de Kherson et de Zaporijia, partiellement sous leur contrôle. L’ONG précise avoir interrogé plus de soixante-dix Ukrainiens ayant décrit «avoir été torturées, ou avoir été témoins de torture, par des passages à tabac prolongés et, dans certains cas, des décharges électriques». HRW mentionne aussi des «blessures, notamment des côtes et d’autres os et dents cassées, des brûlures graves, des commotions cérébrales». L’objectif «semble être d’obtenir des informations et d’instiller la peur afin que les gens acceptent l’occupation» russe, a ajouté l’ONG. Dans son communiqué, l’organisation exhorte les autorités russes à «mettre fin immédiatement à ces abus».

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