Accueil / Économie

Retard des pluies : entre espoir et inquiétude

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

Le retard des pluies : tout le monde en parle. Les dernières prévisions météorologiques ne sont d’ailleurs pas bonnes, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la saison agricole 2022-2023, et donc sur toute l’économie du pays. Faut-il déjà s’inquiéter de la situation ? Quelles répercussions le retard des précipitations aura-t-il sur les cultures d’automne ? Les précisions des experts.

À peine démarrée, la campagne agricole inquiète déjà. Les agriculteurs et les citoyens espèrent que la pluie sera au rendez-vous cette saison, afin de surmonter la forte sécheresse et remplir les barrages pour entrevoir une amélioration de la situation.

Vu l’enjeu, les prévisions météos sont actuellement un des grands sujets de conversations au Maroc. Les dernières nouvelles indiquent qu’il n’y a toujours pas de pluie en perspective jusqu’à fin octobre.

Y a-t-il déjà un retard ?

Selon le professeur de climatologie Mohamed Saïd-Karrouk, il s’agit d’un phénomène normal en cette saison d’automne, qui est une période transitoire entre la saison estivale et l’hiver. «Cette saison commence au début du mois de septembre et se termine fin novembre sur le plan astronomique. Elle est marquée par les caractéristiques des deux saisons, à la fois chaude sèche et froide humide. Il est donc tout à fait normal que les températures augmentent et baissent», explique-t-il pour LeBrief.

Pour le climatologue, la pluie devrait pointer pendant novembre sous forme d’averses orageuses, parfois intenses, qui peuvent causer des inondations. «Si aujourd’hui les pluies manquent, c’est normal», insiste-t-il, tout en rappelant que les pluies moyennes de la saison d’automne ne représentent que 30% du total des précipitations annuel de toutes les régions du Royaume.

En se basant sur les statistiques et les probabilités de pluies automnales, notre interlocuteur précise que l’inquiétude ne devrait s’installer que si la pluie ne tombe pas pendant novembre, le mois le plus propice aux précipitations.

Lire aussi : Campagne agricole 2022-2023 : quel dispositif mis en place ?

Une saison agricole compromise ?

Une chose est sûre : la pluie est un facteur déterminant pour réussir la campagne agricole. Mais d’après Mohamed Saïd-Karrouk, ce qu’il faut surtout prendre en considération, ce sont la quantité et la distribution de l’eau selon les régions. «Si la pluie revient avec brutalité elle peut détruire les récoltes. En revanche, si elle est répartie de façon homogène et régulière, cela peut donner une bonne récolte», poursuit-il.

De son côté, Driss Aissaoui affirme que le Maroc vit ce qu’on pourrait appeler une sécheresse permanente et structurelle et les prévisions tirent la sonnette d’alarme quant à l’avenir de la campagne agricole.

«Le gouvernement a très tôt déclaré cette année que la campagne agricole sera compromise à cause du retard des précipitations. Les prévisions ne montrent pas des signes encourageants pour plusieurs raisons. Outre le manque de pluie, il y a aussi l’augmentation des prix généralisée suite à la guerre en Ukraine et également le fait que l’approvisionnement des produits pétroliers liquides est devenu une véritable problématique, non seulement pour le Maroc mais pour tous les pays du monde», affirme l’expert économique et politique.

Lire aussi : Sécheresse : sévir contre les inconscients

Un impact sur la croissance

Selon Aissaoui, l’économie marocaine ne sera pas vraiment handicapée par les prémices d’une campagne agricole compromise. «Le gouvernement, en plus de la généralisation de la protection sociale à destination des travailleurs non-salariés, a pris une série de mesures visant à protéger cette catégorie, dont la mise en place d’un programme exceptionnel de soutien aux agriculteurs afin de faire face aux effets de la sécheresse, d’un montant de 10 milliards de DH (MMDH)», a-t-il rappelé.

«Une loi de Finances, même si elle est prise dans ces conditions, elle reste un cadre global de projections, pour le secteur public et privé, de ce qui va être possible de faire dans l’année à venir», poursuit-il, tout en pensant que les équilibres sont maintenus avec tout ce qui touche au secteur.

Et d’ajouter : «Depuis toujours, le Maroc a été dans une logique de préparation de la sécheresse et de l’aridité, en adoptant plusieurs solutions comme le dessalement de l’eau de la mer ou encore le traitement des eaux usées, devenus aujourd’hui une bonne solution pour répondre aux besoins accrus en eau».

Ce qui est sûr, c’est que la saison 2022-2023 sera très modérée et l’agriculture va toujours impacter le résultat de la croissance. «Le taux qui est affecté à la campagne agricole céréalière reste proportionnelle à ce qui se passe dans d’autres secteurs», confirme notre interlocuteur, qui appelle à gérer les contraintes avec le maximum de sagesse en traitant les difficultés de manière frontale et intelligente.

Dernier articles
Les articles les plus lu

SIB : Fatima Ezzahra El Mansouri inaugure la 19e édition

Économie - La 19ᵉ édition du SIB a été inaugurée le 20 novembre 2024, à El Jadida, par Fatima Ezzahra El Mansouri.

Rédaction LeBrief - 21 novembre 2024

MRE : un pilier pour le développement durable

Économie - Le rapport de l’OTARGO explore les contributions et les recommandations pour intégrer les MRE au cœur du développement national.

Ilyasse Rhamir - 21 novembre 2024

Huile d’olive : quota sans droit de douane jusqu’à fin 2024

Économie - Pour pallier la chute notable de la production nationale d’huile d’olive, le gouvernement a instauré une mesure exceptionnelle.

Ilyasse Rhamir - 21 novembre 2024

Barrage Aït Ziat : livraison avancée en 2025

Économie - Au cœur de la province d’Al Haouz, les travaux du barrage Aït Ziat ont atteint un taux d’exécution de 71%.

Ilyasse Rhamir - 21 novembre 2024

TGR : progression des recettes fiscales des collectivités territoriales

Économie - Selon TGR les CT ont atteint 35,2 milliards de dirhams à fin octobre 2024, enregistrant une hausse de 15,5%.

Rédaction LeBrief - 20 novembre 2024

Les Impériales : une étude pour repenser l’avenir de la communication

Économie - L’association Les Impériales annonce une étude prospective 2035 pour anticiper les mutations des secteurs de la communication.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2024

Agriculture : l’irrigation localisée en plein essor

Économie - Avec plus de 850.000 hectares équipés en systèmes d’irrigation localisée, le royaume déploie une stratégie ambitieuse.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2024

L’AMDIE : bilan du premier semestre 2024 et perspectives pour 2025

Économie - L’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE) a tenu son Conseil d’Administration ce 19 novembre 2024

Farah Nadifi - 20 novembre 2024
Voir plus

Les classes défavorisées, les plus impactées par la corruption

Économie - L’instance a engagé depuis 2019 plusieurs chantiers et travaux, visant à lutter contre la corruption, en 2023, une nouvelle ère.

Yassine Chraibi - 9 octobre 2024

Loi de Finances 2023 : zoom sur la fiscalité des particuliers et des auto-entrepreneurs

Économie - La loi de Finances 2023, adoptée par les Chambres des représentants et des conseillers, entrera en vigueur le 1ᵉʳ janvier prochain.

Hajar Toufik - 27 décembre 2022

ANP : le trafic portuaire recule de 12,9% en janvier

Économie - Le trafic des ports gérés par l'Agence nationale des ports (ANP) s'est établi à 6,61 millions de tonnes en janvier 2023.

Manal Ben El Hantati - 24 février 2023

PLF 2024 : inflation, pouvoir d’achat, fiscalité et développement durable … voici les recommandations des économistes Istiqlaliens

Économie Alors que le gouvernement planche sur l’élaboration du PLF 2024, l’Alliance des économistes Istiqlaliens livre ses recommandations

Atika Ratim - 23 août 2023

OPCVM : l’actif net sous gestion à 628,69 MMDH à fin août

Économie - À la fin août 2024, l'actif net sous gestion des OPCVM a atteint 628,69 milliards de dirhams (MMDH).

Rédaction LeBrief - 23 septembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire