Et si quelque chose d’autre se cachait véritablement derrière cette guerre ? Car le 7 octobre dernier, si le Hamas a peut-être ouvert la boîte de Pandore, c’est bien l’État hébreu qui met toutes ses forces pour venir à bout de ce conflit qui n’aura que trop duré. Combien de sang aura été versé ? Combien de personnes auront été forcées de quitter leurs maisons ? Combien de villages et de villes auront été détruits ? Et si l’enjeu véritable de cette réaction disproportionnée concernait le contrôle des hydrocarbures de la région ?

«Ne me parlez pas de Moïse ! Il nous a traînés pendant quarante ans dans le désert pour nous emmener dans le seul endroit du Proche-Orient où il n’y a pas de pétrole !», avait déclaré en 1973 Golda Meir, dans un discours prononcé lors d’un dîner d’État en l’honneur du chancelier allemand Willy Brandt. Cette 4ᵉ première ministre israélienne (1969-1974) avait activement participé à la création de l’État hébreu.

Il n’est d’autre déclaration plus marquante qui puisse illustrer les enjeux stratégiques motivant la guerre entamée le 7 octobre dernier, lorsque le Hamas a attaqué le territoire israélien, et la riposte qui s’est ensuivi. Si le secteur énergétique est un indicateur des coûts élevés que la région devra payer en cas de conflit plus large, avec des effets déjà mesurables dans certains pays, il est d’autre part une clé de lecture importante pour comprendre le conflit israélo-palestinien dans sa globalité.

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La question énergétique n’apparaît que trop rarement dans les grilles d’analyse. Pourtant, depuis plus d’un siècle, l’histoire du Proche-Orient est profondément liée à la découverte puis à la lutte d’influence pour le contrôle des hydrocarbures et surtout du pétrole. Dans un rapport rendu public en 2019, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) établit le constat suivant : «Les géologues et les économistes spécialistes des ressources naturelles ont confirmé que le sous-sol du Territoire palestinien occupé recelait des réserves considérables de pétrole et de gaz naturel, notamment dans la zone C de la Cisjordanie occupée et le long de la côte méditerranéenne au large de la bande de Gaza».

Le pétrole et le gaz naturel se distinguent par plusieurs caractéristiques des autres ressources naturelles, rappelle l’organisation onusienne :

  • Premièrement, les gisements de pétrole et de gaz ignorent les frontières politiques et peuvent donc coexister avec de nombreuses frontières nationales et les chevaucher.
  • Deuxièmement, ces ressources ont mis plusieurs millions d’années à se constituer dans le sous-sol, ce qui fait que les générations actuelles de propriétaires n’en sont pas nécessairement les détenteurs uniques ou légitimes.
  • Troisièmement, ces réserves peuvent se conserver sans le moindre coût pendant des décennies, des siècles, voire des millénaires.
  • Quatrièmement, ces ressources sont susceptibles de constituer des biens collectifs mondiaux, pour lesquels des considérations d’efficacité et d’équité exigent une unification et une exploitation commune.
  • Enfin, il s’agit de ressources non renouvelables, dont l’exploitation à tout moment donné réduit le volume disponible pour les générations futures.

Du gaz à Gaza

Et depuis près de 15 ans, les découvertes de plusieurs gisements de gaz naturel sous les eaux de la Méditerranée orientale, ou ce que l’on appelle le «bassin du Levant», attisent toutes les convoitises : Turquie, Égypte, Chypre, Liban, Syrie et bien sûr Israël. Ceux-ci se chiffrent à plus de 300.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel, pour une valeur nette de 453 milliards de dollars (prix de 2017) de recettes à répartir entre les différentes parties.

Ressources au Proche-Orient : la face cachée de la guerre

Infrastructures gazières clés d’Israël et options d’exportation potentielles. © Peter Stevenson, «Israël arrête les flux de Tamar et d’EMG dans le cadre de la lutte contre le Hamas», MEES, 13 octobre 2023

Mais le gaz n’est pas l’unique ressource présente dans ce bassin : celui-ci abriterait également 1,7 milliard de barils de pétrole récupérables d’une valeur nette de près de 71 milliards de dollars, soit un total de quelque 524 milliards de dollars. Il s’agit là de ressources communes partagées, dont l’exploitation par l’une ou l’autre partie réduit de fait la part des parties voisines, mais qui promet de nombreux avantages intangibles non négligeables en termes de sécurité et de coopération énergétiques entre belligérants de longue date, note la CNUCED.

En apparence, la région semblait en effet être entrée dans une phase de coopération et de sécurité énergétiques : Israël a élargi sa coopération énergétique avec l’Égypte et Washington a négocié un accord historique sur la frontière maritime entre L’État hébreu et le Liban, permettant aux deux pays de commencer l’exploration et le forage gazier dans des eaux autrefois contestées.

Puis vint la guerre entre Israël et le Hamas.

Israël, comme l’explique le géopolitologue Frédéric Encel, «est dépourvu de ressources naturelles commercialisables. Ses sous-sols ne recèlent pas davantage de minéraux précieux que d’hydrocarbures. Seuls quelques gisements de potasse et de phosphate, par ailleurs à faible valeur ajoutée, font l’objet d’une exploitation intensive. Le pétrole, le gaz naturel et le charbon sont intégralement importés par voie maritime, l’oléoduc Golfe-Golan-Liban des années 1930 est fermé depuis 1948 à cause d’un coût sans cesse croissant».

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Pour comprendre la portée et l’importance de ces gisements et de leurs mises en exploitation, il convient de se souvenir d’un fait. D’ici à 30 à 40 ans, le gaz naturel devrait jouer un rôle bien plus important que le pétrole. Ainsi, «pour l’État hébreu le plan est clair, demain il sera indépendant sur le plan énergétique, mais aussi exportateur net et acteur majeur du marché gazier mondial», écrit Ferhat Laceb, docteur en histoire militaire et études de défense à l’Université de Montpellier 3. En témoignent les récentes licences octroyées par Israël.

Le ministère israélien de l’Énergie a annoncé fin octobre, en pleine guerre contre le Hamas, avoir accordé 12 licences à six sociétés – l’italien Eni (ENI.MI) avec Dana Petroleum, la compagnie pétrolière nationale azerbaïdjanaise Socar, BP (BP.L) et le britannique British Oil (BP) entre autres, aux côtés de sociétés israéliennes – pour explorer le gaz naturel au large de la côte méditerranéenne du pays, dans le but de créer davantage de concurrence et de diversifier les fournisseurs.

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«Les entreprises gagnantes se sont engagées à investir sans précédent dans l’exploration du gaz naturel au cours des trois prochaines années [avec la possibilité de le prolonger jusqu’à sept ans, en fonction des progrès réalisés, NDLR], ce qui, espérons-le, aboutira à la découverte de nouveaux gisements de gaz naturel», avait alors déclaré le ministre israélien de l’Énergie, Israel Katz.

Partage ou chantage ?

Dès sa découverte en 1999, le champ gazier baptisé Gaza Marine 1, situé à 30 kilomètres de la côte de l’enclave palestinienne de la bande de Gaza, a fait l’objet de plusieurs pourparlers afin de trouver un consensus sur son exploitation. Le deuxième champ, Gaza Marine 2, est lui situé dans la zone frontalière maritime entre la bande de Gaza et Israël.

Ressources au Proche-Orient : la face cachée de la guerre

Emplacement des trois unités d’évaluation dans la province du bassin du Levant en Méditerranée orientale. © CNUCED, d’après l’USGS, 2010

Au fil des années, les négociations ont été relancées à plusieurs reprises, sans aboutir à un commun accord. Les premiers échecs ont incité le premier ministre britannique de l’époque, Tony Blair, à s’impliquer. Blair craignait que les négociations tendues ne fassent dérailler l’accord Gaza-Jéricho, également connu sous le nom d’accords d’Oslo, dans lesquels Israël a conclu une entente avec les Palestiniens donnant à l’AP le contrôle total de ses eaux territoriales. L’ancien premier ministre britannique a pu, alors, convaincre les Palestiniens d’accepter d’envoyer les recettes des réservoirs de gaz naturel à la Banque de Réserve Fédérale de New York pour qu’elles soient vérifiées et distribuées, prétendument pour garantir que l’argent ne tombe pas entre les mains des entités «terroristes».

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En 2007, à la suite de la prise de pouvoir politique du gouvernement par le Hamas, le premier ministre israélien de l’époque, Ehud Olmert, s’est retiré de toutes les négociations, déclarant que cette prise de contrôle représentait en soi une «rupture d’accord». Olmert a insisté sur le fait qu’«aucune redevance ne devait être versée aux Palestiniens», mais a suggéré que les Israéliens fourniraient l’équivalent de ces redevances provenant des gisements de gaz naturel sous forme de «biens et services». Le gouvernement dirigé par le Hamas a refusé l’offre et immédiatement le gouvernement israélien a imposé un blocus sur la bande de Gaza, encore en vigueur aujourd’hui. Pour le ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz, il s’agissait désormais d’une «guerre économique».

Malgré le siège sévère imposé à la bande côtière, le Hamas aurait refusé de céder aux demandes israéliennes. Le gouvernement Olmert a alors décidé d’agir unilatéralement pour extraire le gaz, mais les Israéliens savaient que cela ne pourrait être réalisé que si le Hamas était déplacé ou désarmé. Une des raisons pour lesquelles «l’Opération Plomb Durci» a été lancée en 2008, s’accordent à dire les observateurs.

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Dans le sillage de cette opération, la CNUCED note que les gisements de gaz palestiniens ont été placés sous contrôle d’Israël, faisant fi du droit international. La question de la souveraineté sur les champs gaziers de Gaza est déterminante. D’un point de vue juridique, et sans équivoque, les réserves de gaz appartiennent au Territoire palestinien occupé.

Du négoce entre belligérants

Cependant, le projet est revenu sur le devant de la scène après l’enclenchement de l’offensive russe en Ukraine et la crise énergétique mondiale qui a suivi. Les efforts récents s’inspireraient de l’accord maritime entre Israël et le Liban. En effet, les négociations impliquant l’acteur non étatique Hamas font écho aux négociations engagées par les États-Unis et à l’accord final au Liban, où le groupe militant libanais Hezbollah a également dû indirectement donner son feu vert à un accord entre le gouvernement libanais et Israël.

Ces efforts auraient été, par ailleurs, confortés par la création du Forum gazier EastMed dont l’Égypte, Israël et la Palestine sont membres. Le protocole d’accord visant à exporter du gaz naturel d’Israël vers l’Europe via l’Égypte, conclu entre le gouvernement de Sissi, celui de Netanyahu et l’Union européenne, en quête d’alternatives au gaz russe, l’encourage également.

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Et en août 2023, les «discussions secrètes» qu’entretiennent Israël et l’Autorité palestinienne (AP), sous incitation américaine et médiation égyptienne, auraient abouti à une rare avancée sur ce projet vieux de 23 ans. Car pour l’AP, le gisement pourrait représenter «un revenu annuel compris entre 700 et 800 millions de dollars», écrivait The Middle East Eye plus tôt au mois de mai. Israël déduit chaque mois 22 millions de dollars des recettes fiscales de l’AP (répartis presque à parts égales entre l’électricité destinée à Gaza et à la Cisjordanie). On estime que les économies réalisées par l’AP pourraient atteindre 560 millions de dollars par an en éliminant le besoin d’importer de l’électricité israélienne. Le fardeau de l’AP diminuerait considérablement si le gaz peut être utilisé pour y produire de l’électricité.

Les chercheurs Tim Boersma et Natan Sachs estimaient eux, en 2015, les revenus compris entre 2,5 et 7 milliards de dollars. Un chiffre concordant avec les calculs de la CNUCED divulgués en 2019. Ces revenus dépendent, toutefois, fortement des prix pratiqués pour le gaz naturel, qui eux-mêmes dépendent de facteurs multiples, tels que les prix régionaux du gaz et la volonté des autorités de renoncer aux subventions énergétiques, un instrument politique largement utilisé dans la région.

D’après les chiffres généralement convenus, les réserves prouvées de gaz naturel des gisements Marine 1 et Marine 2 situés au large de Gaza et sous contrôle israélien, s’élèvent à 1.400 milliards de pieds cubes. Sur la base du prix moyen de 3,852 dollars par 1.000 pieds cubes de gaz naturel sur la période 2012-2017, la valeur totale de ces réserves dépasse les 5.392 milliards de dollars. Après déduction du montant de l’investissement lié à l’exploitation des gisements (avec un ratio de 0,148368 de coût d’investissement sur la valeur de la production) établi à 800 millions de dollars, on obtient une valeur nette de 4.592 milliards de dollars.

En théorie, les Palestiniens auraient pu monétiser ces gisements et investir la valeur nette de 4.592 milliards de dollars depuis maintenant dix-huit ans. En partant d’un taux de rendement annuel réel faible de 2,5 %, les Palestiniens ont déjà perdu quelque 2.570 milliards de dollars de par la privation de l’exercice de leur droit à l’exploitation de leurs ressources naturelles, garanti par le droit international.

–Estimation de la valeur du pétrole et du gaz naturel dans le Territoire palestinien occupé et des coûts de l’occupation, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 2019.

Le Hamas aurait également pu voir un bénéfice indirect dans sa position auprès de la population de Gaza. Avant le 7 octobre dernier, la bande avait accès à moins de 40 % de ses besoins énergétiques. Aujourd’hui, sans fuel entrant, elle ne dispose même plus d’électricité suffisante pour faire tourner ses hôpitaux. La conversion de la production d’électricité du diesel au gaz naturel aurait également pu réduire la pollution à Gaza, garantir un approvisionnement énergétique plus fiable et avoir d’énormes implications en matière de développement, améliorant considérablement les conditions de vie.

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Si un accord final était conclu, cela aurait permis le développement de gisements estimés à plus de 30 milliards de mètres cubes de gaz. Selon les responsables palestiniens, ces quantités auraient pu suffisamment fournir d’énergie à la bande de Gaza et à la Cisjordanie pendant 15 ans, même s’il aurait pu être possible qu’une partie de cette énergie soit destinée à l’exportation. En effet, une partie du gaz aurait pu être liquéfiée en Égypte pour être exportée vers l’Europe, et la société publique égyptienne Natural Gas Holding Company aurait dû participer au développement du champ.

Au point de non-retour

«Les gisements ont longtemps été considérés comme un tremplin majeur vers l’indépendance énergétique palestinienne, mais ils sont restés inexploités principalement en raison des objections et des obstacles israéliens», poursuit The Middle East Eye. Parmi les questions restées en suspens, celle du positionnement du Hamas palestinien, rival d’Israël et du Fatah, explique la chaîne israélienne, Channel 13.

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Comme Israël considère que l’AP n’a pas les moyens d’exploiter ce champ, il était question qu’une société égyptienne chapeaute le projet en distribuant 55% des bénéfices à l’Autorité palestinienne et 45% à la compagnie égyptienne. C’est sans doute autour d’une solution similaire que les discussions, qui ne sont pas en réalité si nouvelles, ont repris.

Mais bien d’autres défis persistaient. Premièrement, Israël devrait exiger des garanties que les revenus du gaz ne bénéficieront pas au Hamas. «Les antécédents suggèrent que cela est surmontable, étant donné les dispositions prises concernant l’aide du Qatar à Gaza», explique Hesham Youssef, ancien diplomate au ministère égyptien des Affaires étrangères.

Dans sa note datée d’août 2023, le diplomate cite en second lieu un défi plus difficile. Nombreux rapports indiquent que les responsables israéliens retardaient le développement des champs jusqu’à ce que des progrès soient enregistrés dans la restitution par le Hamas de deux civils israéliens et des corps de deux soldats israéliens qu’il détient depuis 2014.

Enfin, un troisième défi sensible est que l’un des gisements, Gaza Marina 2, bien que plus petit et moins important, est divisé territorialement entre Palestiniens et Israéliens. Israël affirme que 70% du gaz se trouve de son côté. Cela signifie que pour aller de l’avant, il faudrait reconnaître les frontières maritimes, ce qui serait une mesure peu probable de la part du gouvernement israélien actuel étant donné sa position dure en faveur de concessions aux Palestiniens.

Il y a quelques mois, dans une déclaration d’une source proche du Hamas au New Arab, sous couvert d’anonymat, le Hamas avait dit «attendre les procédures finales qui seront adoptées par l’AP, l’Égypte et les entreprises partenaires pour lancer leur plan de mise en œuvre visant à développer le champ maritime [de Gaza] et à extraire du gaz naturel». De son côté, Ismail Radwan, un responsable du mouvement basé à Gaza et autorisé à parler aux médias, a refusé de commenter cette prétendue avancée. Il a cependant déclaré au média que «le gaz de Gaza appartient à tous les Palestiniens de Gaza et eux seuls ont le droit d’y investir (…) L’occupation israélienne ne peut pas imposer ses exigences et ses restrictions sur nos capacités et nos richesses naturelles».

Seuls les médias israéliens ont fait état de cette avancée sur le dossier. Selon eux, la décision israélienne est intervenue après des négociations intenses et compliquées entre Israël, l’Égypte et l’AP, après que celle-ci aurait reçu des garanties que le Hamas n’utiliserait pas sa part des revenus du gaz pour développer ses armes. Mais l’Autorité palestinienne n’a pas officiellement été informée de la décision israélienne, selon un responsable basé à Ramallah qui a demandé à rester anonyme. «Nous ne pouvons pas adopter de position ni entamer des préparatifs pratiques sur la base des informations diffusées par les médias», a-t-il souligné.

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Faisant écho à cela, une source proche du Hamas a déclaré à la TNA qu’«Israël a annoncé sa décision une fois qu’il a reçu de réelles garanties de l’Égypte que le Hamas est prêt à signer une trêve à long terme avec Israël». Mais vint la guerre entre Israël et le Hamas.

Le purgatoire

Ce développement de Gaza Marine ne pouvait constituer en soi un remède aux maux de l’occupation et du conflit en cours. «Cela équivaut à fournir de l’aspirine à un patient atteint d’un cancer», écrit Hashem Youssef. Il aurait toutefois pu avoir le potentiel de soulager certaines douleurs et de générer des opportunités pour des mesures supplémentaires susceptibles d’améliorer les conditions de vie des Palestiniens.

Bien que les parties signalent que certains progrès ont été réalisés, l’accord aurait pu prendre des années avant d’être conclu en raison de la complexité des garanties politiques et de sécurité qui doivent être fournies à la fois publiquement et en secret. Cela aurait toutefois pu être une porte d’entrée à ne pas négliger dans un contexte où tant d’autres portes sont fermées. Aujourd’hui, la guerre enclenchée le 7 octobre rebat les cartes.

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Les grands médias colportent ce conflit au public alors qu’Israël «se défend contre le Hamas et ses horribles attaques». Les experts alertent toutefois que le seul objectif de la mission est de «transférer la souveraineté des gisements de gaz à Israël», comme avait ambitionné de le faire auparavant, l’opération «Plomb durci» en 2008. Car comme le rappelle l’organisation onusienne, la CNUCED, les évolutions politiques du conflit israélo-palestinien [du début de la seconde Intifada en 2000 à aujourd’hui, NDLR] sont intervenues dans bien des cas concomitamment à des tournants majeurs concernant la découverte ou l’exploitation des ressources pétrolières et gazières.

Les droits de l’entreprise britannique BG Group, racheté en 2016 par le géant Shell, d’explorer le gaz sur le plateau de Gaza expirent en 2024. L’Autorité nationale palestinienne avait signé, en novembre 1999, un contrat de 25 ans avec l’entité à des fins de prospection gazière. Les experts régionaux se demandent, si Gaza est occupée par Israël, s’il est possible qu’elle cède ses droits à la Russie ou à la Turquie.

Quel sera le dénouement de cette escalade ?

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