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«Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission, guidée par le souci constant, que nous partageons, d’aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens», a écrit Élisabeth Borne, désormais ancienne première ministre, dans sa lettre de démission au président français, obtenue par l’AFP. Ses vingt mois à la tête du gouvernement ont été marqués par l’adoption de la réforme impopulaire des retraites et de la loi controversée sur l’immigration.
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Après avoir enchaîné les recours à l’article constitutionnel controversé du 49.3 faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale et surmonté près d’une trentaine de motions de censure, la deuxième femme à avoir été cheffe de gouvernement, âgée de 62 ans, est souvent décrite comme usée par ses propres alliés. Pour lui succéder à Matignon, le choix du président français Emmanuel Macron s’est porté sur Gabriel Attal, un jeune membre du parti présidentiel «Renaissance», et jusque-là ministre de l’Éducation nationale.
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Un «Macron du départ, briseur de code» pour impulser le «réarmement» et la «régénération»
«Il est populaire, jeune, et c’est quelqu’un créé de toutes pièces par Macron», affirme un ministre français cité par l’AFP. L’«ascension fulgurante», telle que décrite par la plupart des médias français, de ce fils d’un producteur de cinéma aux origines juives tunisiennes, est d’autant plus remarquable eu égard à sa cote de popularité. Ces derniers mois, à mesure qu’il multipliait les annonces sur l’interdiction de l’abaya à l’école ou la lutte contre le harcèlement, celle-ci n’a eu de cesse de grimper jusqu’à en faire une des personnalités politiques préférées des Français… et des Républicains.
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«Gabriel peut faire un discours sans lire une litanie de chiffres comme Borne», abonde un conseiller ministériel. «C’est un pur politique, ça impose plus de respect qu’une grande tacticienne comme Borne. Il sera plus politique et plus puncheur qu’Élisabeth Borne», juge également un député de droite.
Si sa jeunesse et sa nomination récente à l’Éducation nationale étaient invoquées ces derniers jours par plusieurs conseillers pour écarter l’hypothèse de sa nomination, les mêmes arguments justifient désormais sa promotion. Une aubaine pour Emmanuel Macron, qui y voit un moyen de s’offrir «l’élan que son second quinquennat n’a jamais trouvé». En effet, il «incarne un élan, une dynamique, une audace dont on a sûrement besoin», résumait ce mardi à l’AFP un cadre de la majorité.
«Tout change, pour que rien ne change»
Pour son acte II, le président Macron avait appelé de ses vœux, le 31 décembre, à un «réarmement industriel, économique, européen», mais aussi «civique» autour notamment du vaste chantier de l’école, érigé en priorité et porté depuis l’été dernier par Gabriel Attal. Cette feuille de route devrait être détaillée par le chef de l’État français lors d’un mystérieux «rendez-vous avec la Nation» courant janvier.
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Gabriel Attal doit «absolument tout» à Emmanuel Macron, comme il l’avait lui-même rappelé au Parisien récemment. Mais si sa nomination offre des garanties aux tenants du «dépassement» du traditionnel clivage droite-gauche, celle-ci «ne réglera pas le problème de la majorité, ni le problème principal qui est »où est le cap principal du mandat »», souligne le politologue Bruno Cautrès.
Nous ne laisserons personne sur le bord du chemin.
Pour mon tout premier déplacement, j'ai voulu exprimer la solidarité de la Nation à nos concitoyens du Pas-de-Calais.
Une solution sera proposée à tous les Français sinistrés par les crues. Je m’y engage. pic.twitter.com/efrqLucdR8
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) January 9, 2024
En effet, à l’image de sa prédécesseure, le locataire de Matignon devra porter les textes de son futur gouvernement devant une Assemblée nationale qui ne dispose toujours pas de majorité absolue et face à une macronie fracturée par la loi sur l’immigration. Même son de cloche du côté de la gauche qui n’attend pas grand-chose d’Attal. Son arrivée ne changera «rien», à part «le style», assure le patron des députés socialistes, Boris Vallaud. «Attal n’est pas l’aile gauche», dit-il. C’est «un homme prétendument de gauche qui a pour mission de faire alliance avec la droite», estime pour sa part le député LFI Alexis Corbière.
Lors de la passation de pouvoir avec Élisabeth Borne, Gabriel Attal a promis de réunir «toutes les forces vives du pays» cette semaine. «Aux oppositions, je leur dis que nous avons en commun le destin de notre nation, que nous ne serons évidemment pas d’accord sur tout, que nous nous opposerons. Mais je leur fais aussi la promesse de toujours les écouter, toujours les respecter, parce qu’à travers eux, c’est la voix de millions de Français qui s’exprime», a-t-il lancé, assurant que la «cause de l’école» demeurerait la «mère de nos batailles».
Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont fait savoir mardi soir leur volonté de former un gouvernement «resserré» autour d’une quinzaine de ministres, comme l’ont rapporté plusieurs sources médiatiques concordantes. Seule certitude jusqu’à présent : le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin restera en place.
Avec Séjourné, un «power couple» à la française
S’il est l’un des rares membres du gouvernement à se faire un nom dans l’opinion publique française, c’est également grâce au couple qu’il forme avec Stéphane Séjourné, ancien conseiller d’Emmanuel Macron devenu aujourd’hui chef du parti présidentiel. Lequel eurodéputé qui a conduit, en janvier dernier, deux résolutions non contraignantes, néanmoins défavorables au Maroc. La première, qui appelle au «respect de la liberté d’expression», a été votée à 356 voix pour, 32 contre et 42 absentions, tandis que la deuxième, qui vise à «adopter les mêmes mesures à l’égard des représentants du Maroc que celles contre le Qatar», l’a été à 401 voix pour, 3 contre et 133 abstentions.
Certains l’appelleront même «l’architecte de la cabale euro-parlementaire contre le Maroc», conçue dans le but d’inhiber les avancées économiques du Royaume dans le continent africain, traduites par les partenariats stratégiques signés avec plusieurs pays de l’Afrique, de l’est comme de l’ouest. Un agissement qui a conduit le président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE, Lahcen Haddad, à accuser directement l’Élysée d’être à l’origine de cette campagne contre le Royaume, le seul pays qui constituerait une véritable «menace» pour les intérêts français dans la région.
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Mais si cette hostilité vis-à-vis du Royaume émane de son compagnon, Gabriel Attal est-il sous son «influence» ? De prime abord, non. En 2017, il soulignait même l’importance de créer des liens solides entre la France et le Maroc, mettant en avant la jeunesse comme moteur de cette coopération. «Je repars du Maroc en espérant avoir une si belle destinée», avait-il alors lancé, évoquant Mbarka Bouaida, alors la plus jeune ministre, aujourd’hui la plus jeune présidente de région.
Ses paroles avaient laissé entrevoir un engagement en faveur du développement de partenariats fructueux entre les deux pays. Sept ans plus tard, les choses ont changé et les relations, autrefois historiques, ne sont plus ce qu’elles étaient. Mais attendons de voir avant de juger.
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