Accueil / Politique

Relations Maroc-France : Paris veut rétablir un lien de confiance

Temps de lecture

Les drapeaux du Maroc et de la France © DR

Depuis son entrée en fonction en novembre 2022, l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, se montre relativement discret. Il a accordé en tout et pour tout trois interviews. N’acceptant que rarement des invitations pour assister à des événements publics, le diplomate français a néanmoins fait une sortie remarquée lors de la conférence organisée vendredi à Casablanca par la Fondation Links, présidée par l’ancien ministre et ex-ambassadeur du Maroc en France, Mohamed Berrada. Faits marquants.

Vendredi, devant une salle archicomble, la conférence-débat sur les relations franco-marocaines a tenu toutes ses promesses à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Ain Chock. Organisé par la Fondation Links, l’événement a permis de délier les langues concernant un sujet qui est devenu presque tabou et sur lequel personne ne veut s’avancer depuis maintenant presque deux ans.

Lire aussi : Sahara : clé du dégel entre Rabat et Paris

La base d’une reprise de dialogue

«Tout le monde fait bien attention à ses mots, ses expressions et son ton. Personne ne veut prendre le risque d’une phrase de travers qui accroîtrait la tristesse de ce que sont devenues les relations entre ces deux pays, si proches il n’y a pas si longtemps», écrivait dans les colonnes de l’Économiste notre consœur Nadia Salah. Selon elle, la fièvre a baissé, mais le patient a mal partout. Nadia Salah faisait référence au passage, le 1ᵉʳ février 2024, de Lecourtier au déjeuner de l’Association pour le progrès des dirigeants (APD). Si l’ambassadeur français a été très parcimonieux chez l’APD, à la Fondation Links, il n’a pas mâché ses mots.

Christophe Lecourtier a souligné l’importance de clarifier la position de la France sur la question du Sahara pour construire un avenir solide entre les deux nations. Lecourtier a déclaré qu’il serait «illusoire, irrespectueux et stupide» de ne pas aborder la question du Sahara dans le cadre des discussions franco-marocaines. Il a insisté sur le fait qu’il était essentiel de prendre en compte les préoccupations majeures du Royaume pour développer un partenariat solide et durable.

L’ambassadeur a souligné que la France était consciente de l’importance de cette question pour le Maroc et qu’elle reconnaissait son caractère essentiel pour le Royaume, tant dans le passé que dans le futur. Il a assuré que cette question serait abordée dans le cadre du dialogue continu entre les deux pays, soulignant la volonté de poursuivre l’intimité et le partenariat dans les années à venir.

Lire aussi : Maroc-France : Christophe Lecourtier annonce la levée des restrictions sur les visas

L’Afrique avec le Maroc

Le Maroc et la France, grâce à leurs relations privilégiées avec les pays africains, ont «beaucoup de choses à faire ensemble» sur le continent africain, a ajouté Lecourtier. Ce dernier a mis en avant les relations historiques du Maroc avec les pays africains, le positionnant comme le pays le mieux perçu par les opinions publiques au Sahel.

Il a souligné la possibilité de renforcer la solidarité et la communauté de destin entre le Maroc et la France dans le contexte actuel, et a rappelé que les relations entre l’Europe et l’Afrique passent nécessairement par le Maghreb, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Cette vision rejoint la politique étrangère du Maroc, qui accorde une importance majeure à son ancrage dans sa profondeur africaine.

L’ambassadeur a exprimé la volonté de la France de renforcer son partenariat avec le Maroc, soulignant que la France peut être un allié et un partenaire utile sans exclusivité ni monopole. Il a également souligné la nécessité de mobiliser des moyens financiers et des expertises pour être à la hauteur des attentes du Maroc.

Lire aussi : Maroc-France : Stéphane Séjourné vise à apaiser les tensions

Dans les pas de Séjourné

Cette sortie de Christophe Lecourtier fait suite à celle du chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné. Mandaté par le président Macron, il s’engage activement dans l’effort de rapprochement entre Paris et Rabat. Le ministre français des Affaires étrangères a souligné il y a quelques jours l’importance cruciale des relations entre la France et le Maroc, exprimant sa volonté de rétablir un lien de confiance.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, Stéphane Séjourné a déclaré : «La volonté est là. J’ai repris le lien avec le Maroc. Il y avait des incompréhensions qui ont amené à une difficulté». Il a aussi souligné l’importance de la relation franco-marocaine en la qualifiant de «très importante» et même «essentielle».

Le chef de la diplomatie française a exprimé son engagement à construire progressivement cette confiance, affirmant que cela servirait non seulement l’intérêt de la France, mais également celui du Maroc. Stéphane Séjourné souhaite établir un nouvel agenda politique entre les deux nations, estimant qu’il est possible d’améliorer et de changer les dynamiques actuelles.

«Je pense qu’on peut faire mieux et différemment», a-t-il déclaré.  Et d’ajouter qu’il aspire à dialoguer de manière transparente avec les responsables politiques marocains tout en respectant l’ensemble des partis.

Lire aussi : Samira Sitaïl : la dame de fer nommée ambassadrice du Maroc en France

En attendant Sitaïl

Côté marocain, on attend avec impatience l’entrée en fonction de l’ambassadrice du Maroc en France, Samira Sitaïl. Nommée le 19 octobre 2023, son rôle sera bien plus complexe que celui de son homologue français. Si Lecourtier fait face à une ambiance diplomatique relativement paisible à Rabat, Sitail va devoir composer avec quelques manœuvres particulièrement problématiques. Le 29 février prochain, elle sera reçue par le président français, Emmanuel Macron, pour lui remettre ses lettres de créance. À partir de là, elle pourra prendre attache avec le Quai d’Orsay pour amorcer la nouvelle dynamique des relations entre le Royaume et l’Hexagone. À suivre…

Dernier articles
Les articles les plus lu

Sahara : le roi Mohammed VI remercie le président du Panama pour son soutien à la cause nationale

Politique - Un message de remerciements de la part du Roi au Président du Panama, saluant la décision du pays en faveur de la Cause Nationale

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Besoin de financement du Trésor public : analyse des causes et des solutions face à un déficit croissant

Politique - La situation des finances publiques marocaines s'est complexifiée avec un besoin de financement de 52,3 MMDH à fin octobre

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Le ministère de l’Intérieur poursuit la libération du domaine public

Politique -Le ministère continue à œuvrer pour la libération du domaine public et à le mettre à disposition des collectivités territoriales.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024

Investissement de 1,88 milliard DH pour la valorisation des déchets ménagers (Abdelouafi Laftit)

Politique - Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a annoncé lundi l’allocation de 1,88 milliard de dirhams pour des projets de valorisation des déchets ménagers

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Abellatif Hammouchi reçoit l’Administratrice générale de la sûreté de l’État belge

Politique - Abdellatif Hammouchi, a accueilli, ce lundi à Rabat, Francisca Bostyn, administratrice générale de la Sûreté de l’Etat belge

Farah Nadifi - 25 novembre 2024

CDT : une mobilisation nationale pour défendre les droits sociaux

Politique - Réuni le dimanche 24 novembre à Casablanca, le CDT a annoncé un plan d’action visant à répondre aux défis économiques et sociaux.

Ilyasse Rhamir - 25 novembre 2024

ONMT : le nouveau DG Achraf Fayda prends ses fonctions

Politique - Achraf Fayda a été installé en tant que nouveau directeur général de l'Office national marocain du tourisme (ONMT)

Mbaye Gueye - 25 novembre 2024

Parité et progrès : le Maroc trace la voie pour l’égalité des genres

Politique - À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous avons voulu évaluer les progrès réalisés par le Maroc

Farah Nadifi - 25 novembre 2024
Voir plus

Fondation Mo Ibrahim : la situation de l’Afrique en 2021 est pire qu’en 2012

Afrique, Économie, Économie, Politique, Politique -Selon l’Indice Ibrahim de la gouvernance, l’Afrique est devenue moins sûre, sécurisée et démocratique.

Nora Jaafar - 27 janvier 2023

Code de la famille : le RNI salue l’approche royale

Politique - Le parti a réuni sa commission interne dédiée à la révision du Code de la famille et a communiqué quatre axes.

Mouna Aghlal - 26 décembre 2024

Akhannouch : les infrastructures, moteur du Maroc de demain

Politique - Aziz Akhannouch a souligné que le développement des infrastructures constitue un pilier central pour le progrès du pays.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Tanger va accueillir la deuxiéme édition des Assises nationales de la régionalisation avancée

Politique - La deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée, prévue les 20 et 21 décembre à Tanger, constitue une étape clé dans la mise en œuvre de cette réforme structurelle.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire