Accueil / Économie

Régime fiscal : des bénéfices et des challenges

Temps de lecture

Fiscalité (image d'illustration) © DR

Le Maroc se distingue par son système d’impôt, qui, selon un rapport récent du Policy Center for the New South (PCNS), favorise de manière significative les populations pauvres. Mais il révèle aussi des défis persistants, notamment en milieu rural. Le document analyse comment chaque élément du système fiscal influence la pauvreté et les inégalités, offrant ainsi une perspective détaillée sur l’efficacité et les défis de la politique fiscale marocaine. Les détails.

L’amélioration du niveau de vie des citoyens est au cœur des préoccupations des gouvernements du monde entier, et le Maroc ne fait pas exception. Dans cette optique, le Royaume a engagé depuis les années 1980 une réforme majeure de son système fiscal. Objectif : instaurer un système moderne, cohérent et plus universel. Ce processus de réforme, continu et évolutif, a été ponctué par des mesures importantes intégrées dans les lois de finances successives et a fait l’objet de discussions approfondies lors des assises nationales de la fiscalité.

Lire aussi : Lekjaa : une justice fiscale plus équitable en 2024 et l’aide directe au logement attendue dans les prochaines semaines

Politiques fiscales : quel impact sur la pauvreté et l’inégalité au Maroc ?

Le Maroc, dans les années 1980, a entrepris une réforme majeure de son système fiscal, visant à développer un système fiscal moderne, cohérent, efficace et plus universel. Depuis, plusieurs mesures ont été introduites via des lois de finances successives. La réforme de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de l’impôt sur le revenu (IR) a été régulièrement discutée, ainsi que la réforme du système de protection sociale, devenue une priorité nationale.

Le rapport du PCNS a mis en lumière les conséquences de ces réformes fiscales sur la pauvreté et l’inégalité au Maroc. Il en ressort que les impôts et subventions se révèlent progressistes, c’est-à-dire qu’ils favorisent les couches les moins aisées de la population. Quant aux impôts sur le revenu, ils ont un impact redistributif plus important dans les zones urbaines, tandis que les subventions sont plus efficaces en milieu rural. Par exemple, les subventions pour les services publics (santé et éducation) réduisent l’indice de Gini (un indicateur d’inégalité) de 27,76% en milieu rural contre seulement 11,65% en milieu urbain.

Le rapport souligne également une réduction générale de la pauvreté, tant en zone urbaine que rurale, grâce à ces politiques fiscales. Les subventions pour la santé et l’éducation réduisent l’incidence de la pauvreté de plus de 60% en milieu rural et de 40,51% en milieu urbain. Néanmoins, la TVA, en tant qu’impôt indirect, tend à augmenter la pauvreté, bien que son impact soit moindre sur les populations les plus pauvres en raison de leur consommation limitée.

Lire aussi : Fin de partie pour les mauvais payeurs ? 

D’autres explications sur le régime fiscal

Le document note aussi qu’une analyse d’incidence révèle que le système fiscal marocain bénéficie largement aux populations les plus démunies. Et ce, en particulier en zone urbaine où les revenus de la moitié la plus pauvre de la population ont augmenté de plus de 25%.

En examinant la contribution spécifique de chaque taxe et subvention, il apparaît que plus d’un quart des Marocains sont exemptés de l’impôt sur le revenu. Cette exemption est encore plus répandue en milieu rural, où plus de 50% de la population ne paie pas cet impôt. La TVA, en revanche, représente une part significative du revenu final des ménages, avec les 20% les plus pauvres qui contribuent à 8,06% de la TVA totale.

S’agissant des subventions scolaires, surtout pour l’éducation primaire et secondaire, elles sont orientées vers les régions rurales, tandis que les subventions pour l’enseignement supérieur sont plus conséquentes en milieu urbain. Ces subventions sont considérées comme progressistes, car elles profitent davantage aux populations les plus pauvres.

Enfin, la subvention de santé, malgré son orientation progressive, a un impact modéré sur la réduction de la pauvreté et de l’inégalité. Elle contribue à diminuer la pauvreté de 5,9% et l’inégalité de seulement 1%, alors qu’en milieu rural, son rôle dans l’atténuation de ces problèmes est encore plus faible.

En conclusion, ces résultats indiquent que, bien que les taxes et subventions jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté et l’inégalité au Maroc, il est impératif d’aborder avec prudence les réformes futures, notamment celles liées à la TVA et aux systèmes de compensation, pour ne pas pénaliser les populations les plus vulnérables.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Casablanca accueille l’Africa Financial Summit 2024

Économie - Casablanca accueille depuis ce lundi les travaux de l'Africa Financial Summit, un événement phare du secteur financier africain.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Agadir-Dakar : la voie maritime au service du commerce

Économie - Une voie maritime inédite entre Agadir et Dakar s’apprête à révolutionner le transport de marchandises vers l’Afrique subsaharienne.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Nadia Fettah présente une vision ambitieuse pour la finance en Afrique

Économie - À l’occasion du AFIS 2024 tenu à Casablanca, Nadia Fettah a esquissé une feuille de route pour faire de la finance un levier de développement durable en Afrique.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Un record historique pour le tourisme marocain

Économie - Le Maroc célèbre une année exceptionnelle pour son tourisme, avec un record de 15,9 millions d’arrivées enregistrées entre janvier et novembre 2024.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Karim Zidane mobilise les acteurs pour dynamiser l’économie de Fès-Meknès

Économie - Le ministre chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des Politiques Publiques, Karim Zidane, a pris part au quatrième édition du forum economique Fès-Meknès.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

La dette extérieure du Maroc a doublé en 10 ans

Économie - La dette extérieur (69 Mds $) dollars équivaut à 50% du revenu national brut (RNB) et représente près de 110% des revenus de l’export.

Mbaye Gueye - 7 décembre 2024

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024
Voir plus

Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM) s'apprête à révolutionner le secteur bancaire marocain en mettant en place un marché secondaire des créances en souffrance.

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

PLF 2025 : impôt sur le revenu, à quels changements s’attendre ?

Économie - Au cœur de cette réforme, l’impôt sur le revenu (IR) fait l’objet d’une révision significative. Selon Mohamed Rahj, professeur à l’Université et consultant expert des questions en fiscalité, l’objectif principal de ce projet est de « rehausser le salaire net des employés sans accroître la charge des employeurs ».

Farah Nadifi - 21 octobre 2024

Coupe du Monde 2030 : la feuille de route

Économie, Sport - Le Maroc, l’Espagne et le Portugal préparent une Coupe du Monde qui marquera l’histoire. Ce projet tripartite dépasse le cadre sportif pour devenir un levier stratégique.

Farah Nadifi - 5 décembre 2024

PLF : voici les principales actions programmées en 2024

Économie - Le projet de loi de Finances (PLF) pour l’année 2024 a été adopté, jeudi 19 octobre, par le Conseil de gouvernement

Manal Ben El Hantati - 23 octobre 2023

Importations de céréales : les chiffres de 2024

Économie - Entre janvier et novembre 2023 et la même période en 2024, les importations totales de produits ont augmenté de 9 %.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Port de Tarfaya : une extension de la halle aux poissons pour 5 millions de dirhams

Économie - Le port de Tarfaya a renforcé son infrastructure avec l’extension de la halle aux poissons comprenant un espace de vente.

Rédaction LeBrief - 19 novembre 2024

Dessalement : le Maroc et les USA unissent leurs forces pour l’avenir de l’eau

Économie - Un atelier organisé par l’ONEE en partenariat avec l’Ambassade des États-Unis met en lumière les dernières avancées technologiques dans le domaine du dessalement.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire