Accueil / Société

Réforme de la Moudawana : à quoi faut-il s’attendre ?

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

En 2004, la Moudawana apparaissait comme étant le début d’une révolution juridique et social, qui a consacré l’égalité du genre tout en améliorant le droit des femmes au sein de la cellule familiale. Aujourd’hui, ce Code de la famille est jugé non adapté au contexte actuel. Une révision fondamentale s’avère donc nécessaire. Alors, à quoi faut-il s’attendre ?

Le dernier discours de la fête u Trône, prononcé par le roi Mohammed VI le 30 juillet dernier, a ouvert la voie à une nouvelle révision à la question du Code de la famille, en lui redonnant sa place parmi les vecteurs du développement du Royaume.

«En qualité d’Amir Al-Mouminine, et comme Je l’ai affirmé en 2003 dans le discours de présentation du Code devant le parlement, Je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé, en particulier sur les points encadrés par des textes coraniques formels», a déclaré le Souverain.

Depuis quelques semaines, le sujet fait l’objet de débats et discussions, appelant à de profonds changements dans le but de dépasser les défaillances et de placer les droits des deux sexes sur un même pied d’égalité, conformément à la Constitution de 2011 et aux accords internationaux ratifiés par le Maroc.

Lire aussi : Code de la famille : le CESE appelle à un débat public responsable

Les ambitions d’Abdellatif Ouahbi

Relations sexuelles hors mariage, mariage des mineures, les mères célibataires, l’avortement… plusieurs mesures ont été annoncées par Abdellatif Ouahbi, en marge d’une rencontre organisée, le 2 novembre dernier à Salé, par la Fondation Fkih Tétouani pour la science, la littérature et les œuvres sociales.

Pour le ministre, il est désormais urgent de réfléchir à la possibilité de mise en place d’un système intégré de justice familiale, compatible avec les besoins sociaux et culturels de la société.

Concernant l’épineuse problématique des mères célibataires, la mesure qui devrait être introduite dans le Code pénal permettra de responsabiliser davantage les parents biologiques. «Si l’ADN prouve qu’une relation extraconjugale entre un homme et une femme a conduit à la grossesse puis à la naissance d’un enfant, l’un des parents de ce dernier doit le prendre en charge jusqu’à ce qu’il atteigne ses 21 ans», a lâché le ministre.

Au sujet du test ADN, Ouahbi a reconnu que celle-ci pose toujours un problème majeur dans le Code pénal, relatif à la religion. «Il faut faire appel à nos oulémas pour une fatwa en la matière», a-t-il ajouté.

Autre point : l’avortement. Le ministre a d’ailleurs exprimé son désaccord vis-à-vis de la procédure actuelle, car selon lui, l’avortement peut être permis dans le cas où la femme enceinte serait d’accord avec son médecin, sans complications juridiques. «C’est le médecin qui doit assumer la responsabilité entière», a-t-il insisté.

Parmi les autres mesures, on cite la criminalisation des pratiques liées au mariage des mineures. En outre, de nouvelles restrictions seraient imposées dans la procédure d’octroi de l’autorisation de polygamie. C’est en effet une plateforme digitale qui permettrait de suivre, avec précision, les cas des mariages et des divorces jusqu’au décès de l’intéressé.

Enfin, Abdellatif Ouahbi a assuré que les indemnités de la femme dans le divorce seront aussi parmi les questions qui seront soulevées. Aussi, la problématique du mariage mixte sera aussi abordée. Plusieurs modifications sont d’ailleurs prévues.

Lire aussi : Pourquoi une réforme de la Moudawana s’impose ?

Droits des femmes : le constat des ONG

Si la Moudawana de 2004 a été porteuse d’espoir d’émancipation pour toutes les femmes marocaines, elle nécessite, selon les associations qui luttent en faveur des droits des femmes, une nouvelle évaluation pour réviser un certain nombre de dispositions dont l’application a montré ses limites et fait encore des victimes.

En exemple, les ONG appellent à repenser à la question de gestion du divorce, à bannir l’article 173 de la Moudawana, qui donne la possibilité au père de faire retirer la garde de l’enfant à la mère, si celle-ci se remarie. Elles exigent, par ailleurs, un large débat impliquant toutes les parties concernées pour un changement majeur et global dans la cohérence et l’égalité.

En conclusion, il reste encore du chemin à faire. Si le référentiel de 2004 semble sur le point d’être abandonné au profit d’un nouveau, il est très important d’établir des mécanismes de responsabilisation pour s’assurer de son application, tout en répondant à l’évolution de la société marocaine.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Casablanca : lancement dimanche prochain de la 10e édition de Sidaction Maroc

Société - La dixième édition de Sidaction Maroc se déroulera du 1er au 31 décembre, a annoncé l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS).

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

Retraites : manifestation prévue, la CIMR répond

Société - La CIMR a publié un communiqué pour rectifier certaines interprétations soulignant qu’elle procède à une revalorisation annuelle.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024

TikTok au Maroc : vers un dialogue pour protéger les valeurs culturelles

Société - Le Maroc intensifie ses efforts pour encadrer la diffusion de contenus négatifs sur la plateforme sociale TikTok

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024

Pourquoi le site Narsa Khadamat est-il hors service ?

Société - Depuis un mois, l’accès au site Narsa Khadamat est impossible. Découvrez la raison de cette interruption.

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2024

Education : Akhannouch préside une réunion de la Commission ministérielle

Société - Aziz Akhannouch a présidé une réunion de la Commission ministérielle en charge de la réforme du système éducatif et du préscolaire.

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2024

La diversité, un pilier de la modernité et du leadership marocain (André Azoulay)

Société - André Azoulay a souligné que le Maroc a fait de la diversité le réacteur central de sa modernité et de son leadership.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

Chaleur et neige au Maroc : une normalité dans la transition automnale

Société - Les fluctuations climatiques au Maroc, marquées par des vagues de chaleur et des chutes de neige, soulèvent des interrogations.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024
Voir plus

Al Akhawayn alumni association se digitalise

Société - L’Association des lauréats de l’université Al Akhawayn franchit une étape dans sa modernisation en lançant une plateforme numérique.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Spoliation immobilière : un homme d’affaire écope de six ans de prison ferme

Société - La Chambre criminelle de première instance a condamné Abdallah Boudrika à six ans de prison ferme pour spoliation immobilière.

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?

Société - Un jeune Marocain sur deux, âgé de 15 à 24 ans, vivant en milieu urbain, est au chômage selon BAM. Le HCP révèle un taux de 13,6 % et 21,3 % d’après le RGPH.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Rabat : les détails du nouveau plan d’aménagement révélés

Société - L'Agence Urbaine de Rabat-Salé a finalement levé le voile sur le projet d’aménagement de la capitale.

Hajar Toufik - 30 août 2023

Recensement 2024 : 36,8 millions d’habitants au Maroc

Société - Le Maroc officialise les chiffres du recensement 2024 : le pays compte désormais 36,8 millions d’habitants.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Le Groupe scolaire de Bourgogne ferme son établissement sans préavis

Société - La fermeture du groupe scolaire est attribuée à des problèmes juridiques signalés dès le début de l’année scolaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire