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À la veille du mois de Ramadan 2024, les Marocains se préparent à accueillir ce mois sacré. Durant cette période, le rythme quotidien subit des modifications notables, notamment en ce qui concerne les horaires de travail. Le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration a annoncé que les administrations, établissements publics et collectivités territoriales adopteront un horaire continu de 09h00 à 15h00, du lundi au vendredi. Cette mesure vise à faciliter la pratique religieuse des fonctionnaires et agents, leur permettant notamment d’accomplir la prière du vendredi en toute sérénité.
En plus des ajustements horaires, le mois de Ramadan est également marqué par une hausse des prix, affectant divers produits de consommation. Cette inflation saisonnière influence le budget des ménages et anime les discussions sur les préparatifs et le vécu du Ramadan.
Entre tradition et inflation
À l’orée du Ramadan, les citoyens assistent à une augmentation prévisible mais toujours surprenante des prix des produits de base, reflétant les fluctuations économiques mondiales et les particularités locales. Le phénomène se manifeste malgré une absence de pénurie de matières premières, signalant une tendance où les coûts s’envolent en prévision d’un mois d’intense consommation. L’indice FAO des prix des produits alimentaires, qui sert de repère international, peine à rassurer les ménages face à la réalité des étiquettes.
En cette période, les marchés se transforment en spectacle où se joue une symphonie de prix en hausse, une mélodie familière mais peu réjouissante pour les consommateurs. La demande en produits essentiels comme la farine, l’huile et les dattes s’intensifie, exacerbant les tensions sur les prix et mettant à l’épreuve le budget des familles. L’économie, déjà éprouvée par une inflation avoisinant les 8% et une sécheresse historique, subit l’impact du conflit ukrainien et des coûts accrus de l’énergie et du transport.
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Le gouvernement déploie des efforts pour atténuer ces pressions, notamment par des subventions et des aides, mais les familles les plus modestes restent particulièrement vulnérables. Malgré une baisse globale de l’indice FAO, les prix locaux résistent à cette tendance, mettant en évidence l’écart entre les marchés internationaux et la réalité marocaine. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à une réforme pour limiter la spéculation et améliorer l’accessibilité des produits.
Entre manque de contrôle et consommation effrénée
Contacté par LeBrief, Ouadie Madih, Président de la Fédération nationale des associations des consommateurs (FNAC), alerte sur ces récentes hausses de prix observées, une tendance qui commence à se faire sentir depuis quelques jours. Par exemple, le prix de la tomate, qui oscillait entre 3 et 4 DH, a grimpé à 7-8 DH. De même, les dattes, comparées à l’année dernière, affichent désormais un tarif plus élevé, passant de 35-40 DH à 50-60 DH. Madih souligne que la semaine précédant le Ramadan, ainsi que la première semaine du mois sacré, sont marquées par une inflation significative, un phénomène récurrent chaque année.
Autre exemple, les oeufs ont vu leur prix augmenter de 1,40 DH à 2 DH l’unité, reflétant la tendance générale des prix à la hausse, qui s’étendra à d’autres produits. Madih rappelle que cette inflation avant et durant le Ramadan est devenue une norme, exploitée par certains professionnels profitant de l’augmentation de la demande. Cette situation est exacerbée par le comportement des consommateurs qui, en prévision du Ramadan, se ruent sur ces produits, provoquant une pression sur l’offre et, par conséquent, une hausse des prix.
Il critique également le manque de régulation et de contrôle de l’administration, pointant du doigt l’absence de surveillance, le stockage clandestin, et les pratiques commerciales douteuses comme facteurs aggravants de cette inflation. Madih déplore le non-respect des affichages de prix, de la chaîne du froid, et la vente à la sauvette, contribuant au déséquilibre entre consommateurs et fournisseurs.
Il met également en évidence le défaut de l’administration à faire respecter la loi chez certains fournisseurs, un problème persistant malgré le rôle attribué aux services de contrôle et de vérification du marché. Cette situation, malheureusement récurrente, souligne la nécessité d’une intervention plus stricte pour protéger les intérêts des consommateurs.
Impact de l’inflation sur le consommateur
Ouadie Madih précise que les récentes hausses des prix auront un impact direct sur le budget quotidien, réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs. Lorsque l’on considère la nécessité de se nourrir, surtout en ce qui concerne les denrées alimentaires de base, les consommateurs n’ont d’autre choix que de subir ces augmentations, car se nourrir n’est pas optionnel. Les fournisseurs, conscients de cette dynamique, peuvent être tentés de fixer les prix à leur avantage, exacerbant ainsi la pression sur les dépenses des ménages.
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Face à des revenus stagnants, les consommateurs sont contraints de réduire leurs dépenses, souvent en commençant par les achats non essentiels. Cependant, une fois ces ajustements atteignent leur limite, d’autres sacrifices deviennent nécessaires. Cette situation doit être analysée dans le contexte plus large des difficultés économiques persistantes depuis 2020, marquées par une inflation continue des prix à la consommation sans augmentation correspondante des revenus, mettant les consommateurs dans une position de plus en plus précaire.
Répercussions économiques
Cette pression inflationniste constante nuit également à l’économie dans son ensemble. Une augmentation des prix entraîne souvent une baisse de la consommation, affectant non seulement les consommateurs mais aussi les entreprises elles-mêmes. Pour une entreprise, la réalisation d’un chiffre d’affaires suffisant est nécessaire pour assurer sa survie et sa continuité; sans clients pour acheter leurs produits, elles risquent de disparaître. Cette dynamique crée un cercle vicieux qui, sans un équilibre et une coopération adéquats entre tous les acteurs économiques, peut mener à une situation économique critique.
Néanmoins, le marché dicte souvent sa propre loi, laissant peu de marge de manœuvre pour contrôler pleinement les prix. Au-delà des considérations économiques, le Ramadan demeure un moment de spiritualité et de partage, où le contenu du couffin symbolise à la fois la précarité et l’espoir d’une communauté unie dans la foi et la tradition.
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