Accueil / Société

Ramadan 2024 : un mois de piété ébranlé par l’inflation

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

Un phénomène économique récurrent capte l’attention durant le mois de Ramadan : l’escalade des prix des denrées alimentaires. Alors que ce mois sacré débute demain, la perspective d’une inflation sur certains produits essentiels, particulièrement ceux fréquemment consommés durant cette période, devient un sujet brûlant. L’impact de telles augmentations sur le budget quotidien des ménages interpelle, soulevant des interrogations sur le coût de vie durant le Ramadan. Ouadie Madih, à la tête de la Fédération nationale des associations des consommateurs (FNAC), s’attaque à ces questions cruciales, offrant des éclaircissements sur ce que les consommateurs peuvent anticiper cette année et les répercussions possibles sur leur pouvoir d’achat.

À la veille du mois de Ramadan 2024, les Marocains se préparent à accueillir ce mois sacré. Durant cette période, le rythme quotidien subit des modifications notables, notamment en ce qui concerne les horaires de travail. Le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration a annoncé que les administrations, établissements publics et collectivités territoriales adopteront un horaire continu de 09h00 à 15h00, du lundi au vendredi. Cette mesure vise à faciliter la pratique religieuse des fonctionnaires et agents, leur permettant notamment d’accomplir la prière du vendredi en toute sérénité.

En plus des ajustements horaires, le mois de Ramadan est également marqué par une hausse des prix, affectant divers produits de consommation. Cette inflation saisonnière influence le budget des ménages et anime les discussions sur les préparatifs et le vécu du Ramadan.

Entre tradition et inflation

À l’orée du Ramadan, les citoyens assistent à une augmentation prévisible mais toujours surprenante des prix des produits de base, reflétant les fluctuations économiques mondiales et les particularités locales. Le phénomène se manifeste malgré une absence de pénurie de matières premières, signalant une tendance où les coûts s’envolent en prévision d’un mois d’intense consommation. L’indice FAO des prix des produits alimentaires, qui sert de repère international, peine à rassurer les ménages face à la réalité des étiquettes.

En cette période, les marchés se transforment en spectacle où se joue une symphonie de prix en hausse, une mélodie familière mais peu réjouissante pour les consommateurs. La demande en produits essentiels comme la farine, l’huile et les dattes s’intensifie, exacerbant les tensions sur les prix et mettant à l’épreuve le budget des familles. L’économie, déjà éprouvée par une inflation avoisinant les 8% et une sécheresse historique, subit l’impact du conflit ukrainien et des coûts accrus de l’énergie et du transport.

Lire aussi : Ramadan 2024 : le Maroc envoie une délégation scientifique de 364 personnes à travers le monde

Le gouvernement déploie des efforts pour atténuer ces pressions, notamment par des subventions et des aides, mais les familles les plus modestes restent particulièrement vulnérables. Malgré une baisse globale de l’indice FAO, les prix locaux résistent à cette tendance, mettant en évidence l’écart entre les marchés internationaux et la réalité marocaine. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à une réforme pour limiter la spéculation et améliorer l’accessibilité des produits.

Entre manque de contrôle et consommation effrénée

Contacté par LeBrief, Ouadie Madih, Président de la Fédération nationale des associations des consommateurs (FNAC), alerte sur ces récentes hausses de prix observées, une tendance qui commence à se faire sentir depuis quelques jours. Par exemple, le prix de la tomate, qui oscillait entre 3 et 4 DH, a grimpé à 7-8 DH. De même, les dattes, comparées à l’année dernière, affichent désormais un tarif plus élevé, passant de 35-40 DH à 50-60 DH. Madih souligne que la semaine précédant le Ramadan, ainsi que la première semaine du mois sacré, sont marquées par une inflation significative, un phénomène récurrent chaque année.

Autre exemple, les oeufs ont vu leur prix augmenter de 1,40 DH à 2 DH l’unité, reflétant la tendance générale des prix à la hausse, qui s’étendra à d’autres produits. Madih rappelle que cette inflation avant et durant le Ramadan est devenue une norme, exploitée par certains professionnels profitant de l’augmentation de la demande. Cette situation est exacerbée par le comportement des consommateurs qui, en prévision du Ramadan, se ruent sur ces produits, provoquant une pression sur l’offre et, par conséquent, une hausse des prix.

Il critique également le manque de régulation et de contrôle de l’administration, pointant du doigt l’absence de surveillance, le stockage clandestin, et les pratiques commerciales douteuses comme facteurs aggravants de cette inflation. Madih déplore le non-respect des affichages de prix, de la chaîne du froid, et la vente à la sauvette, contribuant au déséquilibre entre consommateurs et fournisseurs.

Il met également en évidence le défaut de l’administration à faire respecter la loi chez certains fournisseurs, un problème persistant malgré le rôle attribué aux services de contrôle et de vérification du marché. Cette situation, malheureusement récurrente, souligne la nécessité d’une intervention plus stricte pour protéger les intérêts des consommateurs.

Impact de l’inflation sur le consommateur

Ouadie Madih précise que les récentes hausses des prix auront un impact direct sur le budget quotidien, réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs. Lorsque l’on considère la nécessité de se nourrir, surtout en ce qui concerne les denrées alimentaires de base, les consommateurs n’ont d’autre choix que de subir ces augmentations, car se nourrir n’est pas optionnel. Les fournisseurs, conscients de cette dynamique, peuvent être tentés de fixer les prix à leur avantage, exacerbant ainsi la pression sur les dépenses des ménages.

Lire aussi : Ramadan 1445 : quoi qu’il en coûte !

Face à des revenus stagnants, les consommateurs sont contraints de réduire leurs dépenses, souvent en commençant par les achats non essentiels. Cependant, une fois ces ajustements atteignent leur limite, d’autres sacrifices deviennent nécessaires. Cette situation doit être analysée dans le contexte plus large des difficultés économiques persistantes depuis 2020, marquées par une inflation continue des prix à la consommation sans augmentation correspondante des revenus, mettant les consommateurs dans une position de plus en plus précaire.

Répercussions économiques

Cette pression inflationniste constante nuit également à l’économie dans son ensemble. Une augmentation des prix entraîne souvent une baisse de la consommation, affectant non seulement les consommateurs mais aussi les entreprises elles-mêmes. Pour une entreprise, la réalisation d’un chiffre d’affaires suffisant est nécessaire pour assurer sa survie et sa continuité; sans clients pour acheter leurs produits, elles risquent de disparaître. Cette dynamique crée un cercle vicieux qui, sans un équilibre et une coopération adéquats entre tous les acteurs économiques, peut mener à une situation économique critique.

Néanmoins, le marché dicte souvent sa propre loi, laissant peu de marge de manœuvre pour contrôler pleinement les prix. Au-delà des considérations économiques, le Ramadan demeure un moment de spiritualité et de partage, où le contenu du couffin symbolise à la fois la précarité et l’espoir d’une communauté unie dans la foi et la tradition.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Vers un Maroc sans SIDA d’ici à 2030

Société - La Journée mondiale de lutte contre le SIDA, célébrée ce 29 novembre à Agadir, a marqué un moment clé pour le Maroc.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Aïn Sebaa : un zoo de 13 hectares prêt pour 2025

Société - Le Conseil communal de Casablanca, sous la direction de Nabila Rmili, a validé le projet de gestion déléguée du zoo de Aïn Sebaa.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Casablanca : le parking «Triangle des Hôtels» sera inauguré la semaine prochaine (Rmili)

Société - Le parking souterrain « Triangle des Hôtels », à Casablanca, sera opérationnel dès la semaine prochaine

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Hajj 1446 : la date de la deuxième phase de règlement fixée

Société - Le ministère des Habous et des Affaires Islamiques communique sur le règlement des frais du Hajj pour la saison 1446

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

La France inaugure son nouveau consulat général à Tanger

Société - Le consulat est installé dans un bâtiment chargé d’histoire, ancienne résidence des consuls généraux jusqu’en 2021.

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

Oujda : réseau de trafic d’or démantelé, cinq arrestations

Société - Cinq individus appréhendés à Oujda par les autorités locales, en collaboration avec la DGST soupçonnés de faire partie d’un réseau international de trafic d’or.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Réhabilitation des forêts à Kénitra : l’ANEF présente les avancées de la stratégie « du Maroc 2020-2030»

Société - L'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a organisé une visite de terrain dans la forêt de Maâmoura, située dans la province de Kénitra

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Handicap : qui a réellement accès à la scolarité ?

Société - Au Maroc, le droit à l’éducation pour tous est inscrit dans la Constitution et soutenu par divers traités internationaux. Pourtant, pour les enfants en situation de handicap (ESH), ce droit demeure dans bien des cas, théorique.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024
Voir plus

Réforme des retraites : première présentation prévue en janvier

Société - Nadia Fettah, a annoncé que le gouvernement se prépare à présenter un premier aperçu de la réforme des régimes de retraite dès janvier prochain.

Ilyasse Rhamir - 31 décembre 2024

La plateforme E-Police opérationnelle

Société - Conçue avec des technologies avancées, E-Police est désormais opérationnelle pour toute activité en ligne.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Prestation de serment du 39e contingent des appelés au service militaire

Société - Le 39e contingent des appelés au service militaire a prêté serment, jeudi, lors de cérémonies organisées dans divers centres de formation.

Mbaye Gueye - 27 décembre 2024

Alerte météo : chutes de neige, vague de froid et averses orageuses de dimanche à mercredi

Société - La DGM a émis un bulletin d’alerte de niveau « orange » annonçant des chutes de neige, une vague de froid et des averses orageuses.

Rédaction LeBrief - 29 décembre 2024

Ifrane : une mobilisation face aux risques de fortes chutes de neige

Société - Une réunion s’est tenue vendredi à Ifrane pour planifier des mesures préventives face aux fortes chutes de neige annoncées.

Rédaction LeBrief - 28 décembre 2024

Rentrée scolaire 2022-2023 : formation de 8.000 éducateurs pour le préscolaire

Société - Le nouveau programme de formation en préscolaire a pour objectif de former 8.000 éducateurs, dont 98% de femmes, pour la rentrée scolaire 2022/2023.

Manal Ben El Hantati - 24 août 2022

Tunisie : une attaque fait quatre morts à Djerba

Afrique, Société -Le pèlerinage juif de la Ghriba en Tunisie s'est achevé dans le sang, suite à une attaque armée qui fait 4 morts.

Hajar Toufik - 10 mai 2023

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire