Quelle année politique !
Dans l’histoire des nations, certaines années s’imposent comme des tournants s’annonçant plus rudes que les autres. Dans le cas du Maroc, 2024 s’inscrit comme celle du changement pour de meilleures perspectives. Entre douze mois de défis, de réussites et de reconfigurations stratégiques, chaque événement a tracé les contours d’un Maroc déterminé qui affirme son identité sur la scène régionale et internationale.
Les grandes retrouvailles
L’année retiendra le mois de juillet. Ce fut celui où la France, par la voix de ses dirigeants, a officiellement reconnu le plan d’autonomie marocain pour le Sahara comme la seule base crédible et sérieuse pour une solution durable. Cet acte diplomatique, au-delà de sa portée symbolique, a profondément redéfini les relations géopolitiques dans la région. Pour le Maroc, c’est une victoire diplomatique éclatante. L’Algérie, elle, n’a pas tardé à exprimer son mécontentement.
Dans ce sens, le président français, Emmanuel Macron, s’est rendu à Rabat. Une visite attendue, qui vient sceller la réconciliation entre deux alliés stratégiques. Entre poignées de mains officielles et accords d’une valeur dépassant les 10 milliards d’euros. On a vu se dessiner un «nouveau cadre stratégique».
Le gouvernement sous le feu des critiques
2024 fut également une année de turbulences internes pour le gouvernement Akhannouch. À mi-mandat, l’exécutif a tenté de défendre son bilan, mettant en avant l’extension de l’assurance-maladie obligatoire, la réforme éducative et de la famille. Mais ces efforts n’ont guère convaincu une opposition qui n’a cessé de dénoncer le chômage persistant, la précarité sociale et la lenteur des réformes structurelles.
À noter que ce même gouvernement a connu un remaniement ministériel au mois d’octobre où 14 nouveaux membres ont été nommés. Cette décision a fait débat sur les compétences de certains en tant que ministres, étant-donné qu’ils n’ont jamais exercé dans la fonction publique.
Par ailleurs, certains analystes soulignaient, dès le début de cette année, la nécessité de l’État d’affermir la crédibilité de sa parole pour regagner la confiance des citoyens. En effet, dans un contexte économique et social tendu, le fossé entre les promesses et les réalisations semble toujours se creuser. Pour y faire face, un effort notable a été fourni pour renforcer cette transparence citoyenne.
Dans ce sens, le rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le gouvernement marocain a mis en lumière les progrès accomplis, mais aussi les défis restant à relever. Ces réformes, bien que saluées, nécessiteront une mise en œuvre rigoureuse pour répondre aux attentes croissantes de la société marocaine.
Donald Trump synonyme d’espoir pour le Sahara
Au-delà des frontières, la politique marocaine a trouvé un écho particulier dans le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en novembre 2024. Pour Rabat, ce retour a ravivé l’espoir d’une continuité dans le soutien américain au dossier du Sahara. L’installation d’un consulat américain à Dakhla est désormais une attente légitime, puisque le gouvernement Trump semble favorable à cette initiative.
D’autre part, du côté de l’Amérique latine, le Maroc continue de diversifier ses partenariats, notamment en renforçant ses liens avec le Chili. En janvier, les deux nations ont réactivé l’ensemble des mécanismes de leur coopération bilatérale qui s’étendent sur divers secteurs, tel que l’agriculture, le tourisme, l’énergie et le transport maritime, ouvrant ainsi, la voie à des collaborations renforcées dans des domaines stratégiques.
Lire aussi: Trump de retour : quel impact sur le Maroc ?
Les tensions maroco-algériennes continuent
Par contre, l’horizon n’a pas été totalement dégagé. Tout au long de l’année, les relations avec l’Algérie ont continué de s’envenimer. Chaque geste diplomatique en faveur du Maroc, qu’il vienne de Paris ou de Washington, a été perçu comme une provocation par Alger. Ces tensions, inscrites depuis longtemps, rappellent à quel point la stabilité régionale demeure un défi majeur pour le Royaume.
Ainsi se referme 2024, une année dense, complexe, mais ô combien révélatrice des dynamiques profondes qui animent le Maroc. Entre diplomatie audacieuse, réformes internes et défis persistants, le royaume a démontré qu’il savait naviguer dans les eaux parfois troubles du changement, refusant de se laisser définir par les autres.