Édifiant, spectaculaire, hilarant… La prouesse des Lions de l’Atlas dans le Mondial qatari a émerveillé tout Marocain où qu’il soit, mais aussi les citoyens de toute la planète. Même si Abderrazak Khairi, le bourreau du Portugal en 1986 prédit une nouvelle surprise ce szmedi, quel que soit le résultat du match contre le Portugal, nous avons déjà gagné. La qualification historique en quarts de finale a honoré le Maroc et tous les pays arabes. Elle a surtout prouvé que ce pays possède les moyens d’aller très loin et de faire partie des grands. Il suffirait de croire en nos rêves et de travailler avec notre cœur pour les réaliser.
Cette Coupe du monde a aussi démontré la passion du ballon rond chez les Marocaines, grandes supportrices de l’équipe nationale. Quant au hashtag #DirNiyya, qui reprend l’expression fétiche de Regragui, il est devenu viral et repris par tous les médias.
«L’impossible n’est pas marocain»
Cheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, vice-président des Émirats arabes unis, a écrit dans un tweet : «L’impossible n’est pas marocain… L’impossible n’est pas arabe… Nous sommes fiers de vous, Lions et hommes du Maroc. Nous sommes fiers de vous devant le monde». Ce tweet résume bien la fierté provoquée par la sélection marocaine dans les pays arabes, islamiques et africains. Voir des millions de personnes sortir fêter l’exploit des Lions de l’Atlas dans les quatre coins du monde nous donne du baume au cœur. Le Maroc est devenu la première nation africaine à être première de son groupe. C’est une bouffée d’oxygène pour tous les pays du Sud.
Ce succès, on le doit en grande partie à Walid Regragui, cet ex-MRE quadragénaire qui a su insuffler un nouvel état d’esprit à une équipe devenue une véritable famille en l’espace de trois mois. «Il faut oser, rêver… C’est possible de gagner la Coupe du Monde», disait coach Walid. Aujourd’hui, nous sommes à 270 minutes d’être champion du monde… Qui l’eût cru alors que notre plus grand espoir était d’égaler la réalisation de la sélection de 1986, première en Afrique à avoir atteint les huitièmes de finale au Mondial ? Le plafond de verre est brisé, aujourd’hui tout est possible.
Un peuple joyeux
«Badr Banoun allait nous rappeler la cherté de la vie», commente ironiquement un supporter marocain. Il fait référence au tir au but raté de Banoun contre l’Espagne. Mais ce commentaire révèle une chose : les Lions de l’Atlas ont fait oublier à la majorité des Marocains la morosité ambiante et les tracas quotidiens. Le Onze national a fait sortir tout le monde dans les rues pour célébrer comme il se doit un exploit qui restera à jamais gravé dans la mémoire collective. Même le chef de l’État y a pris part dans les rues de la capitale. La symbiose entre la base et le sommet n’est plus à prouver. Les images fortes n’ont pas manqué : Nasser Bourita en train de siffler, Abdellatif Hammouchi et Mohamed Yassine Mansouri se détachant de leurs fonctions et réagissant à la victoire de l’équipe nationale, Fouzi Lekjaâ accueilli avec l’hymne national au Parlement, Skyline et show des drones au rouge étoilé vert à Doha, les Champs-Élysées aux couleurs du Maroc… L’instant est magique et il faut prendre le temps de le savourer.
Une solidarité sans faille
Algériens, Tunisiens, Égyptiens, Palestiniens, Saoudiens, Qataris… Tous les Arabes soutiennent les Lions de l’Atlas. Les Africains ne sont pas en reste et sont derrière le dernier représentant du continent au Mondial. Des supporters d’autres nationalités ont aussi exprimé leur joie dans les rues des métropoles européennes et nord-américaines après la victoire du Maroc contre l’Espagne. Il est rare aussi de voir un acteur faire objet d’unanimité de la part de protagonistes comme le Hammas et Israël. L’Iran, dont les relations diplomatiques avec le Maroc sont rompues depuis 2018, a présenté ses félicitations par la voix du porte-parole du ministre des Affaires étrangères.
Soft power
Grâce au parcours des Lions de l’Atlas au Mondial, les recherches Google et les tweets en rapport avec le Maroc ont atteint des records. L’Office national marocain du tourisme (ONMT) peut faire des économies sur son budget 2023. Les citoyens du monde entier connaissent désormais le Royaume, un pays ouvert avec un capital humain extraordinaire et des patriotes prêts à défendre leur patrie quoi qu’il en coûte. Aucune stratégie de communication ne peut égaler cette image positive dégagée par Walid Regragui et ses poulains. Il faut dire que le sport, représenté par le plus grand événement planétaire qu’est la Coupe du monde de football, est devenu un facteur majeur de soft power.
Dans les années 1980, les membres de l’équipe nationale ayant excellé lors du Mondial 1986 et les athlètes Saïd Aouita et Nawal El Moutawakkil qui ont brillé lors des Jeux olympiques de 1984 aux USA ont permis de faire connaître le Maroc de l’aveu même de feu Hassan II. L’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani et sa petite famille, n’ont pas hésité à sortir de leur retrait naturel pour encourager l’équipe du Maroc. En plus d’exprimer sa joie après la qualification du Maroc en huitièmes de finale, l’émir offrira des milliers de tickets aux supporters marocains pour le match Maroc-Espagne. C’est que le parcours de l’équipe marocaine participe au succès de ce Mondial. Plus loin ira cette unique équipe arabe, plus fort sera l’engouement pour cette Coupe du monde avec des milliers de supporters arabes sur place.
Plus encore, un récent sondage fait ressortir le Maroc comme la sélection préférée des supporters qui ont vu leurs équipes éliminées au premier tour de la Coupe du monde.
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Se sacrifier pour l’étendard national
Les jeunes joueurs marocains nous ont fait pleurer… de joie. Ils nous ont aussi émus, eux que les médias espagnols ont qualifié de sélection de l’ONU. Ces Marocains d’ici et d’ailleurs ont pourtant prouvé qu’ils se battent jusqu’au bout pour le drapeau marocain. Qu’importe les douleurs et les blessures, ils défendent corps et âme leur pays au grand dam de leurs clubs respectifs. Voir les joueurs embrasser les mains et les têtes de leurs mamans à la fin du match n’a pas de prix. C’est ça la famille marocaine, ce sont là nos valeurs. L’attachement au pays de tout le staff présent au Qatar est indiscutable.
Interrogé sur l’appel royal après la victoire contre l’Espagne, Walid Regragui a répondu : «C’est quelque chose d’extraordinaire, surtout pour un Marocain. Ses mots nous poussent toujours à faire plus et nous montrent toujours le chemin pour qu’on donne le maximum. Son discours est toujours le même. Il est fier de nous et ça nous donne envie de nous surpasser encore plus. La politique qu’il a mis en place, tout ce qu’il a fait pour le football, pour le Maroc, nous, on essaie de le rendre sur le terrain pour montrer que le Maroc est en train d’avancer et qu’on est un peuple qui a envie de grandir aussi. Par le biais du football, on peut aussi montrer que notre pays est un grand pays (…) On se voit pour les Marocains et pour Sa Majesté. C’est quelqu’un qui nous rassemble et qui nous donne cette force».
Mille mercis
Quel que soit le résultat du match contre le Portugal, un grand merci aux 26 Lions de l’Atlas en mission au Qatar sous la houlette du grand coach Walid Regragui et de son staff technique sans oublier les équipes médicale et fédérale. Ce n’est pas du chauvinisme mais les nôtres, qu’ils aient été alignés ou pas, ont été les meilleurs ambassadeurs de leur pays dans ce Mondial. On doit être reconnaissant aux gardiens Yassine Bounou, Munir Mohamedi et Ahmed Reda Tagnaouti. Le peuple marocain n’oubliera jamais les défenseurs Achraf Hakimi, Noussair Mazraoui, Badr Benoun, Nayef Aguerd, Romain Saiss, Yahya Attiat Allah, Jawad El Yamiq et Achraf Dari. Une pensée sincère aux milieux de terrain Sofyan Amrabet, Selim Amallah, Bilal El Khannouss, Azzedine Ounahi, Yahya Jabrane et Abdelhamid Sabiri. Chapeau bas aux attaquants Hakim Ziyech, Youssef En-Nesyri, Abdessamad Ezzalzouli, Zakaria Aboukhlal, Sofiane Boufal, Anass Zaroury, Ilias Chair, Walid Cheddira et Abderrazak Hamdallah.
Dans un post sur les réseaux sociaux, Dr Nadia Bennouna disait de Walid Regragui : «Un homme comme on aimerait en avoir dans tous les domaines…droit, honnête, patriote (…) Rêve pour un grand Maroc (…) Il a uni des personnalités très différentes. Il a su faire converger des visions très divergentes. Je suis médecin et je rêverai de voir un ministre comme ça (…) Aimer tous les Marocains et tout faire pour qu’ils soient les meilleurs». Un message très émouvant qu’elle conclut ainsi : «Malgré toutes les turpitudes et les vicissitudes de la vie, les Marocains sont restés infaillibles et rien n’ébranle leur amour pour leur pays. Messieurs les dirigeants de ce pays exceptionnel, prenez exemple sur Walid Regragui et tous les Marocains seront derrière vous comme ils le sont maintenant derrière cet homme qui a su leur prouver son grand amour pour eux. On t’aime coach».
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Le Maroc vit un momentum favorable. Grâce à Walid Regragui et ses poulains, l’espoir renaît et la fibre patriotique vibre aux mouvements des Lions de l’Atlas désormais sur le toit de l’Afrique. Les supporters marocains, classés numéro 2 mondialement, ont prouvé que nous sommes un peuple qui a le football dans le sang et qui mérite d’organiser sa propre Coupe du monde. Vieillards et enfants étaient de la fête. En Mondovision, on a regardé les fans de l’équipe nationale nettoyant le stade Al Bayt à la fin du match contre la Croatie. Un public discipliné voire exemplaire ! Le Mondial qatari aura des retombées très positives pour le Royaume. Il faudrait capitaliser sur ça et permettre à toute une nation de surfer sur des ondes positives et de rêver pour construire un meilleur avenir.
4e place au Mondial : à l’origine de l’exploit
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