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Qatar 2022 : entre excitation et appréhension

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Image d'illustration © DR

À la fierté de voir le Maroc participer à la Coupe du monde (CDM) de football pour la 6e fois, s’ajoute celle de voir le Mondial se dérouler pour la première fois dans un pays arabo-musulman. Mais le Mondial qatari, qui débute le dimanche 20 novembre et se poursuit jusqu’au 18 décembre, ne fait pas l’unanimité. Entre les polémiques sur les droits humains et les dates inhabituelles du tournoi, en hiver, les aficionados du ballon rond redoutent qu’il n’y ait pas « une vraie atmosphère de Coupe du monde » au Qatar.

Droits des travailleurs étrangers bafoués, stades climatisés en période d’urgence climatique, faux supporters payés par le Comité d’organisation de Qatar 2022 pour faire « monter la fièvre du Mondial« … L’organisation de ce Mondial a nécessité des investissements hors-normes, évalués par certaines sources autour de 200 milliards d’euros, dont environ 35 milliards pour le métro et 6,5 milliards pour les stades de 40.000 à 80.000 places dont Al Thumama, symbole de la riche culture et des traditions arabes.

Le stade Al Thumama pour Qatar 2022

Le stade Al Thumama © DR

Depuis plusieurs semaines, les critiques fusent de partout contre le petit Etat gazier du Golfe arabique alors que la Fédération internationale de football association (FIFA) reste muette. Que pourrait dire son président, Gianni Infantino, lui qui a succédé à Sepp Blatter à la tête de la FIFA en plein scandale de corruption en 2016 ?

Infantino et l'Emir du Qatar

Infantino et l’Emir du Qatar en visite au Centre des expositions de Doha quelques jours avant le coup d’envoi du Mondial © DR

Disons qu’il aura au moins essayé de convaincre les dirigeants réunis lors du Sommet du G20 en Indonésie, si ce n’est pour mettre un terme à la guerre en Ukraine, au moins d’envisager un cessez-le-feu lors de la compétition. Infantino a martelé : «Peut-être que la Coupe du Monde 2022, qui débute dans cinq jours, peut être un catalyseur. Je m’adresse aujourd’hui à vous tous pour vous demander d’envisager un cessez-le-feu temporaire d’un mois, le temps de la Coupe du Monde, ou au moins de mettre en place des couloirs humanitaires ou toute autre mesure susceptible de conduire à une reprise du dialogue et de nous ramener sur le chemin de la paix. Vous êtes les dirigeants du monde ; vous avez le pouvoir de changer le cours de l’histoire». Hélas, ce vœu pieux ne trouvera pas d’écho auprès des protagonistes de cette guerre. Infantino le sait très bien. Le sport n’est plus qu’accessoire. C’est une machine à sous pour les commanditaires et un défouloir pour le grand public.

Regarder aussi : Qatar : les petites mains de l’émirat

Menaces de boycott

Cette Coupe du Monde est sans doute la plus politisée de toute l’histoire. Boycotter pour « faire passer un message ». Plusieurs équipes qualifiées pour les phases finales du Mondial avaient menacé de ne pas se rendre au Qatar parce qu’ils ne pourraient pas faire la fête sur un cimetière. Ils faisaient ainsi référence aux ouvriers morts sur les chantiers de la CDM. Mais finalement, aucun pays n’a osé franchir le pas et boycotter la compétition. Les supporters sont au rendez-vous avec un avion toutes les 50 secondes.

Des supporters indiens pour soutenir l'équipe de France pour le mondial Qatar 2022

Des supporters indiens pour soutenir l’équipe de France © DR

Les inconditionnels des Lions de l’Atlas sont également présents. En plus de la communauté marocaine installée au Qatar et dans les autres pays du Golfe, l’équipe nationale peut compter sur les supporters venus du Maroc. La compagnie nationale a lancé la commercialisation de 3.000 billets subventionnés au prix de 5.000 DH (aller-retour) avec un programme de vols renforcé entre Casablanca et Doha.

Du côté des stades, tous les tickets mis en vente par la FIFA ont trouvé preneurs, selon un membre du Comité d’organisation qui reconnaît tout de même que la plus grande part des billets ont été achetés par les résidents du pays hôte. Résultat des courses : si boycott il y a, il sera observé dans certaines villes européennes ni plus ni moins.

Certaines cités ont décidé de boycotter la Coupe du monde de football au Qatar. Pas de retransmissions publiques des rencontres malgré la participation de leurs équipes nationales, pas d’écrans géants ni de fan zones installés. Chez nous, le Mondial qatari sera pleinement suivi par le public marocain dans les espaces publics des grandes agglomérations à l’image de Casablanca. La métropole abrite des villages d’animation installés au Complexe sportif Mohammed V, à Anfa Park et au Morocco Mall.

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Cher Mondial !

Au-delà des inquiétudes éthiques relatives aux spécificités culturelles du pays d’accueil ou des contraintes budgétaires liées à la crise inflationniste mondiale, nombreux sont les amoureux du foot qui ont décidé de se rendre au Qatar coûte que coûte. Ainsi, 70.000 Mexicains et 30.000 Argentins sont attendus dans l’émirat. Selon les aficionados du sport roi, ce Mondial est le plus cher de l’histoire avec un coût du voyage avoisinant les 7.000 euros pour un séjour d’un mois dans un logement dans de petits préfabriqués. Quant aux fans arabes, ils auraient préféré que la première nation arabe à accueillir ce prestigieux événement propose des prix préférentiels au public de la région, surtout que la tradition du football est plus récente dans les pays du Golfe qu’ailleurs dans le monde arabe. Il est évident que la pratique du ballon rond s’est développée dans la péninsule arabique dans les années 1970, bien plus tard qu’au Machreq ou au Maghreb. Dans les pays du Golfe, on regarde le foot à la télévision. C’est aussi un outil de ‘‘soft power’’.

Qui soulèvera le trophée le 18 décembre prochain ?

La France, championne du monde en 1998 et 2018, part favorite avec une équipe soudée autour du sélectionneur Didier Deschamps.

Comme à chaque édition de la CDM, le Brésil figure naturellement dans le liste des favoris. Le pays de Pelé n’a plus remporté la CDM depuis 2002. Il fera tout pour décrocher son 6e sacre mondial.

L’Argentine semble aussi déterminée à en découdre avec ses adversaires au Qatar. Après une série de victoires impressionnante, les coéquipiers de Messi sont à surveiller de près.

Avec Harry Kane, Raheem Sterling, Phil Foden, Mason Mount et Trent Alexander-Arnold, l’Angleterre veut briser la malédiction et veut renouer avec un trophée planétaire qui lui échappe depuis 1966.

La Mannschaft s’est réveillée après des années d’hibernation. Sous la houlette de Hans-Dieter Flick, l’équipe nationale allemande, triple championne du monde veut prouver qu’elle fait partie des prétendants au titre.

Nation phare du ballon rond, l’Espagne veut, avec son coach Luis Enrique, tirer le meilleur profit de son groupe et accéder au moins au carré final de cette CDM.

Médaillée de bronze de la Coupe du monde 2018 en Russie, les Diables rouges seront redoutables et vont causer beaucoup de soucis dans le groupe du Maroc. Avec Kevin De Bruyne (Manchester City) ou encore Thibaut Courtois (Real Madrid), l’équipe belge a de quoi inquiéter ses adversaires.

Le Portugal possède des joueurs talentueux dans toutes les lignes. L’équipe est capable d’aller très loin lors du Mondial, selon les observateurs sportifs.

Ecouter aussi : Coupe du monde : les groupes, les équipes, les favoris

Stars du Mondial Qatar 2022

Les plus grands joueurs de football sont au Qatar pour prendre part à la CDM. Ils tenteront de mener leurs sélections le plus loin possible. L’Argentin Lionel Messi et le Portugais Cristiano Ronaldo, respectivement, septuple et quintuple ballons d’or, disputeront sans doute leur dernier mondial. Ils se donneront à fond pour essayer de porter ce trophée qui leur a toujours échappé.

Plus jeune et plus en forme, le Brésilien Neymar pourra confirmer sa suprématie lors du Mondial qatari. Favori pour cette édition, le Brésil pourra décrocher une 6e étoile grâce à l’apport du joueur du PSG et d’un Vinicius Junior étincelant ces derniers mois avec le Réal Madrid.

Il a été récompensé du Ballon d’Or il y a quelques semaines pour l’ensemble de son œuvre et surtout une année exceptionnelle. Karim Benzema compte terminer l’année en apothéose avec les Bleus, lui qui est classé cinquième des meilleurs buteurs de l’histoire de la sélection française avec 37 réalisations en 97 rencontres officielles malgré son absence lors du sacre des Bleus il y a quatre ans en Russie.

Le maestro Kevin De Bruyne est âgé de 31 ans et pourrait lui aussi participer à sa dernière CDM. Les Diables rouges comptent sur son talent de distribution du jeu, comme il le fait avec Manchester City.

Tout le monde attendait de voir les performances du Sénégalais Sadio Mané, joueur du Bayern, lors de la CDM. Finalement, Mané a déclaré forfait. Le capitaine de la sélection sénégalaise a déclaré forfait en raison de sa blessure au péroné droit. Quel dommage…

Le Maroc très impliqué

Après les CDM 1970 et 1986 au Mexique, 1994 aux Etats-Unis, 1998 en France et 2018 en Russie, les Lions de l’Atlas tenteront de faire revivre au public marocain l’épopée de 1986 avec une qualification en huitièmes de finales.

Le sélectionneur national, Walid Regragui, a promis de porter haut les couleurs nationales lors ce rendez-vous footballistique mondial malgré un groupe F difficile. Le onze national croisera le fer avec la Croatie, la Belgique et le Canada. Le forfait d’Amine Harit a quelque peu brouillé les cartes mais Regragui demeure confiant et ses poulains déterminés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Des centaines de jeunes  marocains et marocaines ont été recrutés depuis le mois de mars en tant que stadiers, guichetiers et hôtesses d’accueil. Autre élément non négligeable : les services sécuritaires marocains épaulent leurs homologues qataris pour sécuriser ce Mondial.

Lire aussi : Football : l’opium du peuple

Les 2,9 millions d’habitants du Qatar vont accueillir pendant les quatre prochaines semaines toute la planète foot avec ses joueurs, ses entraîneurs, ses staffs techniques, ses arbitres et près de 1,5 million de supporteurs étrangers. De par le monde, des millions de téléspectateurs suivront les matchs de ce 22e Mondial à travers le diffuseur officiel de la Coupe du Monde de la FIFA, beIN SPORTS, en plus des diffuseurs nationaux qui ont acheté les droits de retransmission de l’intégralité des 64 matchs de la compétition ou d’une partie d’entre eux. Quoiqu’on en dise aujourd’hui, cette Coupe du monde décalée pour la fin d’année, compte tenu du climat aride au Qatar, doit constituer une véritable fête pour le monde entier. Il est trop tard pour polémiquer autour de questions qui devaient peser dans la balance le 2 décembre 2010. Ce jour-là, la FIFA a décidé de confier l’organisation du Mondial 2022 au Qatar. Ce 20 novembre 2022, il faudra transcender tout ça et vivre pleinement cet événement créé pour inspirer l’humanité. Alors, «Aalwaaad» (Now is all) !

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