Image d’illustration. © DR
Face à une époque de turbulences économiques, géopolitiques et sociétales, les dirigeants maintiennent une confiance mesurée dans l’avenir de leurs entreprises, tout en s’adaptant à un environnement incertain. Cette tendance ressort de la 27ème enquête mondiale de PwC. Le cabinet a, à cet effet, sondé 4.702 dirigeants, révélant leur effort pour équilibrer transformation et gestion des risques continus, tout en focalisant sur la valeur et la durabilité des entreprises.
Les dirigeants marocains optimistes face aux défis
L’édition 2024 de l’enquête de PwC révèle une nette remontée de la confiance des dirigeants marocains envers l’économie nationale. De façon impressionnante, 90% d’entre eux se disent optimistes quant à la croissance économique du Maroc dans l’année à venir. Cette confiance retrouvée, alignée sur les niveaux de 2022, contraste avec le déclin global de confiance observé entre 2022 et 2023. Elle était, en effet, passée de 77% à 18%.
Reda Loumany, Managing Territory Partner chez PwC au Maroc, attribue cet optimisme à l’engagement des entreprises dans une transformation continue et durable. L’approche des dirigeants, combinant humanisme et technologie, notamment vis-à-vis de l’intelligence artificielle et du changement climatique, marque cette transformation.
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L’enquête souligne également un optimisme supérieur à la moyenne mondiale concernant la croissance du chiffre d’affaires des entreprises. Après trois ans, la confiance des dirigeants dans les perspectives de leur entreprise est forte. 61% se disent extrêmement confiants et 41% expriment une solide confiance. C’est un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. De plus, 51% anticipent une augmentation de leurs effectifs de plus de 5% dans l’année à venir. Une évolution qui dépasse la moyenne mondiale.
Jonathan Le Henry, Partner chez Strategy& (l’entité de conseil en stratégie de PwC), Head of Strategy& au Maghreb, pointe l’ambition des entreprises marocaines de se développer à l’international. Celles-ci sont motivées par une économie mondiale prometteuse.
Cependant, la moitié des dirigeants marocains reconnaît une exposition élevée à des risques. Leurs craintes concernent notamment l’inflation et les cybermenaces. Les préoccupations RSE, comme le changement climatique et les inégalités sociales, deviennent prioritaires. Et une attention particulière est portées par les dirigeants sur les risques climatiques. Celle-ci est plus élevée que celle des leaders mondiaux.
Confrontation à l’urgence de la transformation
Près de la moitié des dirigeants marocains (46%) partage une prévision troublante avec leurs homologues internationaux (45%). Il s’agit de la possibilité que leur entreprise disparaisse dans la prochaine décennie si elle ne révise pas son modèle opérationnel. Cette prise de conscience souligne une urgente nécessité de transformation face à une montée des risques et des pressions externes. Les dirigeants au Maroc sont particulièrement conscients de l’influence de ces pressions sur la refonte de leurs méthodes de création et de capture de valeur. Ils envisageraient, toutefois, de s’appuyer sur ces défis pour bâtir une base solide pour une transformation durable.
Les éléments externes ont poussé 76% des entreprises marocaines à revoir leur manière de générer de la valeur ces cinq dernières années. Ce chiffre est légèrement inférieur à la moyenne mondiale de 81%. Parmi les moteurs de changement, le progrès technologique et la concurrence. Tous deux cités par 41% des répondants marocains, se distinguent comme des facteurs de transformation plus marquants que dans le reste du monde. Le changement climatique, cependant, semble moins préoccupant au Maroc (12%) que globalement (22%). Bien que son importance soit reconnue pour les années à venir.
Loin de rester passives, 80% des entreprises marocaines ont déjà pris des mesures pour réinventer leur création de valeur. Ce qui surpasse la moyenne mondiale de 76%. L’innovation technologique, le développement de nouveaux produits et services, ainsi que la formation de partenariats stratégiques sont au cœur de ces initiatives.
Néanmoins, la route vers la transformation est jonchée d’obstacles, internes comme externes. Les dirigeants marocains identifient l’environnement réglementaire (32%) et le manque de compétences internes comme les principaux freins. Suivent de près la gestion des priorités, les limitations technologiques, et les défis liés au financement.
Défis climatiques et technologiques au cœur de la stratégie des dirigeants marocains
L’édition 2024 souligne une préoccupation croissante des dirigeants marocains vis-à-vis du changement climatique. Il est désormais au cœur de leur stratégie. Les efforts de décarbonation émergent comme des priorités. Il est cependant reconnu que les actions demeurent partielles. Elles nécessitent même une intégration plus complète dans la performance globale de l’entreprise pour stimuler les investissements. Comparées à l’année précédente, où un tiers envisageait d’investir dans la décarbonation, les initiatives prises restent insuffisantes.
Les obstacles à la décarbonation comprennent la perception d’une performance inférieure des investissements verts. 27% des dirigeants marocains voient cela comme un frein. Et 71% sont réticents à accepter des rendements inférieurs pour ces investissements. La complexité réglementaire, contrairement à la tendance mondiale, se classe quatrièmement parmi les obstacles locaux.
Sur le front technologique, 41% des dirigeants considèrent le changement technologique comme un moteur de transformation. Bien que 24% signalent le manque de compétences technologiques comme un obstacle à cette transformation. La perturbation technologique, avec un focus sur l’intelligence artificielle générative, est vue comme un facteur déterminant pour l’avenir, malgré une adoption limitée à ce jour.
L’intelligence artificielle générative est reconnue pour son potentiel à augmenter l’efficacité opérationnelle, avec deux tiers des dirigeants anticipant une amélioration de l’efficacité de plus de 5% dans l’année à venir. Cependant, moins s’attendent à une hausse de la rentabilité ou du chiffre d’affaires. La formation et le développement des compétences du personnel face à ces nouvelles technologies ressortent comme une préoccupation majeure, dépassant les inquiétudes internationales, notamment concernant les risques de diffusion de fausses informations et les enjeux de cybersécurité.
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