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Proche-Orient : le conflit durera-t-il même après la mort du numéro deux du Hamas ?

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De la fumée s'échappe lors du bombardement israélien sur Khan Yunis depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 janvier 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. © AFP

Le numéro deux du mouvement Hamas a été tué hier, mardi 2 janvier, à Beyrouth dans une frappe de drone attribuée à Israël. L’État hébreu n’a pour l’heure ni confirmé, ni infirmé l’assassinat du haut responsable. Pourtant Benjamin Netanyahu menace, depuis le 7 octobre dernier, de le tuer. Ce meurtre fait craindre à bien des observateurs l’extension du conflit, le Hezbollah ayant déjà promis de riposter. Le sort des Palestiniens, eux, reste suspendu au rythme d’une guerre sans fin.

Une frappe de drone attribuée à Israël dans la banlieue sud de Beyrouth a tué mardi un haut responsable du Hamas, Saleh al-Arouri. Le chef adjoint du bureau politique du Hamas et l’un des fondateurs de la branche armée du groupe, les Brigades Qassam, âgé de 57 ans, vivait en exil au Liban après avoir passé 15 ans dans une prison israélienne. Avant le début de la guerre, le 7 octobre, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait menacé de le tuer. Mais l’État hébreu n’a, pour l’heure, pas encore revendiqué l’assassinat.

Le Proche-Orient risque-t-il l’extension du conflit après la mort du numéro deux du Hamas ?

L’immeuble où une frappe israélienne a ciblé le numéro 2 du Hamas, Saleh Al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 2 janvier 2024. © BILAL HUSSEIN / AP

En ce sens, les responsables du gouvernement israélien auraient reçu l’ordre de garder le silence au sujet de son assassinat sur le sol libanais. Toutefois, Mark Regev, conseiller principal du premier ministre israélien, n’a ni confirmé ni nié la responsabilité du meurtre de Saleh al-Arouri, mais a souligné qu’Israël avait une longue histoire d’assassinat de «terroristes» sur le sol étranger. «Vous pouvez spéculer si vous le souhaitez, mais soyons clairs : Israël n’a pas assumé sa responsabilité. Dans le passé, Israël a eu affaire à des terroristes dans des pays étrangers», a-t-il déclaré à la chaîne américaine MSNBC.

Et d’affirmer que «les commandants impliqués dans le meurtre de civils israéliens et toute personne impliquée dans le massacre du 7 octobre constituent une cible légitime.» Israël aurait agi sur la base des renseignements pour mener cette attaque.

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Quelles répercussions ?

Si pour certains experts, l’assassinat du chef adjoint du Hamas serait un «petit coup dur» pour l’organisation, d’autres craignent une escalade, voire une extension du conflit. «Son assassinat est un tournant dans l’histoire du Hamas. Il en était une figure historique, très respectée en Cisjordanie comme par tous les acteurs de l’axe de la résistance au Liban, au Yémen, en Syrie et en Irak», estime par exemple au Monde Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris. Preuve à l’appui, ce mardi, les Palestiniens de Cisjordanie ont organisé une grève générale.

Le Proche-Orient risque-t-il l’extension du conflit après la mort du numéro deux du Hamas ?

Les Palestiniens organisent une grève générale en Cisjordanie, mardi 3 janvier 2024. © Mussa Qawasma / Reuters

A l’image de Michael Lynk, ancien rapporteur spécial de l’ONU, qui affirme que l’assassinat des dirigeants du Hamas ne fera qu’accroître la détermination des Palestiniens. «Assassiner des dirigeants politiques ou militaires de votre opposition – en particulier d’un peuple que vous avez soumis – ne mène à rien. Nous le savons grâce aux mouvements anticoloniaux des 80 dernières années. Pour les gens qui veulent retrouver leur liberté, les assassinats de leurs dirigeants ne font qu’augmenter leur détermination, cela ne la diminue pas», a déclaré Lynk à Al Jazeera.

Le Hezbollah, de son côté, a déjà promis une réponse. Le chef du groupe, Hassan Nasrallah, a lui-même déclaré que tout assassinat ciblé de quelque groupe que ce soit, quelle que soit la faction de la résistance, ne serait pas toléré sur le sol libanais et entraînerait une réponse.

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Les responsables israéliens s’adressant anonymement aux médias hébreux ont déclaré qu’ils s’attendaient à une sorte de réponse, c’est pourquoi ils ont augmenté leur niveau d’alerte, et cette réponse pourrait aller de manifestations à des attaques en passant par des roquettes à longue portée. «Les forces israéliennes sont dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque. Nous sommes hautement préparés pour tout scénario. La chose la plus importante à dire ce soir est que nous sommes concentrés et restons concentrés sur la lutte contre le Hamas», a déclaré tard mardi, le porte-parole de l’armée Daniel Hagari.

Une nouvelle phase de la guerre ?

L’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) et le Critical Threats Project (CTP) affirment que le retrait par Israël de cinq brigades du nord de Gaza indique le début de ce qu’il a décrit comme une nouvelle phase dans sa guerre contre le territoire palestinien. Selon les groupes de réflexion militaires basés aux États-Unis, cette nouvelle phase de combat implique la fin des opérations de combat majeures et une transition vers des «raids ciblés» menés par les Israéliens.

Cependant, le groupe armé n’est «ni vaincu ni détruit» en tant que force militaire et le changement de tactique israélienne «permettra au Hamas de reconstruire ses capacités et ses infrastructures militaires», ont déclaré l’ISW et le CTP dans leur dernière évaluation du champ de bataille. «Le Hamas maintient une structure militaire conventionnelle, ce qui signifie qu’il devrait être capable de remplacer rapidement les commandants morts pendant la guerre», ont-ils affirmé. En témoigne, à titre d’exemple, la «grande salve» de roquettes lancée sur Tel Aviv depuis Gaza le 31 décembre.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a, lui, affirmé, après la mort de son numéro deux, que le mouvement «ne sera jamais vaincu». «Un mouvement dont les leaders et les fondateurs tombent en martyrs pour la dignité de notre peuple et de notre nation, ne sera jamais vaincu», a déclaré Ismaïl Haniyeh dans une allocution télévisée. «C’est l’histoire de la résistance et du mouvement qui, après l’assassinat de ses leaders, devient encore plus fort et déterminé», a-t-il ajouté.

Lire aussi : Que restera-t-il de la Palestine ?

Mais plus que cela, c’est l’après-guerre qui se discute déjà. Le média Zman Yisrael rapporte que les responsables israéliens seraient en discussion avec le Congo et d’autres pays pour savoir où ils envisagent d’envoyer les Palestiniens déplacés de Gaza. «Le Congo sera disposé à accueillir des migrants et nous sommes en pourparlers avec d’autres», a déclaré le site d’information en hébreu, citant une source haut placée au sein du cabinet de sécurité israélien.

Le site cite également la ministre israélienne des renseignements, Gila Gamliel, plaidant en faveur du déplacement des habitants de Gaza. «À la fin de la guerre… Il n’y aura plus de travail et 60% des terres agricoles de Gaza deviendront des zones tampons de sécurité», a déclaré Gamliel, selon Zman Yisrael.

Les défenseurs des droits de l’homme ont critiqué les appels lancés en temps de guerre pour chasser les Palestiniens de Gaza, qualifiant pour de bon leurs efforts visant à nettoyer ethniquement l’enclave palestinienne assiégée. Mardi, même les États-Unis, fervent partisan d’Israël et de sa guerre contre Gaza, se sont prononcés contre les projets de réinstallation préconisés par les ministres israéliens, le porte-parole du Département d’État Matthew Miller qualifiant cette rhétorique d’«incendiaire et irresponsable».

Lire aussi : Le Conseil de sécurité de l’ONU, cette instance convoitée par les diplomaties

Par ailleurs, des avocats représentant l’Afrique du Sud dans les procédures contre Israël devant la Cour internationale de Justice, parmi lesquels figurerait John Dugard, professeur sud-africain de droit international et rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens de 2001 à 2008, se préparent pour une audience prévue les 11 et 12 janvier, a déclaré Clayson Monyela, porte-parole du ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, dans un post publié sur X.

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