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Les États-Unis et une poignée de leurs alliés ont mené jeudi des frappes militaires contre plus d’une douzaine de cibles au Yémen contrôlées par la milice Houthie soutenue par l’Iran, ont déclaré des responsables américains. Ces agissements représentent de fait une expansion de la guerre au Proche-Orient que l’administration Biden cherchait à éviter depuis trois mois. Les frappes aériennes et navales menées par l’armée américaine sont intervenues en réponse à plus de deux douzaines d’attaques de drones et de missiles houthis contre des navires commerciaux dans la mer Rouge depuis novembre, et après les avertissements adressés la semaine dernière par le gouvernement Biden et plusieurs alliés internationaux.
Mais les Houthis ont défié cet ultimatum, promettant de poursuivre leurs attaques dans ce qu’ils considèrent comme une protestation contre la campagne militaire israélienne à Gaza. «Nous, le peuple yéménite, ne faisons pas partie de ceux qui ont peur de l’Amérique», a déclaré dans un discours télévisé, Abdulmalik al-Houthi, le chef de la milice. «Nous sommes à l’aise avec une confrontation directe avec les Américains».
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Mardi, des navires de guerre américains et britanniques ont intercepté l’un des plus grands barrages de frappes de drones et de missiles Houthis à ce jour. La Grande-Bretagne a rejoint les États-Unis pour l’offensive. Les Pays-Bas, l’Australie, le Canada et Bahreïn devraient également participer, en fournissant de la logistique, des renseignements et d’autres soutiens, selon les États-Unis.
La France, qui assure ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, a annoncé une réunion en urgence, demandée par la Russie, ce vendredi après-midi de l’organe après les frappes menées contre les Houthis au Yémen par les États-Unis et le Royaume-Uni. Une autre réunion prévue sur la situation à Gaza aura lieu avant. Le Conseil de sécurité a, par ailleurs, adopté mercredi une résolution exigeant l’arrêt «immédiat» des attaques des Houthis contre des navires en mer Rouge, notant également le droit des États membres à défendre les navires contre ces attaques.
«Intention génocidaire» à Gaza …
Au premier jour d’une audience de deux jours à la Cour internationale de Justice à La Haye, des représentants sud-africains ont déclaré que les déclarations de dirigeants politiques et militaires israéliens, dont le premier ministre Benjamin Netanyahu, attestaient de leur intention de commettre un génocide et ont enjoint que la plus haute juridiction de l’ONU ordonne une suspension d’urgence de la campagne militaire dévastatrice d’Israël dans l’enclave palestinienne. Preuve à l’appui, Pretoria a cité le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui a déclaré qu’Israël imposerait un siège complet sur le territoire parce qu’il combattait «des humains animaux».
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L’Afrique du Sud a déclaré que l’offensive israélienne, qui a démoli une grande partie de l’enclave côtière et tué plus de 23.000 personnes selon les autorités sanitaires de Gaza, visait à provoquer «la destruction de la population» de Gaza. «L’intention de détruire Gaza a été nourrie au plus haut niveau de l’État», a déclaré au tribunal Tembeka Ngcukaitobi, avocat à la Haute Cour d’Afrique du Sud. L’équipe sud-africaine est dirigée par John Dugard, un spécialiste du droit international très réputé et ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés.
Pour entendre l’affaire, le panel régulier de 15 juges de la Cour internationale a été porté à 17, avec un juge supplémentaire nommé par chaque partie. Pour occuper ces sièges, Israël a nommé Aharon Barak, un ancien président de sa Cour suprême qui a fui la Lituanie occupée par les nazis alors qu’il était enfant, et l’Afrique du Sud a nommé Dikgang Moseneke, un ancien juge en chef adjoint de sa Cour constitutionnelle.
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Israël a rejeté les accusations de génocide comme étant fausses et sans fondement et a déclaré que l’Afrique du Sud parlait au nom du Hamas – ce que Pretoria a déclaré faux. Les États-Unis, allié le plus important d’Israël, ont dénoncé la pétition. John F. Kirby, président du Conseil de sécurité nationale, l’a qualifié de «sans fondement, contre-productif, totalement dénué de tout fondement factuel».
L’État hébreu a présenté sa défense ce vendredi. L’équipe juridique israélienne à La Haye est dirigée par Malcolm Shaw, un expert britannique choisi pour son expérience des litiges devant la Cour mondiale. Globalement, Israël n’a pas réussi à réfuter les arguments convaincants de l’Afrique du Sud présentés hier.
Le pays sioniste a déclaré à la Cour que les déclarations lues par de hauts dirigeants politiques, militaires et civils israéliens sont simplement rhétoriques et a choisi, lors de son audience, de se concentrer largement sur les événements du 7 octobre.
S’adressant aux journalistes devant la CIJ à La Haye, le responsable du ministère palestinien des Affaires étrangères, Ammar Hijazi, a déclaré que l’équipe juridique israélienne n’était pas «en mesure de fournir des arguments solides sur la base des faits et du droit». «Ce qu’Israël a fourni aujourd’hui sont de nombreux mensonges déjà démystifiés», a-t-il ajouté, faisant référence, entre autres, aux affirmations israéliennes selon lesquelles les hôpitaux de Gaza étaient utilisés comme bases militaires.
Les décisions du tribunal sont généralement contraignantes, même si celui-ci dispose de peu de moyens pour les faire respecter. En 2004, le tribunal a émis un avis non contraignant selon lequel la construction par Israël de sa barrière de sécurité à l’intérieur du territoire de la Cisjordanie occupée était illégale et qu’elle devait être démantelée. Vingt ans plus tard, le système de murs et de clôtures est toujours debout.
… et à l’encontre des journalistes
Dans le cadre de son enquête sur les accusations de crimes dans la bande de Gaza, le procureur en chef de la Cour pénale internationale, Karim Khan, examinera les attaques qui ont tué des journalistes dans la guerre qui sévit entre Israël et le Hamas. Le tribunal, créé par le Statut de Rome il y a vingt ans pour enquêter, poursuivre et juger les personnes accusées de crimes de guerre, de génocide et d’autres atrocités, examine plus largement les accusations de crimes de guerre portées par Israël et par des groupes militants palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée.
«Le Procureur a précédemment souligné sa préoccupation face au nombre croissant d’attaques contre des journalistes dans le monde et a souligné que de telles attaques pourraient constituer des crimes au regard du Statut de Rome», indique le communiqué du bureau du procureur. L’organisation de surveillance des médias Reporters sans frontières (RSF) a déposé deux plaintes auprès du tribunal au cours des dix dernières semaines, appelant le tribunal à enquêter et à poursuivre les cas de journalistes tués pendant la guerre.
Dans la première plainte déposée par le groupe, en octobre dernier, il affirmait que huit journalistes palestiniens avaient été tués par des attaques qui avaient causé des «dommages disproportionnés» aux civils. RSF a également caractérisé la mort d’un journaliste israélien couvrant les attentats du 7 octobre dernier comme le «meurtre volontaire d’une personne protégée par les Conventions de Genève», ce qui constituerait un crime de guerre. Dans la deuxième plainte du groupe, déposée à la fin du mois dernier, il est indiqué que sept journalistes palestiniens tués pourraient avoir été pris pour cible.
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L’armée israélienne a insisté sur le fait qu’elle agissait conformément au droit international humanitaire. L’armée israélienne a aussi déclaré qu’elle n’avait jamais pris pour cible les journalistes et qu’opérer dans des zones de guerre comportait des risques. «Israël combat le Hamas, pas la population palestinienne. Et nous le faisons en totale conformité avec le droit international», a déclaré mercredi le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
S’exprimant depuis Ramallah, en Cisjordanie, début décembre, Karim Khan a déclaré que l’enquête du tribunal avançait. Depuis le début de la guerre, 79 journalistes et professionnels des médias ont été tués, selon les données du Comité pour la protection des journalistes, un autre groupe de surveillance des médias. Parmi eux, 72 étaient palestiniens, selon les données.
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