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Après plusieurs semaines de hausses successives, les prix des carburants à la pompe ont enregistré une baisse de (plus ou moins) 1 DH le litre. Ainsi, le prix du litre de l’essence a baissé de 1 à 1,15 DH, tandis que celui du diesel a enregistré un recul atteignant 0,90 à 1,04 DH, selon l’enseigne.
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Comment expliquer cette baisse ? Et pourquoi est-elle si minime ?
Contacté par LeBrief, Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques, nous explique tout sur cette baisse des prix des carburants au Maroc. Selon lui, «la baisse de 1 DH en moyenne n’est pas si minime si elle se poursuit en respectant la baisse tendancielle du cours du baril de pétrole. Celle-ci est animée par les inquiétudes de récession et par la volonté américaine de faire baisser l’inflation, en faisant baisser le prix de l’énergie».
De plus, il explique que «les pétroliers marocains et autres achètent à terme et stockent du carburant. Une baisse brutale de 3 ou 4 DH sur des prix d’achat à prix élevés entraînera des pertes pour les sociétés de distribution et pour les petits propriétaires de stations d’essence».
Faut-il s’attendre à d’autres baisses dans les semaines à venir ?
Notre intervenant souligne que tout le monde espère une baisse des prix des carburants dans les mois à venir, «surtout avec l’éventuel ralentissement de la mobilité des gens à la fin des vacances estivales. Ce ralentissement entraînera notamment une baisse de la consommation».
D’après l’économiste, cette tendance devrait aboutir à une baisse des cours du pétrole et on pourrait s’attendre à des prix à la pompe autour de 12 à 13,50 DH le litre pour l’essence et le gasoil.
«Les consommateurs marocains doivent savoir que les prix à 7,50 et 9 DH sont dépassés. Désormais, le Maroc s’approvisionne en produits finis pour les carburants et ne dispose plus ni d’unité de raffinage ni d’unités suffisantes de stockage. Il subit les prix du marché dictés à la fois par les pays producteurs de pétrole, des cartels des marchés spéculatifs, du coût de transport entre villes et régions, mais surtout du coût du fret. Ce dernier a explosé ces deux dernières années. Le coût unitaire du transport a été multiplié par sept», avance-t-il.
Pourquoi cette baisse des prix n’est-elle pas appliquée par toutes les sociétés de distribution ?
En réponse à cette question, Abdelghani Youmni précise que les compagnies n’ont pas le même poids ni les mêmes capacités pour s’approvisionner et pour stocker les carburants. «Deux grandes compagnies au Maroc ont le leadership dans ce secteur, la force de frappe financière et logistique quasi mondiale et des politiques commerciales flexibles, car elles sont capables de stockage et de déstockage quasi immédiat», indique l’expert.
Ainsi, poursuit-il, «leurs fournisseurs sont diversifiés et on peut même les considérer comme à la fois grossistes, demi-grossistes et détaillants. Les pertes d’aujourd’hui rentrent dans la stratégie marketing de demain pour attirer une future clientèle et fidéliser l’existante».
Et d’ajouter : «quant aux sociétés de taille intermédiaire et les propriétaires de station d’essence, les stocks les obligent à maintenir les prix d’hier pour éviter des pertes colossales. Leur bénéfice par litre ne dépasse pas 0,40 DH par litre, alors que pour lesdits grossistes, ce bénéfice atteint souvent 1,50 DH le litre».
Lire aussi : Prix des carburants : le diesel et l’essence enregistrent une baisse d’environ 1 DH
Les Marocains revendiquent un retour à la normale
Un mouvement de contestation contre la hausse du prix des carburants a envahi les réseaux sociaux ces derniers jours, allant jusqu’à réclamer le départ du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
En plus d’exiger le départ d’Akhannouch, plusieurs milliers d’internautes marocains, acteurs politiques et de la société civile, appellent le gouvernement à fixer les prix de l’essence et du diesel à 7 DH et 8 DH, afin de soulager les ménages.
Ces appels se multiplient notamment sur Twitter à travers les hashtags « Gasoil à 7 DH », « Essence à 8 DH » ou encore « Dégage Akhannouch ». Le nombre d’utilisateurs desdits hashtags a atteint plus de 235.000.
Plusieurs représentants de partis politiques se sont joints à cette campagne alors que d’autres ont manifesté leur réticence, voire leur opposition.
Le Parti socialiste unifié (PSU) a pris part à cette campagne en publiant un message joint au hashtag susmentionné, sur sa page Facebook. «Ce n’est pas la première fois que les prix du pétrole chutent par rapport aux niveaux du début de la guerre russo-ukrainienne. Cela n’a aucun effet sur les prix du carburant dans notre pays, bien au contraire ; ils ont continué à augmenter avec la complicité et le parrainage du gouvernement de Aziz Akhannouch», a fustigé le parti de gauche.
De son côté, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Nabil Benabdellah, a appelé le gouvernement à prendre «une décision souveraine» de redémarrer l’activité de «la Samir». Selon lui, cette mesure permettra de reprendre le contrôle sur la distribution et le prix du carburant. «Aujourd’hui, les prix ont baissé dans le monde» et «les responsables marocains regardent en spectateurs», a fustigé Benabdellah. La baisse mondiale «ne s’est reflétée ni sur le prix du carburant au Maroc, ni sur celui des autres matières premières et de base», a-t-il déploré. Et de lancer : «Si vous êtes vraiment un gouvernement politique, alors intervenez immédiatement pour stopper l’inflation des prix».
Toutefois, le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane a exprimé son opposition à cette campagne lancée contre le chef de l’exécutif. «Je ne suis pas d’accord avec ces appels qui demandent à ce gouvernement de dégager maintenant. (…) Ce gouvernement doit rester et doit bénéficier du temps nécessaire afin de démontrer ce dont il est capable», a-t-il estimé.
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In fine, ce recul des prix des carburants a été attendu eu égard à la tendance baissière des prix du baril du pétrole au cours des dernières semaines. Le prix du Brent est passé sous la barre des 100 dollars. Comme le marché national est libéralisé, les prix des carburants restent strictement dépendants des variations du pétrole sur le marché international.
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