Temps de lecture : 7 minutes

Accueil / Société / Presse : nouvelle convention collective sur fond de divergences

Presse : nouvelle convention collective sur fond de divergences

Temps de lecture : 7 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 7 minutes

La nouvelle convention sociale signée jeudi à Rabat entre le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME), sous la houlette du ministère de la Communication, fait grincer des dents. Si les journalistes ont applaudi les augmentations salariales prévues par cette convention, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) dénonce le fait d’avoir été écartée de cet accord et se dit non concernée par une convention qu’elle n’a pas signée. C’est que cet accord est un prélude aux futures aides étatiques destinées aux entreprises de presse. L’enjeu est donc nettement plus grand. Décryptage.

Temps de lecture : 7 minutes

L’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME), présidée par Driss Chahtane, a réussi un gros coup en signant une convention sociale avec le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) présidé par Abdellah Bakkali. Cette nouvelle convention collective, paraphée sous la supervision du ministre de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd, prévoit notamment une augmentation, en deux tranches, des salaires des journalistes des entreprises médiatiques nationales de 2.000 DH par mois, et ceux des autres employés de 1.000 DH. Du pain béni pour la tutelle qui en a profité pour souligner que «cette convention s’inscrit dans le cadre des mesures sociales prises par le gouvernement visant l’amélioration des conditions matérielles et sociales des citoyens». Selon le communiqué du ministère, l’amélioration des conditions des journalistes des entreprises médiatiques nationales reste une priorité pour le gouvernement.

Lire aussi : L’ANME dévoile la composition de son nouveau bureau exécutif

Amélioration des conditions des journalistes Vs soutien étatique aux entreprises de presse

Il y a tout d’abord une augmentation générale nette, fixée à 2.000 DH par mois, sur les salaires des journalistes professionnels, ayant une ancienneté de plus de quatre ans. Cette augmentation sera versée en deux tranches : la première trois mois après la signature de l’accord et la deuxième, une année après la première tranche. Selon la même source, il a également été décidé une augmentation nette de 1.000 DH par mois des salaires des employés des entreprises de presse qui ont une ancienneté de plus de quatre ans au sein de l’entreprise.

L’augmentation sera versée aussi en deux tranches, la première trois mois après la signature de l’accord et la seconde, un an après la première tranche. Mais il faut lire entre les lignes du communiqué pour comprendre les véritables enjeux derrière cet accord. Cette convention bilatérale s’assigne pour objectifs de renforcer les mécanismes de gouvernance du secteur, de soutenir les investissements dans les entreprises médiatiques, de motiver les journalistes et les employés des entreprises médiatiques nationales et de valoriser leurs efforts, souligne le communiqué.

En fait, c’est le syndicat qui a conditionné l’adoption de tout nouveau mécanisme d’aide aux entreprises de presse à l’amélioration des conditions des journalistes. En contrepartie, le gouvernement va soutenir les organismes médiatiques. Lors d’une précédente rencontre, le bureau exécutif de l’ANME avait discuté longuement des aides étatiques avec le ministre Bensaïd et son collègue chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ.

Le communiqué souligne que dans le cadre de l’accompagnement des investissements des entreprises médiatiques et de la garantie d’un journalisme sérieux, responsable, efficace et influent sur le plan national et international, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication s’attellera à l’augmentation du soutien public, assurant que le décret y afférant qui sera promulgué durant les prochaines semaines, concerne toutes les entreprises médiatiques nationales remplissant les conditions définies, en coordination avec le ministère délégué auprès du ministère de l’Économie et des Finances, chargé du budget.

En conclusion du communiqué, le ministère a assuré qu’il «restera ouvert à tous les acteurs de la scène médiatique dans le but d’améliorer les revenus des journalistes, hommes et femmes, et de tous les employés des entreprises médiatiques nationales». Mohamed Mehdi Bensaïd et son équipe savaient très bien que l’autre association professionnelle représentant les entreprises de presse n’allait pas rester muette par rapport à cet accord.

Lire aussi : Tenue de l’Assemblée générale ordinaire de l’Association nationale des médias et des éditeurs

La FMEJ accuse

La réaction de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), présidée par Noureddine Miftah, ne s’est pas fait attendre. La FMEJ a exprimé son “étonnement” de ne pas être invitée à la réunion tenue au siège du ministère en vue de signer une convention collective.

«Nous sommes étonnés, au sein de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, que le ministre chargé du département de la Communication ait invité unilatéralement une association d’éditeurs, à une réunion avec le Syndicat national de la presse marocaine, qui s’est déroulée au siège du ministère, sous sa supervision et celle de ses adjoints, en vue de signer une convention collective», indique la FMEJ dans un communiqué.

Considérant qu’elle a le statut d’organisme historique et le plus représentatif des éditeurs de journaux marocains, signataire de la convention collective en vigueur, la FMEJ a fustigé le comportement de la tutelle, allant même jusqu’à dénoncer «les penchants du ministre et ses amitiés». Se targuant de représenter 310 entreprises nationales et régionales de presse, la FMEJ estime qu’elle est visée clairement et directement par le comportement du ministère.

Regrettant une démarche « téméraire et irresponsable », la fédération indique qu’elle n’est pas concernée par toute convention qu’elle n’a pas signée tout en soulignant qu’elle est en faveur de l’amélioration de la situation matérielle des ressources humaines du secteur de la presse. Enfin, la FMEJ appelle “à ne pas hypothéquer les grandes attentes d’un secteur vital pour la démocratie à cause de calculs égoïstes étriqués”. En clair, la FMEJ craint d’être écartée des discussions autour du nouveau dispositif d’aide aux entreprises de presse.

Lire aussi : L’ANME et le SNPM se sont réunis pour discuter de la situation de la presse au Maroc

La troisième association professionnelle représentant les entreprises médiatiques n’a pas réagi. La Fédération marocaine des médias, membre de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et présidée par Kamal Lahlou, n’est pas en conflit avec l’ANME, surtout que la plupart de ses membres siègent dans les deux instances.

Aujourd’hui, le problème de représentation du patronat de la presse doit être dépassé. L’ANME créée pendant la crise de Covid-19 a prouvé son efficacité au moment où la FMEJ était inerte. C’est le travail de l’ANME qui a permis de débloquer les aides exceptionnelles dont la prise en charge des salaires des journalistes et qui ont été salvatrices pour plusieurs organismes médiatiques même si certains patrons n’ont pas été très corrects vis-à-vis de leurs employés.

Enfin, les entreprises de presse ont grand besoin d’un mécanisme innovant pour les aider à accomplir correctement leur mission, loin de l’assistanat de l’État, et pour préserver leur indépendance.

Lire aussi : CNP : le projet de loi 53.22 approuvé

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 7 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité

Et sur nos réseaux sociaux :

Presse

Comment gérons-nous les intempéries ?

Alors que les changements climatiques intensifient la fréquence et la gravité des intempéries, la nécessité d'une approche plus résiliente e…
Presse

Casablanca au rythme des grands chantiers

Vous l’aurez sans doute remarqué, Casablanca ressemble à un vaste chantier à ciel ouvert. Autant de travaux en cours simultanément dans la c…
Presse

Titres de séjour européens : le Maroc dans le top 5 des bénéficiaires en 2023

En 2023, une nouvelle dynamique migratoire a été observée entre le Maroc et l’Union européenne (UE). Les données d'une récente publication d…
Presse

TikTok au Maroc : interdiction ou régulation ?

À nouveau sous les projecteurs, TikTok, le géant des réseaux sociaux, fait face à des critiques croissantes au Maroc. Une potentielle interd…
Presse

Fnideq : quand le désespoir de la jeunesse explose

Ce qui s’est passé ces derniers jours à Fnideq illustre l'ampleur du désespoir chez une grande partie de la jeunesse marocaine, ainsi que l'…
Presse

Travail : pourquoi les femmes arabes sont-elles pénalisées ?

Bien que des progrès aient été réalisés en matière d'égalité des sexes dans certaines régions du monde, les femmes dans de nombreux pays du …
Presse

Santé : Dr Hamdi rassure sur la capacité du Maroc à gérer les épidémies

Alors que le monde continue de se remettre des répercussions d’une pandémie mondiale, un nouveau défi émerge avec le mpox, positionnant le M…
Presse

Catastrophes naturelles : le PPS demande une mobilisation urgente du FSEC

Le PPS a exprimé, via un communiqué, sa profonde préoccupation pour les familles, villages et communes sévèrement impactés par ces catastrop…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire