Donald Trump et Kamala Harris. © REUTERS
Le système électoral américain est unique et parfois complexe, en particulier le fonctionnement du collège électoral, qui joue un rôle déterminant dans l’élection du président. Cet organe, inscrit dans la Constitution, permet à chaque État de désigner un nombre de représentants proportionnel à sa population, ce qui influence considérablement les résultats des élections, a déclaré Brian Henderson, président du cabinet Henderson international advisors. Il s’exprimait dans le cadre d’une conférence tenue à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Ain Chock, université Hassan II de Casablanca.
Selon lui, lors des élections présidentielles, les électeurs américains ne votent pas directement pour leur candidat préféré, ce sont les grands électeurs qui voteront pour le président. Le nombre de grands électeurs pour chaque État est déterminé par le nombre de ses sénateurs et de ses représentants à la Chambre des représentants, ce qui varie en fonction de la population. Par exemple, la Californie, en tant qu’État le plus peuplé, dispose de 55 grands électeurs, alors que des États moins peuplés n’en comptent que peu, comme l’Ohio qui en possède quatre.
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Ce système peut mener à des résultats inattendus. Comme ce fût le cas à la présidentielle de 2016, «Hillary Clinton a remporté le vote populaire avec plus de 3 millions de voix, mais c’est Donald Trump qui a été élu président grâce à une majorité au sein du collège électoral», explique le spécialiste. Ce phénomène soulève des questions sur la légitimité et l’efficacité du système. Beaucoup s’interrogent sur la capacité d’un candidat à être élu sans obtenir le soutien de la majorité des électeurs.
Les disparités entre les États ont des conséquences directes sur la campagne électorale. Les candidats doivent concentrer leurs efforts dans des États clés, appelés «swing states», où le résultat est incertain, plutôt que de chercher à mobiliser un soutien national. Cela peut conduire à une situation où les voix dans des États à forte population, comme la Californie ou New York, ont moins de poids comparé à d’autres moins peuplés, comme le Wyoming.
Toujours dans le processus du vote, Brian Henderson souligne que la pandémie de la Covid-19 a entraîné une augmentation significative des votes par correspondance. Ce qui a également suscité des accusations de fraude. Bien que les études montrent que la fraude électorale est rare aux États-Unis, ces allégations peuvent miner la confiance du public dans le système électoral.
Une course indécise
En ce qui concerne les deux candidats engagés dans la course à la Maison blanche, Brian Henderson estime que la candidate démocrate, Kamala Harris, a son coup à jouer, notamment sur le droit à l’avortement. La question des droits des femmes, en particulier le droit à l’avortement, est un véritable atout non négligeable pour le camp des démocrates. L’actuelle vice-présidente s’affirme comme une défenseure intransigeante des droits à l’avortement. Un positionnement qui pourrait désormais s’avérer décisif en novembre prochain. Deux ans après que la Cour suprême, majoritairement conservatrice, a supprimé la protection fédérale du droit à l’avortement, la candidature d’une militante sincère de la cause pourrait mobiliser les électeurs progressistes en faveur des démocrates. De quoi faire la différence dans un scrutin qui s’annonce indécis. Selon Henderson cette décision permet à chaque État de légiférer sur ce sujet en fonction de ses orientations politique et religieuse, ce qui risque de créer des disparités entre ces derniers.
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Sur le plan économique, Kamala Harris promet de créer 25 millions d’entreprises et de soutenir les petits entrepreneurs et la classe moyenne. Elle propose de multiplier par dix certaines déductions fiscales, de simplifier la bureaucratie, et d’imposer les revenus du capital des millionnaires à 33%. Les ménages gagnant moins de 400.000 dollars par an ne verront pas leurs impôts augmenter. Comme son adversaire, elle souhaite exonérer les employés rémunérés au pourboire d’impôts. Les deux candidats cherchent à rendre leurs promesses crédibles pour attirer un électorat indécis.
Quant au candidat de républicain, Donald Trump promet de baisser encore les impôts des ménages les plus aisés et des entreprises. Ce dernier entend non seulement renouveler les baisses d’impôts mises en place en 2017 et arrivant à expiration, mais aussi les amplifier : par exemple, en diminuant de six points l’impôt sur les sociétés, aujourd’hui de 21%. Cette baisse serait limitée aux entreprises qui produisent sur le sol américain. Cette baisse va concerner les secteurs de la banque ou de l’énergie, entre autres.
Politique étrangère
La candidate démocrate met l’accent sur l’engagement multilatéral, cherchant à collaborer avec les alliés pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique et la sécurité internationale. Harris adopte une position ferme face à la Chine, tout en prônant la coopération sur des enjeux globaux. Elle soutient également l’Ukraine en matière d’aide militaire et humanitaire et insiste sur la défense de la démocratie. Cette dernière place les droits de l’Homme au cœur de sa diplomatie, en se concentrant sur les droits des femmes et des minorités. En ce qui concerne le Moyen-Orient, elle s’inscrit sur la même ligne que Joe Biden.
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De son côté, Donald Trump insiste sur le fait de prioriser les intérêts américains dans la politique étrangère. Pour lui, il faut réévaluer les alliances et les accords existants. L’ancien président souhaite, par ailleurs, continuer sa politique restrictive contre l’immigration illégale. Celle-ci est perçue comme une question de sécurité nationale. Trump a souvent été critiqué pour sa relation jugée complaisante avec la Russie, mais il prône une diplomatie pragmatique. Il privilégie aussi le retrait des engagements militaires à l’étranger, comme en Afghanistan, et cherche à réduire le déficit commercial par des accords commerciaux favorisant directement les États-Unis.
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