Accueil / Politique

«Pour renforcer la diplomatie parlementaire, plusieurs pistes méritent d’être explorées», Nadia Bouaida

Temps de lecture

Nadia Bouaida, ancienne présidente de la Commission des affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger. Parlementaire et présidente de l'organisation de la femme Rniste au niveau de la région Guelmim Oued Noun. DR.

Le Maroc devient un acteur incontournable sur le plan diplomatique, à la fois régional et international. Dans ce cadre, le Parlement marocain, en cheval de Troie, soutient la diplomatie royale et le ministère des Affaires étrangères. En plus de ses tâches législatives, le Parlement agit comme une plateforme pour la diplomatie et le plaidoyer. Eclairage avec Nadia Bouaida.

Suite à notre dossier spécial intitulé Parlement : la diplomatie de l’ombre, Le Brief a interviewé Nadia Bouaida, parlementaire et présidente de l’organisation de la femme Rniste au niveau de la région Guelmim Oued Noun. 

Elle évoque, notamment, les efforts conjoints entre le Parlement et le ministère des Affaires étrangères pour établir une diplomatie proactive. Elle décrit aussi les actions concrètes entreprises sous sa direction pour renforcer les partenariats internationaux, mobiliser les groupes d’amitié parlementaire et assurer une présence marocaine dans les institutions internationales. Elle partage également sa vision pour l’avenir.

Nadia Bouaida

Nadia Bouaida, ancienne présidente de la Commission des affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger. Parlementaire et présidente de l’organisation de la femme Rniste au niveau de la région Guelmim Oued Noun.

-Le Brief : Comment la majorité parlementaire contribue-t-elle à renforcer la diplomatie parlementaire du Maroc, notamment sur des dossiers stratégiques comme la question du Sahara ?

-Nadia Bouaida : La question du Sahara marocain est une cause nationale prioritaire qui transcende les clivages politiques et fédère majorité et opposition autour d’un objectif commun : défendre l’intégrité territoriale du Royaume. Sous les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a adopté une diplomatie proactive et stratégique, dans laquelle le Parlement joue un rôle complémentaire essentiel aux efforts du ministère des Affaires étrangères.

Au cours de l’année écoulée, le Parlement s’est particulièrement illustré par son implication sur la scène internationale et régionale. Sa présence accrue dans les instances africaines et arabes a permis de renforcer la position du Maroc au sein d’organisations géopolitiques clés, tout en consolidant les relations avec des partenaires stratégiques. La Chambre des représentants s’est également distinguée par sa participation dynamique et influente aux travaux des organisations internationales, défendant avec efficacité les priorités nationales et les causes justes. En accueillant des événements internationaux, tels que des conférences et des séminaires, le Parlement a non seulement renforcé le rayonnement du Maroc, mais aussi stimulé des coopérations autour de thématiques globales.

Les relations bilatérales ont également été au centre des préoccupations parlementaires. Les rencontres régulières avec des présidents de parlements étrangers et l’activation des groupes d’amitié parlementaire ont permis de dynamiser les liens avec des pays amis et partenaires. Par ailleurs, le Parlement marocain a affirmé son leadership africain en accueillant une conférence majeure des présidents des commissions des affaires étrangères des parlements africains, à laquelle ont participé plus de 20 institutions législatives. Cette rencontre s’est conclue par la Déclaration de Rabat, réaffirmant l’engagement des parlements africains pour l’unité et la souveraineté des États du continent.

Ces efforts parlementaires, alignés sur la stratégie diplomatique menée par le ministère des Affaires étrangères, ont porté des fruits significatifs. Le soutien des grandes puissances s’est consolidé, comme en témoigne la position de la France, membre permanent du Conseil de sécurité, dont le Président Emmanuel Macron a déclaré que “le futur du Sahara occidental ne peut être envisagé que sous souveraineté marocaine et dans le cadre de la proposition d’autonomie de 2007.” Sur le plan européen, le soutien à l’initiative marocaine d’autonomie s’est élargi avec l’adhésion de nouveaux pays comme la Slovénie, la Finlande, le Danemark et l’Estonie, portant à plus de 20 le nombre d’États soutenant cette proposition. Par ailleurs, le retrait de reconnaissance de la prétendue “république sahraouie” par l’Équateur et le Panama témoigne de l’adhésion croissante à la position marocaine.

Cette convergence entre la diplomatie parlementaire et la diplomatie royale reflète une mobilisation nationale concertée et continue en faveur de la souveraineté et de l’unité territoriale du Maroc.

-Le Brief : Quelles sont vos initiatives concrètes dans ce sens ?

-Nadia Bouaida : En tant qu’ancienne présidente de la Commission des affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger, j’ai eu l’honneur de superviser plusieurs initiatives visant à renforcer le rayonnement international du Maroc et à défendre ses intérêts stratégiques. Ce mandat a été marqué par une collaboration étroite avec le ministère des Affaires étrangères, tout en respectant rigoureusement la séparation des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif.

Durant cette période fructueuse, la commission a joué un rôle central dans l’organisation d’auditions et de rencontres avec des diplomates étrangers et des experts. Ces échanges ont enrichi nos connaissances et guidé nos décisions en matière de politique étrangère. Nous avons œuvré à établir des liens de coopération solides avec divers pays, renforçant ainsi les relations entre le Parlement marocain et d’autres institutions législatives à travers le monde, tout en contribuant à la visibilité internationale du Maroc.

La défense de la question du Sahara marocain a été au cœur de notre action. Nous avons présenté à nos partenaires parlementaires, notamment au sein de l’Union européenne et d’autres parlements internationaux, les bases historiques, juridiques et légitimes de la position marocaine. À travers un dialogue constructif, nous avons consolidé des alliances parlementaires favorables à notre cause, renforçant ainsi la capacité du Maroc à défendre ses intérêts sur la scène mondiale.

Cet engagement ne s’est pas limité à la fin de mon mandat à la commission et se poursuit dans mon rôle actuel de parlementaire. Cette année, j’ai participé à plusieurs initiatives diplomatiques, notamment à travers des rencontres visant à renforcer les relations bilatérales avec des représentants de différents pays sur tous les continents. J’ai également contribué à des échanges parlementaires lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité, et à des discussions stratégiques européennes en prenant part à plusieurs événements organisés par le Parti Populaire Européen (EPP). Mon engagement s’est également manifesté à travers le renforcement des relations avec l’organisation EPP Women, contribuant ainsi à consolider les liens stratégiques entre le Maroc et l’Europe.

-Le Brief : Quels sont les efforts du RNI pour renforcer la diplomatie partisane au service de la question nationale ?

-Nadia Bouaida : Le Rassemblement National des Indépendants (RNI) s’est toujours distingué par son engagement actif dans la défense des intérêts stratégiques du Maroc, en particulier en établissant des partenariats avec des partis politiques internationaux et en plaidant pour la souveraineté nationale. En réponse à l’appel de Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors de son discours d’ouverture de la session législative, le parti a décidé de créer une commission spécialisée pour intensifier ses efforts diplomatiques en faveur de l’intégrité territoriale du Royaume.

En tant que membre de cette commission, j’ai l’honneur de contribuer à sa mission essentielle. Celle-ci consiste à former les cadres et militants du parti au plaidoyer pour la cause nationale, en s’appuyant sur des arguments juridiques, politiques et historiques solides. L’objectif est de garantir une présence efficace et convaincante dans les forums internationaux. Sous la présidence de Monsieur Mohamed Aujjar, cette commission s’est rapidement mobilisée, organisant plusieurs réunions pour élaborer une stratégie et un plan d’action cohérents.

Lire aussi : Parlement : la diplomatie de l’ombre

Lors de la réunion du Bureau politique tenue le 9 décembre 2024, une présentation détaillée a été réalisée sur les moyens d’intégrer les Hautes Orientations Royales et d’assurer une action proactive et coordonnée. L’objectif central de cette mobilisation est d’exploiter toutes les opportunités offertes par la diplomatie parallèle pour accompagner la dynamique conduite par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ces efforts visent à contribuer au règlement définitif de ce différend régional, tout en renforçant le rayonnement du Maroc sur la scène internationale.

-Le Brief : Quelles sont vos perspectives pour l’avenir dans ce domaine ?

-Nadia Bouaida : Pour renforcer davantage la diplomatie parlementaire et partisane du Maroc, plusieurs pistes méritent d’être explorées. L’une des priorités serait d’institutionnaliser des formations diplomatiques en créant des cycles permanents destinés aux parlementaires et cadres politiques. Ces formations leur fourniraient des arguments solides et des éléments de langage adaptés, consolidant ainsi leur capacité à défendre efficacement les intérêts du Maroc dans les enceintes internationales.

Le renforcement des partenariats internationaux s’impose également comme une priorité stratégique. Multiplier les accords de coopération avec des parlements et partis politiques étrangers permettrait de bâtir des alliances solides et durables en faveur des causes nationales. Dans cette optique, l’intégration accrue des jeunes constitue un axe prometteur. En les impliquant davantage dans les initiatives de diplomatie partisane, il serait possible de préparer une nouvelle génération d’acteurs compétents, capables de représenter le Maroc avec dynamisme et créativité sur la scène internationale.

Une attention particulière devrait également être accordée à la dynamisation des groupes d’amitié parlementaire. Leur structuration et leur fonctionnement pourraient être optimisés pour les transformer en instruments efficaces de plaidoyer et de lobbying en faveur des causes stratégiques du Royaume. Par ailleurs, une approche axée sur l’innovation pourrait jouer un rôle crucial. Exploiter les outils numériques et les plateformes de communication modernes, notamment les réseaux sociaux, offrirait de nouvelles opportunités pour intensifier la portée des actions diplomatiques et mieux promouvoir les positions marocaines à l’échelle internationale.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Entretien à Rabat entre Abdellatif Ouahbi et Qassem Al-Araji

Politique - Ouahbi a rencontré lundi à Rabat Qassem Al-Araji, Conseiller à la Sécurité nationale de la République d'Irak.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Le Maroc : pilier stratégique de la coopération sécuritaire et du renseignement dans un contexte géopolitique évolutif

Tribune - Par une approche intégrée combinant soutien au renforcement des capacités sécuritaires, le Royaume se positionne comme un acteur central.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Maroc-Mauritanie : quelles conclusions tirer de la visite du président ?

Afrique, Diplomatie, Politique - Relations, gazoduc… Quelles cartes se jouent derrière cette rencontre Maroc-Mauritanie ? Analyse.

Sabrina El Faiz - 23 décembre 2024

Sanchez à Rabat : « Les principes de la souveraineté sont menacés »

Politique - A Rabat, l'IS s’est rassemblée avec des personnalités socialistes, telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez, ou encore Anne Hidalgo.

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Assises de la régionalisation avancée : le roi Mohammed VI accorde une attention particulière à la réussite du développement régional

Politique - Le message du Roi adressé aux participants de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée met en lumière l'importance que le roi Mohammed VI accorde à la réussite du développement régional.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Transformation digitale au Maroc : défis et perspectives pour les régions

Politique - La transformation digitale s'impose comme une priorité stratégique pour le développement des régions marocaines, un enjeu mis en lumière lors des Assises de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2024

Le roi Mohammed VI reçoit le président de la République Islamique de Mauritanie

Politique - Le roi Mohammed VI a reçu ce jeudi au Palais Royal de Casablanca, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, selon un communiqué du Cabinet Royal.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

A Tanger, la régionalisation avancée en quête d’un nouveau souffle

Politique - À Tanger, les débats battent leur plein lors des Assises nationales de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

Bourita reçoit le président de l’Assemblée nationale de la Mauritanie

Politique - Le Maroc et la Mauritanie confirment leur volonté de renforcer leurs relations, comme en témoigne la rencontre entre Bourita et Bemba Meguett.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

CDM 2030 : la BAD investit 650 M€ au Maroc

Politique - Le président de la BAD, a annoncé l’élaboration d’un projet de financement de 650M d’euros, destiné au développement des infrastructures ferroviaires et aéroportuaires du Royaume.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Les dessous de la carte

Dossier - Prononcé devant le Parlement du Maroc le 29 octobre, quels secrets, quelles promesses, quelle histoire se cache derrière le discours d'Emmanuel Macron ?

Sabrina El Faiz - 2 novembre 2024

PLF 2025 : des réformes pour un avenir social plus équitable

Politique - Le projet de loi de finances (PLF) pour l'exercice 2025 met en avant un ensemble de mesures visant à consolider l’État social.

Farah Nadifi - 22 novembre 2024

PLF 2025 : 231 amendements examinés par la Chambre des conseillers

Politique - La Commission des finances de la Chambre des conseillers a reçu 231 amendements sur la première partie du Projet de Loi de Finances (PLF) 2025. Parmi eux, 66 ont été acceptés, 55 rejetés et 110 retirés. La majorité des propositions portaient sur le volet fiscal (177 amendements), suivi des volets douanier et divers.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Provinces du sud : visite historique de l’ambassadeur de France au Maroc

Politique - L’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a entamé une visite officielle dans les provinces du Sud du Royaume.

Farah Nadifi - 12 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire