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Posément, Rabat et Paris se retrouvent après «une longue traversée du désert»

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Une image aura suffi à confirmer le rapprochement entre le Maroc et l’Hexagone après une longue période de discorde. Pour la presse française, la première dame, Brigitte Macron, et le fraîchement nommé chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, sont tous deux les «artisans du dégel». Mais celui-ci n’en est qu’à ses débuts. Demeure toujours l’épineux dossier du Sahara. Les paroles, côté français, semblent envoyer des signaux positifs. Le Royaume, lui, attend fermement des actions.

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Un mois après sa nomination aux Affaires étrangères françaises, Stéphane Séjourné l’avait annoncé. «Le président de la République m’a demandé de m’investir personnellement dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation», avait déclaré le ministre dans un entretien au journal Ouest-France publié le 10 février. Et il a continué à le souligner à plusieurs reprises.

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Les relations conflictuelles entre le Maroc et la France qui ont duré pendant de longs mois semblent s’estomper et revenir à la normale, à «petits pas». D’abord, l’ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier, a pu remettre, fin septembre, ses lettres de créance au roi Mohamed VI. Puis Rabat a consenti enfin à nommer une ambassadrice à Paris : Samira Sitaïl, ex-journaliste reconvertie en communicante experte des situations de crise. «Un profil qui en dit long sur les attentes de Rabat», commente le journal français Les Échos.

Aujourd’hui, cette reprise prudente se confirme avec une photo qui a «fait l’effet d’une bombe politique et diplomatique», écrit le politologue Mustapha Tossa. «Dans la continuité des relations d’amitié historique entre la France et le Royaume du Maroc, Madame Brigitte Macron a reçu, à l’Élysée, Leurs Altesses Royales, les Princesses Lalla Meryem, Lalla Asmaa et Lalla Hasnaa», a indiqué la présidence française sur Instagram.

Une volonté commune de renouer le lien de confiance …

Il y a quelques jours, le chef du Quai d’Orsay, Stéphane Séjourné, prenait soin de souligner : «La volonté est là. J’ai repris le lien avec le Maroc. Il y avait des incompréhensions qui ont amené à une difficulté», a-t-il expliqué lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Avec cette visite, c’est cette volonté même que la République veut souligner. La France a marqué sa «volonté» de renouer un lien de confiance avec le Maroc, qualifiant la relation bilatérale «d’essentielle», après une longue traversée du désert, peut-on lire sur la dépêche de l’AFP.

En recevant les princesses marocaines à l’Élysée, Brigitte Macron a, en effet, symboliquement marqué la fin de la brouille entre les deux pays. Car, comme le souligne Mustapha Tossa, «il est vrai que l’épouse du président de la République n’a pas de fonction politique identifiée. Elle se contente d’être la première dame avec des activités symboliques, mais dans le cas du couple Macron, les Français ont depuis longtemps saisi son influence manifeste sur les convictions et les choix politiques de son président d’époux».

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À cette occasion, le président Macron est venu les saluer, a-t-on également appris. Le chef de l’État s’est même «récemment entretenu par téléphone avec Sa Majesté Mohammed VI». Prudemment et à petits pas, les signaux politiques se multiplient. Il semblerait que les deux pays soient prêts à entamer une nouvelle phase de leurs liens basée sur la confiance et le pari sur l’avenir.

Ces tensions avaient commencé par la politique de rapprochement avec l’Algérie voulue par le président français Emmanuel Macron, alors qu’Alger a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec Rabat. Peu de temps après, le nouveau chef de la diplomatie française a lui-même été au cœur d’un épisode de crise quand le groupe parlementaire européen qu’il présidait, Renew, a déposé une résolution dénonçant les atteintes à la liberté d’expression au Maroc. Le tout sur fond de tensions croissantes concernant le statut du Sahara occidental, et de crise des visas que la France délivrait alors au compte-gouttes.

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Le sommet de la crise a été atteint lors du séisme du 8 septembre 2023, lorsque le Maroc n’a pas donné suite aux propositions d’aide de la France. L’épisode, paradoxalement, note Les Échos, semble avoir servi de prise de conscience de la gravité de la crise entre deux partenaires aux nombreux sujets de coopération – économique, sécuritaire, migratoire, éducative…

… Réparer la dimension affective avant

«On a touché le cœur [des Marocains]. Je suis convaincu qu’il faudra du temps pour effacer ce gâchis, ces humiliations». Sur Radio 2M, l’ambassadeur français a ainsi fait acte de repentance dans les médias marocains sur la crise des visas. Pour lui, il faut d’abord réparer la dimension affective.

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La question des visas a été très largement résolue l’année dernière. «Quand je suis arrivé, j’ai eu des instructions très claires. Nous sommes sortis de la triste époque des limitations et des quotas», a-t-il encore affirmé, quelques jours plus tard lors d’une conférence-débat sur les relations franco-marocaines à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de Aïn Chock (Casablanca).

Pour le diplomate français, Stéphane Séjourné saura jouer un rôle important pour entretenir et développer la relation entre les deux pays. «C’est quelqu’un que j’ai eu la chance de rencontrer à quelques reprises. Il est extrêmement jeune et moderne en ce sens et comprend bien quels sont les enjeux du monde, et je n’ai aucun doute qu’il saura jouer un rôle important dans les semaines et les mois qui viennent pour entretenir, développer cette relation dans la phase dans laquelle elle se trouve aujourd’hui», a-t-il encore affirmé le même jour.

… Et sortir des zones grises

Le froid diplomatique tient aussi à la question de la marocanité du Sahara. Alors que plusieurs pays, notamment occidentaux, ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a fait de ce sujet le point central de ses relations diplomatiques. Le roi l’avait d’ailleurs bien précisé le 20 août 2022 : «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international».

Faut-il, dès lors, s’attendre à une évolution de la position française sur le sujet ? Paris semble en tout cas avoir conscience de l’importance de la question, comme en témoigne la récente intervention de l’ambassadeur français. Invité le 16 février à s’exprimer lors d’une conférence organisée à l’université Hassan II de Casablanca, celui-ci a déclaré qu’il serait «illusoire et irrespectueux de penser pouvoir construire un avenir ensemble avec le Maroc sans clarifier la position de la France sur la question du Sahara».

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«Comment voulez-vous, a poursuivi le diplomate, qu’on puisse prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les préoccupations majeures du royaume sur la question ?» Avant de conclure : «Dans le dialogue que nous avons avec le Maroc, cette question, comme elle l’a été depuis 2007, sera évoquée dans la logique de poursuivre l’intimité et le partenariat dans les années et les décennies à venir».

Toutefois, la France, par petites touches, laisse entrevoir un soutien plus affirmé au plan de Rabat. Il y a trois semaines, l’ambassadeur français inaugurait ainsi une antenne de la chambre de commerce française à Guelmim, considérée comme la porte du Sahara.

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