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Le document qui vient d’être publié par le Haut-Commissariat au plan (HCP) est d’une extrême utilité pour connaître l’évolution sociale des Marocains. En effet, l’édition 2024 des indicateurs sociaux du Maroc offre une perspective approfondie sur divers aspects de la société marocaine. Regroupant des données sur la population, l’éducation, la santé, l’emploi, l’habitat, la croissance économique, les revenus des ménages, ainsi que la culture et les loisirs, ce document constitue une ressource essentielle pour comprendre les tendances et les défis auxquels le pays est confronté.
Urbanisation croissante et baisse de la fécondité
Au 1er juillet 2023, la population marocaine était estimée à 37,02 millions d’habitants, avec un taux de féminisation de 50,2% et un taux d’urbanisation en progression, atteignant 64,8% en 2023 contre 64,3% en 2022. Cette urbanisation croissante est le résultat de divers facteurs, notamment l’exode rural, le développement des zones urbaines et la réaffectation de certaines zones rurales. Cette évolution démographique se reflète également dans la structure par âge de la population, avec une diminution de la proportion d’enfants au sein de la population, passant d’un tiers à un quart, principalement en raison de la baisse de la fécondité observée au cours des dernières décennies. L’indice synthétique de fécondité est ainsi passé à 2,05 enfants par femme en 2023, contre 2,21 en 2014, se situant désormais en dessous du seuil de remplacement de 2,1.
Lire aussi : Fécondité au Maroc : entre reprise légère et influences socio-économiques
Le vieillissement s’accélère, la dépendance aussi…
Une analyse plus approfondie révèle des disparités entre les milieux rural et urbain en ce qui concerne l’indice de fécondité, qui est légèrement plus élevé en milieu rural (2,36) qu’en milieu urbain (1,87). Parallèlement, le vieillissement de la population s’accélère, avec une augmentation de 4,8 points, attribuée à l’allongement de l’espérance de vie. Cette tendance est corroborée par une augmentation de la proportion de personnes âgées de 60 ans et plus et de celle en âge d’activité (15-59 ans), représentant respectivement 12,7% et 62,4% de la population. En outre, le HCP souligne que la longévité est plus élevée chez les femmes, avec une espérance de vie moyenne de 78,8 ans, et un écart de genre de 3,5 ans, en particulier en milieu urbain où elle atteint 82,2 ans. Le taux de dépendance démographique, qui mesure la proportion de la population inactive par rapport à celle en âge de travailler, s’élève à 60% en 2023.
Cette étude met en lumière une augmentation de la dépendance des seniors de 7 points entre 2004 et 2023, conjuguée à une baisse de 11 points de la dépendance démographique des enfants au cours de la même période. La dépendance des seniors est plus prononcée chez les femmes et dans les zones rurales.
Mariages tardifs et divorces en hausse
Par ailleurs, le rapport note une baisse continue du taux d’accroissement global et naturel de la population, avec un taux d’accroissement global de 9,6 ‰ en 2022/2023, un taux d’accroissement naturel de 10,8 ‰ et un taux brut de mortalité de 5,1‰. En ce qui concerne le taux de migration nette, celui-ci est estimé à -1,3‰, avec des disparités marquées entre les zones urbaines et rurales (5,8‰ en milieu urbain et -14,1‰ en milieu rural). De plus, on observe une diminution de l’âge au premier mariage parmi les femmes, en particulier en milieu rural, et une augmentation continue de l’âge au premier mariage chez les hommes, principalement en milieu urbain. L’âge moyen du premier mariage est ainsi de 25,5 ans pour les femmes et de 31,9 ans pour les hommes. En ce qui concerne les mariages et les divorces, on observe une tendance à la baisse du nombre de mariages, tandis que le nombre de divorces a augmenté au cours de la période étudiée.
Indicateurs sanitaires : un léger mieux
En ce qui concerne l’infrastructure sanitaire, le HCP, s’appuyant sur les données du ministère de la santé, signale une amélioration générale du réseau de soins de santé de base. Le nombre total d’établissements de soins de santé de base est ainsi passé à 3 015 en 2022, contre 2 985 en 2021, tandis que le nombre d’établissements hospitaliers est passé à 170 en 2022, contre 165 en 2021. De plus, la capacité litière théorique a augmenté pour atteindre 27 401 en 2022, contre 26 711 en 2021. Malgré ces améliorations, la densité médicale reste faible, avec seulement 7,6 médecins pour 10 000 habitants en 2022, et la densité paramédicale est de 10,1. Selon la carte sanitaire, les médecins restent concentrés dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat, où ils représentent plus de la moitié de la population.
Des progrès significatifs ont également été réalisés en matière de santé maternelle, avec une réduction notable du taux de mortalité maternelle de 35% entre 2010 et 2018, passant de 112 à 72,6 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Cependant, des disparités persistent entre les zones rurales et urbaines, le taux de mortalité maternelle étant 2,5 fois plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain. De même, le taux de mortalité néonatale a diminué, mais reste plus élevé chez les populations rurales. La mortalité des enfants de moins de 5 ans a également diminué, passant de 30,5‰ à 22,2‰.
Disparités entre le monde rural et les zones urbaines
En ce qui concerne l’habitat et l’accès aux services sociaux de base, le rapport met en évidence des disparités entre les zones rurales et urbaines. Alors que 75% des ménages occupent leur propre logement, la location est plus fréquente en milieu urbain. La densité d’occupation est plus élevée en milieu rural, avec deux tiers des ménages vivant dans des logements de 2 à 3 pièces. Les logements de type rural prévalent en milieu rural, tandis que les maisons de type marocain moderne et les appartements sont plus courants en milieu urbain. L’urbanisation rapide a entraîné la prolifération des taudis, mettant en évidence les défis liés à la planification urbaine et à l’accès aux infrastructures de base.
Enfin, en ce qui concerne l’accès aux services publics, des progrès significatifs ont été réalisés en matière d’électricité et d’eau potable, en particulier dans les zones rurales. Le taux d’accès à l’électricité est quasi généralisé, avec 99,2% des ménages desservis en 2022, contre seulement 98% en milieu rural en 2005. De même, le taux d’accès à une source améliorée d’eau potable a considérablement augmenté, passant à 93,8% en 2022, avec une nette amélioration en milieu rural par rapport à 2005. Cependant, des lacunes persistent en matière d’assainissement liquide, en particulier en milieu rural, où le taux de raccordement reste faible.
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