Accueil / Économie

Politique monétaire : faut-il augmenter les taux directeurs ?

Temps de lecture

Bank Al-Maghrib (BAM) © DR

Dans le monde, la croissance économique stagne alors que l’inflation bat son plein à cause de la crise liée aux répercussions de la pandémie et du conflit russo-ukrainien. La banque centrale américaine a relevé ses taux directeurs de trois quarts de point. Il s’agit de sa plus forte hausse depuis 1994. Aussi, la banque centrale européenne a annoncé qu’elle allait relever ses taux directeurs à partir du mois de juillet prochain. De son côté, Bank Al-Maghrib se retrouve dans un dilemme. Retarder le rehaussement des taux directeurs qui affecterait le pouvoir d’achat des ménages et l’épargne nationale, ou bien augmenter les taux directeurs et ainsi, limiter l’inflation générée par la crise ? Le point avec Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change.

Les marchés internationaux du crédit montrent des signes de tensions. Après la dernière crise de la dette qui a eu lieu en 2011, le spectre d’un nouveau « krach boursier » plane sur le monde. À l’approche du Conseil trimestriel de Bank-Al Maghrib (BAM), prévu le 21 juin, le sort des taux directeurs est au cœur des débats.

La Banque centrale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont opté pour l’augmentation des taux directeurs. La BCE a ainsi décidé de relever les taux directeurs de 25 points de base (pdb) en juillet, puis en septembre de cette année. Tandis que la Fed a annoncé une troisième hausse de ces taux, en se situant désormais dans une fourchette comprise entre 1,50 et 1,75%. Ces annonces ont provoqué des turbulences sur les marchés financiers. Elles ont notamment généré de fortes hausses des taux d’intérêts sur certaines obligations d’État.

La problématique de l’inflation

Ces derniers mois, le taux d’inflation a atteint des chiffres records (+8,6% aux USA). Lors d’une conférence de presse, le patron de la Fed, Jerome Powell, a souligné que cette hausse «est inhabituellement importante» et qu’elle entraine le besoin de recourir à la hausse des taux directeurs. Il a même prévenu qu’il faut s’attendre à d’autres relèvements du même ordre dans les mois à venir. «Dans la perspective d’aujourd’hui, une augmentation de 50 points de base ou de 75 points de base semble très probable lors de notre prochaine réunion», a-t-il ajouté.

Pour préserver la stabilité macroéconomique de l’État, il faut que les politiques monétaires et budgétaires agissent en synergie. Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change, nous explique que «les politiques monétaire et budgétaire sont complémentaires dans le sens où, si le gouvernement mène une politique expansionniste de croissance, il ne faut pas que la politique monétaire aille à contre-sens. En effet, si l’État décide de dépenser plus et de creuser son déficit, il sera obligé d’emprunter. Donc, cela est pénalisé par l’augmentation des taux d’intérêt. Dans ce cas, si le gouvernement veut tirer vers le haut, il lui faut plus de moyens de paiement. Et de toute façon, une hausse des taux impactera négativement l’objectif de croissance économique».

Lire aussi : 2022 : la croissance en panne

Ménages et entreprises : quelles attentes ?

La hausse du taux d’inflation est provoquée par la flambée des prix et les difficultés d’approvisionnement de l’énergie, aggravée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Chaque État a choisi de faire face à cette crise selon sa stratégie et ses moyens. Mais les dégâts demeurent inéluctables.

Le pouvoir d’achat des ménages a effectivement été gravement impacté par la pandémie et l’inflation. Selon Omar Bakkou, «les ménages attendent à ce qu’on leur assure une sécurité économique pour leur permettre de garder le même niveau de dépense. L’État doit donc y remédier pour alléger cette pression sur leur niveau de vie, en trouvant des solutions concrètes». Il ajoute : «Les entreprises souhaitent avoir un soutien de l’État et bénéficié, surtouts de financement pour survivre face à la crise actuelle».

BAM face à un dilemme cornélien

Le verdict tombera lors du Conseil de Bank Al-Maghrib, le 21 du mois courant. «Le Conseil de BAM aura lieu dans un contexte extrêmement compliqué. La banque centrale doit prendre des mesures pour contrer cette augmentation des prix. Et la mesure classique qui doit être adoptée est d’augmenter le taux directeur ou de diminuer les moyens de paiement. Et par conséquent, de baisser la demande et les prix», avance Omar Bakkou.

En revanche, la situation actuelle est marquée par une stagnation et une croissance faible à cause de plusieurs chocs. «Si on opte pour une politique anti-inflationniste, on risque de déprimer l’activité davantage».

Enfin, l’intervenant recommande de mettre en place une politique de substitution à l’importation, en matière d’énergie renouvelable et autres produits que le Maroc importe. Aussi, il préconise d’accélérer le plan de la souveraineté énergétique et le programme d’efficacité énergétique. Cela permettra au Maroc d’atténuer la pression économique à l’échelle nationale.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Investir à la portée de tous : l’AMMC innove

Économie - L’AMMC a dévoilé une plateforme web novatrice intitulée « Le Marché des Capitaux pour Tous », afin de vulgariser les connaissances liées au marché des capitaux.

Ilyasse Rhamir - 30 décembre 2024

SNTL : le CA approuve le budget prévisionnel pour 2025

Économie - Le Conseil d’administration de la SNTL a approuvé, sous la présidence de Abdessamad Kayouh, le budget prévisionnel pour 2025.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

14 milliards pour l’emploi : le plan choc du gouvernement

Économie - Un budget colossal, des mesures ciblées et une volonté affichée de réduire le chômage, Sekkouri a présenté, les grandes lignes d’un plan pour l’emploi.

Ilyasse Rhamir - 30 décembre 2024

CDG Capital actualise son programme de certificats de dépôt

Économie - L'AMMC a validé la mise à jour annuelle du programme d’émission de certificats de dépôt de CDG Capital.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

Les tendances et les défis du marché immobilier au Maroc

Tribune - À Casablanca, l’IPAI a reculé de 1%, avec des baisses de 0,5% pour les biens résidentiels, de 2,7% pour les terrains.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

Transferts record : un pilier économique mondial en 2024

Économie - En 2024, les transferts financiers des diasporas vers les pays à faible et intermédiaire revenu atteindront 685 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale.

Ilyasse Rhamir - 30 décembre 2024

Nouveau souffle pour l’emploi : un plan de 14 milliards de dirhams

Économie - Lors d’une conférence à Tétouan, Sekkouri a dévoilé un plan gouvernemental de 14 milliards de dirhams pour l'emploi.

Rédaction LeBrief - 29 décembre 2024

Marché des changes : dépréciation du dirham face au dollar

Économie - Durant la période du 19 au 24 décembre 2024, le dirham a enregistré une dépréciation de 0,7% face au dollar américain.

Rédaction LeBrief - 28 décembre 2024
Voir plus

5G au Maroc : un défi technologique avant le Mondial 2030

Économie - À l’approche du Mondial 2030, le Maroc aspire à intégrer pleinement la 5G dans son paysage technologique.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Gouvernement-syndicats : réforme fiscale et hausse des salaires

Économie - L'accord du gouvernement lors de la session d'avril 2024 du dialogue social central marque une avancée pour les revenus des salariés au Maroc.

Chaima Aberni - 6 mai 2024

AIF 2024 : signature de trois accords entre le Maroc et la BAD

Économie -Le gouvernement marocain a procédé à la signature de trois accords de financement avec la Banque africaine de développement (BAD).

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

70 millions de dollars pour moderniser la protection sociale

Économie - La Banque mondiale a validé un nouveau projet d’un montant de 70 millions de dollars afin de consolider les progrès réalisés dans la réforme de la protection sociale.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Hydrogène vert : Akhannouch émet la circulaire de mise en œuvre de « l’Offre Maroc »

Aziz Akhannouch a émis la circulaire de mise en œuvre de "l’Offre Maroc" pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.

Rédaction LeBrief - 11 mars 2024

FMI : le Maroc est sur la bonne voie pour maîtriser le ratio dette/PIB

Économie - Selon le FMI, le ratio de la dette devrait continuer à diminuer pour atteindre 68,3% en 2025, 67,2% en 2026 et 65% en 2029.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

Un bug sur Google affichait l’euro à 18,54 DH, BAM dément

Économie - Mercredi soir, les Marocains ont retenu leur souffle après avoir constaté une chute soudaine de la valeur du dirham face à l’euro.

Hajar Toufik - 19 janvier 2023

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire