Le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa. © DR
Ce vendredi matin à Rabat, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a présenté, devant les députés et les conseillers membres des commissions permanentes des finances, un exposé dans lequel il a passé en revue l’évolution de la situation économique internationale et nationale durant les six premiers mois de l’année en cours. Il a aussi discuté de l’exécution de la LF à fin juin 2023, du cadre général du PLF 2024 et des prévisions de fin d’année, outre la programmation budgétaire triennale 2024-2026.
Le Conseil de gouvernement, réuni hier sous la présidence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait suivi ledit exposé, cette fois présenté par la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui.
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Avec cette présentation, les consultations pour le prochain projet de budget 2024 avec les arbitrages entre ministères pourront démarrer. Les élus eux ne se pencheront sur ce projet qu’à la rentrée. À noter que les parlementaires, députés et conseillers, partiront en vacances dès le 26 juillet, date de la clôture de la session du printemps. La reprise parlementaire aura lieu le second vendredi du mois d’octobre, soit le 8, avec une plénière commune présidée par le Souverain, comme le stipule l’article 65 de la Constitution.
Un contexte national et international difficile
L’année 2023 reste compliquée pour l’économie nationale. La loi de finances exécutée au cours du premier semestre de l’année l’a été dans un contexte toujours caractérisé par des tensions inflationnistes persistantes et le resserrement des politiques monétaires aux niveaux international et national.
Au niveau international, après la pandémie Covid-19, le conflit en Ukraine a, en effet, entraîné une hausse des prix de nombreux produits, notamment alimentaires. Certains produits ont connu une augmentation plus forte que d’autres. Aujourd’hui, malgré la baisse des prix mondiaux des matières premières et le resserrement des politiques monétaires, le recul des pressions inflationnistes reste lent, précise-t-on.
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Sur le plan national, alors que la reprise complète des conséquences de la crise liée à la Covid-19 ne s’est pas encore faite, les conséquences du conflit russo-ukrainien et de la sécheresse se sont accumulées pour la deuxième année consécutive, affectant négativement les perspectives de croissance de l’économie nationale.
Dans ce contexte, le gouvernement poursuit ses efforts pour, d’une part, faire face aux pressions inflationnistes par des mesures circonstancielles de contrôle de la hausse des prix alimentaires et de respect des obligations gouvernementales, en mettant en œuvre les réformes nécessaires au niveau social, en mobilisant les ressources en eau et en stimulant les investissements. Et, d’autre part, œuvrer pour assurer le recouvrement des marges budgétaires, peut-on lire sur le document ministériel.
Une baisse des prévisions de croissance économique pour l’année 2023
Malgré ce contexte, et en raison du dynamisme de certains secteurs non agricoles, la révision de la baisse de la croissance de l’économie nationale pour l’année 2023 n’a pas dépassé -0,6 point. Ce résultat positif a été porté par les secteurs de l’industrie, du tourisme et du transport, en particulier le transport aérien, malgré la mauvaise performance du secteur des mines, du bâtiment et des travaux publics et du secteur énergétique.
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L’encaissement des recettes fiscales à fin juin 2023 s’est traduit par des résultats positifs par rapport aux attentes de la loi de finances 2023, atteignant taux de réalisation de 53,6%. Et en comparaison à la même période de 2022, celles-ci ont augmenté de 5,3 milliards de DH (MMDH), soit +4,1%.
Les dépenses ont, quant à elles, été exécutées à fin juin 2023 conformément aux prévisions de la loi de finances, atteignant un taux de réalisation de 50,9%. Le taux de réalisation des émissions d’investissement a pour sa part atteint 48,7%. Par rapport aux résultats du premier semestre 2022, les dépenses courantes ont augmenté d’environ 1,2 MMDH ou 0,8%. Ce résultat est principalement porté par l’augmentation des dépenses de «biens et services» de 4,8 MMDH et des intérêts sur la dette de 1,5 MMDH, tandis que les frais de règlement ont enregistré une baisse de environ 5,1 MMDH.
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En conséquence de ces évolutions et compte tenu de l’excédent enregistré par les comptes spéciaux du Trésor (+13,3 MMDH), le déficit budgétaire s’est accru de 9,6 milliards de dirhams pour atteindre 27,8 MMDH. Un niveau de déficit qui représente environ 42,3% du niveau projeté par l’élaboration de la loi de finances.
Malgré le contexte toujours difficile et les fluctuations internationales, l’économie nationale maintient sa résilience grâce aux politiques adoptées, ce qui renforce la confiance de la communauté financière internationale, facteur clé pour mobiliser des financements à faible coût et attirer les investissements directs étrangers.
Une croissance de 3,7% et une inflation à 3,4% pour l’année 2024
Le gouvernement indique que les tensions géopolitiques qui prévalent actuellement continueront d’affecter les cours mondiaux des matières premières, notamment alimentaires, provoquant des hausses des prix. Ce qui affecte négativement les équilibres budgétaires de l’État, ainsi que le pouvoir d’achat des citoyens.
Et, au regard des hypothèses retenues par le gouvernement pour préparer le projet de loi de finances pour l’année prochaine, il est attendu que le revenu national et l’économie nationale rebondissent en 2024 à un rythme d’environ +3,7% au lieu de +3,4% en 2023. À moyen terme, le gouvernement table sur un taux de croissance qui se rapproche progressivement de son « niveau disponible » dans la limite de 4%.
Ces hypothèses fixent notamment la production céréalière à 75 millions de quintaux, le cours du gaz butane à 500 dollars la tonne, taux de change du dollar de 9,8 DH et un taux d’inflation annuel limité à 3,4%.
Pour les années 2025 et 2026, le gouvernement maintient des prévisions similaires pour la production céréalière et le taux de change du dirham. Cependant, il prévoit un recul du cours du gaz butane à 450 dollars et un retour de l’inflation à son niveau toléré de 2%.
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La valeur ajoutée agricole devrait ainsi progresser de 5,9% en 2024, avant d’enregistrer une croissance de 4,1% en 2025 et de 4,8% en 2026. La valeur ajoutée non agricole quant à elle devrait évoluer de 3,4% l’année prochaine, et progresser de 3,6% en 2025 et de 3,9% en 2026.
Le PLF 2024 table par ailleurs sur un allégement du déficit budgétaire à 4% l’année prochaine, au lieu des 4,5% prévus pour l’année en cours. Ce déficit devrait continuer à se réduire pour s’établir à 3,5% en 2025 et à 3% en 2026. La maîtrise du niveau de déficit, conformément à l’approche ciblée dans le cadre de la programmation budgétaire précédente pour maintenir la soutenabilité de l’endettement, nécessite la poursuite des réformes et la prise des mesures nécessaires afin de mobiliser des marges supplémentaires tant au niveau des ressources que des dépenses, indique le document.
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Le niveau d’endettement de l’État, pour sa part, devrait légèrement reculer l’année prochaine pour se situer à 71,2% du PIB au lieu de 71,5% prévu cette année. En 2025, il devrait encore baisser à 70,7% du PIB, puis à 69,7% en 2026.
Toutefois, précise le ministre, ces anticipations peuvent être revues à la baisse compte tenu de la poursuite de la détérioration de l’économie mondiale en 2024 et de la révision des prévisions de croissance de l’Union européenne à la lumière des répercussions du conflit russo-ukrainien sur les prix des matières premières et les chaînes mondiales de production et d’approvisionnement.
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