Accueil / Économie

PLF 2024 : la TVA de la discorde

Temps de lecture

Nadia Fettah Alaoui et Fouzi Lekjaa devant la Commission des finances et du développement économique à la 1re Chambre © Capture d'écran/Chaîne parlementaire

Au sein du Parlement, les réunions de la Commission des finances et du développement économique s’enchaînent pour se mettre d’accord autour des nouveautés fiscales du Projet de loi de finances (PLF) 2024. Le débat sur la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est très tendu. Si une exonération élargie de la TVA pour plusieurs produits de consommation courante est saluée, d’autres amendements proposés par le gouvernement sont rejetés en bloc. Détails.

Bien que l’inflation ait marqué une pause, elle maintient des niveaux élevés, générant des préoccupations quant à son impact sur l’économie nationale en général et sur le budget des ménages en particulier. Dans ce contexte d’augmentation des prix, l’idée de réduire les taux de Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur une sélection de produits émerge comme une solution rapide et potentiellement efficace pour alléger le fardeau financier des ménages les plus modestes. Le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a annoncé que le budget de l’année 2024 est résolument axé sur des initiatives sociales majeures. S’exprimant lors d’un point de presse à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement, Baitas a souligné que le Projet de loi de finances (PLF) 2024 reflète un engagement fort envers les principes de l’État social. Le ministre délégué a également souligné que le financement de l’État social nécessitera la mise en œuvre des réformes fiscales prévues dans la Loi de finances 2024, alignées sur la loi-cadre relative à la réforme fiscale et les recommandations des Assises nationales sur la fiscalité.

Lire aussi : PLF 2024 : place au débat !

Le gouvernement fait marche arrière

Un consensus a été atteint pour maintenir les prix de l’eau et de l’électricité lors d’une réunion entre le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, et les présidents des groupes de la majorité parlementaire. Cette décision a été actée juste avant l’expiration du délai pour le dépôt des amendements au PLF. Ainsi, la TVA sur l’eau baissera de 7% à 0% (contre 10% sur le PLF initial) alors que celle sur l’électricité augmentera à 10% mais sans augmentation sur les factures. De plus, Lekjaa a accepté une réduction du taux de TVA sur le transport urbain par autobus et tramway, passant de 14% à 10%.

Par ailleurs, une polémique a éclaté concernant la suppression de la TVA de 7% sur tous les médicaments, une mesure visant à réduire les prix des médicaments. Cette mesure ne fait pas l’unanimité parmi les industriels pharmaceutiques, qui réclament son amendement. Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP), a déclaré que les sociétés du secteur exigent une exonération de la TVA avec droit à déduction pour assurer la neutralité fiscale et l’équité entre les acteurs économiques. Les professionnels se mobilisent pour rencontrer décideurs et parlementaires afin d’obtenir gain de cause.

Même son de cloche du côté du Parti de la justice du développement (PJD). Le président du Conseil national du parti de la lampe et ex-ministre délégué chargé du Budget, Driss El Azami El Idrissi, a estimé que la conversion de l’exemption de TVA en une exonération totale pour tous les produits pharmaceutiques et les fournitures scolaires sans droit à déduction, tel que proposé dans le PLF 2024, est perçue comme un recul majeur. El Azami a averti que cette mesure pourrait entraîner des problèmes, notamment la réduction des marges bénéficiaires des pharmacies, la possibilité pour les citoyens de supporter une augmentation des coûts des médicaments, et même l’encouragement des importations au détriment de la souveraineté sanitaire du pays.

El Azami s’est également interrogé sur la justice fiscale, soulignant le paradoxe d’une réduction du taux de TVA de 14 à 10% sur les services fournis par les assureurs, les agents ou les courtiers, alors que le gouvernement envisageait au départ une augmentation des tarifs appliqués aux services de transport, de distribution d’eau et d’électricité.

Lire aussi : PLF : voici les principales actions programmées en 2024

Nadia Fettah défend le budget de son ministère

La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a pris la parole jeudi à la Chambre des représentants pour présenter les grandes lignes du plan d’action du ministère pour l’année 2024. Devant la Commission des finances et du développement économique, Fettah a souligné l’engagement continu dans le chantier royal de la protection sociale. Elle a annoncé la poursuite de la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) au profit des catégories vulnérables, avec une enveloppe estimée à 9,5 milliards de DH (MMDH). De plus, elle a révélé l’allocation de 25 MMDH en 2024 pour un programme d’aide sociale directe, prévu de démarrer avant la fin de l’année.

Le ministère intensifiera ses efforts en matière de ciblage social en accélérant la mise en œuvre du système, mobilisant tous les moyens nécessaires pour renforcer le processus d’inscription dans le Registre national de la population (RNP) et le Registre social unifié (RSU).

Le plan d’action ambitieux comprend également la continuation du Programme de reconstruction et de mise à niveau des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz. Il vise à dynamiser l’économie nationale en poursuivant l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et en soutenant l’initiative entrepreneuriale. La réforme du secteur des établissements et entreprises publics (EEP) reste également au cœur des préoccupations, avec des processus de restructuration et une vigilance accrue sur les délais de paiement.

Selon Fettah, le ministère concentrera ses efforts en 2024 sur la mise en œuvre des mesures prévues par la loi-cadre portant réforme fiscale, visant ainsi à atteindre l’équité fiscale. L’accent sera également mis sur le soutien à l’entrepreneuriat, la promotion de l’investissement, l’amélioration des conditions de financement pour les TPME, et l’actualisation du cadre juridique de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).

Dans le domaine de la concurrence, des prix et de la compensation, le ministère continuera les subventions aux produits de base en allouant environ 16 MMDH et renforcera les mécanismes de contrôle du soutien au sucre et au gaz butane. La réglementation des prix des produits et services réglementés et la création d’un observatoire national pour surveiller les prix des produits libéralisés sont également au programme.

Lire aussi : Parlement : Fettah présente les grandes lignes du PLF-2024

Dernier articles
Les articles les plus lu

La dette extérieure du Maroc a doublé en 10 ans

Économie - La dette extérieur (69 Mds $) dollars équivaut à 50% du revenu national brut (RNB) et représente près de 110% des revenus de l’export.

Mbaye Gueye - 7 décembre 2024

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

Crédit du Maroc clôture avec succès le placement relatif à l’emprunt obligataire subordonné perpétuel de 500 MDH

Économie - Crédit du Maroc a réussi son placement relatif à l'emprunt obligataire subordonné perpétuel, , doté d’un mécanisme d’absorption des pertes et d’annulation de paiement des coupons, pour un montant global de 500 millions de dirhams (MDH).

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

Driss Guerraoui primé à Barcelone

Économie - Le professeur Driss Guerraoui, président de l’Université Ouverte de Dakhla, a reçu le Prix international du leadership en intelligence économique pour l’année 2024.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague

Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

AIF 2024 : signature de trois accords entre le Maroc et la BAD

Économie -Le gouvernement marocain a procédé à la signature de trois accords de financement avec la Banque africaine de développement (BAD).

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024
Voir plus

L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague

Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

PLF 2025 : un budget citoyen pour tous

Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Agadir : entre tourisme et défis climatiques

Économie - Agadir est devenue en quelques années un havre de paix pour des milliers de retraités français. Cependant, cette douceur de vivre s’accompagne de défis environnementaux et sociaux, notamment la crise de l’eau.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

AIF 2024 : signature de trois accords entre le Maroc et la BAD

Économie -Le gouvernement marocain a procédé à la signature de trois accords de financement avec la Banque africaine de développement (BAD).

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Hydrogène vert : Akhannouch émet la circulaire de mise en œuvre de « l’Offre Maroc »

Aziz Akhannouch a émis la circulaire de mise en œuvre de "l’Offre Maroc" pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.

Rédaction LeBrief - 11 mars 2024

FMI : le Maroc est sur la bonne voie pour maîtriser le ratio dette/PIB

Économie - Selon le FMI, le ratio de la dette devrait continuer à diminuer pour atteindre 68,3% en 2025, 67,2% en 2026 et 65% en 2029.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire