Parlement : la diplomatie de l’ombre
Vous êtes au fait, honorables parlementaires, du rôle agissant qui revient à la diplomatie partisane et parlementaire pour recueillir davantage de reconnaissances en faveur de la Marocanité du Sahara et pour élargir l’appui à l’Initiative d’autonomie, en tant que seule solution à ce conflit régional.
Aussi, Nous appelons à plus de coordination entre les deux chambres du Parlement à ce sujet, en mettant en place des structures internes adaptées, dotées de profils qualifiés et en appliquant les critères de compétence et de spécialisation dans le choix des délégations, aussi bien à l’occasion des rencontres bilatérales que lors de la participation à des forums régionaux et internationaux.
Le roi Mohammed VI au Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la quatrième année législative, de la 11ᵉ législature, le 11 octobre 2024.
Le message est clair, mettant en lumière le rôle des parlementaires dans la résolution de la question du Sahara marocain. «En termes de relations internationales d’une manière générale, et de cause nationale en particulier, il n’y a plus de majorité ou d’opposition, il y a le Maroc !», explique Abdelmajid Fassi Fihri, deuxième vice président de la chambre basse (député du parti de l’Istiqlal), à Le Brief.
À l’instar d’un pur-sang arabe, le Parlement avance toujours, rectifiant ses virages au besoin. Porté par des Marocaines et Marocains investis d’une même mission, il se positionne comme rempart pour protéger les intérêts du Royaume. En collaboration avec les Affaires internes, les Affaires étrangères et les partis, il utilise chaque carte pour élaborer sa stratégie de défense. Une diplomatie parallèle, pour un acteur central.
«Une question à laquelle Sa Majesté le Roi, que Dieu le Glorifie, accorde un intérêt particulier. Il a présenté une feuille de route claire sur le rôle agissant de la diplomatie parlementaire pour renforcer la reconnaissance de la Marocanité du Sahara et contrer les actions des adversaires. Il a aussi appelé à une meilleure coordination entre les deux chambres du parlement en mettant en place des structures adaptées, dotées de profils qualifiés et en appliquant les critères de compétence dans le choix des délégations», déclare Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti justice et développement (PJD) à la Chambre des représentants, à LeBrief.
Dans un contexte mondial parfois houleux, parfois favorable, nous tenterons de comprendre, avec humilité, le rôle de ce Parlement rouge et vert. Carrefour des relations internationales, haut-lieu des débats politiques, microcosme décisionnaire de la sécurité… Par où commencer ? Il y a tant à dire. Et si nous commencions par les deux Chambres ? La Chambre des représentants et celle des conseillers. Ce Parlement bicaméral représente deux assemblées distinctes.
Chaque Chambre a un rôle distinct, mais elles travaillent ensemble pour surveiller le gouvernement au nom des 36 millions de Marocains.
La Chambre des représentants, élue par le vote direct, a un mandat de cinq ans et se charge de regarder et voter les lois. Elle fait des sessions de questions avec les ministres pour des débats publics afin d’expliquer les sujets. Si elle n’est pas d’accord, elle peut faire tomber le gouvernement par une motion de censure, selon l’article 105 de la Constitution, ce qui assure une transparence dans le contrôle du pouvoir exécutif.
La Chambre des conseillers, elle, est élue indirectement par des représentants des collectivités locales, syndicats et chambres professionnelles. Chaque groupe participe aux débats et peut proposer et changer des lois, même si la décision finale est pour la Chambre des représentants.
Les deux Chambres travaillent ensemble pour créer et voter des lois, tout en maintenant une représentation égale des citoyens. Les membres des deux Chambres jouent un rôle important dans le débat national et la diplomatie, en échangeant avec des homologues étrangers, en prenant position dans des forums internationaux et en multipliant les rencontres bilatérales. Grâce à ces actions, le Parlement envoie un message clair au monde : celui de défendre la souveraineté du Royaume.
« La diplomatie parlementaire a pour priorité, d’une part, de renforcer les liens avec les Parlements, notamment africains et arabes. On sait qu’aujourd’hui, le Maroc joue un rôle clé dans l’Union africaine, et il aspire donc à renforcer ses relations parlementaires avec les pays africains afin d’ancrer davantage son leadership régional», nous détaille le deuxième vice président de la chambre basse.
En bref : Première chambre = Chambre des Représentants. Deuxième Chambre = Chambre des Conseillers.
Le soft power marocain
La diplomatie parlementaire est un outil de soft power pour le Maroc, soutenue par l’histoire et la stratégie du Royaume. Pour être une force dans le contexte géopolitique actuel, il faut développer son expansion et son influence.
Le Maroc a une longue histoire diplomatique, basée sur des principes de souveraineté, justice, dialogue et multilatéralisme. Cette histoire a permis au Royaume de se positionner comme un acteur sérieux sur la scène internationale, capable de proposer des solutions pratiques dans des contextes compliqués (comme en Libye, dans les pays du fleuve Mano, et concernant la question israélo-palestinienne et le Mali). Cela a contribué à renforcer la reconnaissance de la diplomatie marocaine.
Le soft power du Maroc se voit aussi dans la promotion de valeurs comme les droits humains, le développement durable, et la coopération entre pays du Sud. La diplomatie parlementaire, par sa participation aux forums et assemblées internationales, est un moyen crucial pour étendre ces efforts. Les parlementaires marocains peuvent ainsi faire entendre la voix du Maroc, fortifier ses alliances, et soutenir des initiatives face aux défis du moment. Pourtant, la diplomatie parlementaire n’a pas encore entièrement réalisé son potentiel. «Plusieurs facteurs freinent son développement. D’abord, le niveau de spécialisation des parlementaires dans les affaires internationales reste limité. Tandis que des pays comme le Royaume-Uni ou la France misent sur des parlementaires hautement formés, le Maroc doit encore renforcer les capacités techniques de ses représentants. Une meilleure formation en géopolitique, en droit international et en communication stratégique est essentielle pour améliorer leur action. Ensuite, bien que le gouvernement assure une cohérence stratégique, il manque une coordination entre la diplomatie officielle et parlementaire. Un Haut Conseil consultatif de la Diplomatie, regroupant ministères, parlementaires et experts, pourrait pallier ce déficit en assurant une synergie entre les initiatives diplomatiques», explique Cherkaoui Roudani, expert en géostratégie et sécurité.
La diplomatie parlementaire doit s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques, qui sont caractérisées par des tensions entre pays et un rôle plus important des acteurs non gouvernementaux. Il est important d’avoir une meilleure présence dans des zones comme l’Afrique subsaharienne, où le Maroc joue déjà un rôle significatif, ainsi que de former des alliances avec des nations importantes en Scandinavie, en Amérique latine et en Asie. Pour faire de la diplomatie parlementaire un instrument du soft power marocain, il est nécessaire de se concentrer sur trois points : améliorer les compétences humaines, établir des liens entre la diplomatie officielle et parlementaire, et augmenter la visibilité internationale. Ces initiatives reposent sur des valeurs communes comme la paix, le dialogue entre cultures et religions, et le développement global pour rendre le modèle marocain plus attrayant.
De gauche à droite, le Parlement prime
Dans cette vaste entreprise, les partis politiques jouent un rôle indispensable en second plan. Chaque groupe parlementaire, qu’il soit de la majorité ou de l’opposition, a une responsabilité dans la construction de la diplomatie proactive.
«Tout d’abord, j’aimerais bien vous préciser que les opinions exprimées reflètent l’avis du groupe parlementaire du PJD, que j’ai l’honneur de présider, en tant que composante dynamique de l’opposition au sein de la Chambre des représentants. De plus, quand on aborde la thématique de diplomatie parlementaire en tant que fonction du Parlement, la chambre des représentants lui a consacré, dans son règlement intérieur, une batterie de mécanismes pour booster cette fonction. Ainsi, deux groupes de travail thématiques temporaires ont été créés : le premier traite des affaires africaines, chargé de suivre les domaines de coopération maroco-africaine et de renforcer la solidarité africaine, dans le respect des compétences attribuées à la commission permanente en affaires étrangères», explique Abdellah Bouanou.
Et notre interlocuteur de détailler que des groupes de travail thématiques temporaires peuvent être créés, chacun dans son domaine de compétence, concernés par :
- La première question nationale du Maroc : la question de l’intégrité territoriale du Royaume,
- La construction du Maghreb,
- La coopération arabe, islamique, européenne, américaine et asiatique,
- La juste cause palestinienne.
De plus, un groupe de travail peut être créé concernant le droit international humanitaire, visant à harmoniser la législation marocaine avec les dispositions internationales et promouvoir sa culture.
Par ailleurs, un ensemble d’articles du règlement intérieur, dans la partie huit, intitulée «Le travail diplomatique parlementaire de la Chambre des représentants», est dédié à la diplomatie parlementaire, avec des sections sur les parlementaires permanents, la désignation personnelle pour représenter la CdR et la constitution des groupes fraternels et d’amitié.
Chaque parti défend un point de vue unique, mais où les clivages politiques pourraient naître dans les politiques étrangères, le Parlement marocain les transforme en une force unie. On pourrait le comparer à une grande famille, où, malgré des divergences, chacun défend la Patrie.
La question du Sahara est cruciale, car elle réunit tous les partis politiques autour du même objectif : améliorer la position du Maroc sur ce sujet à l’international.
L’internationale Socialiste
Il y a une semaine, à Rabat, trois événements majeurs de l’Internationale Socialiste ont eu lieu : la réunion du Comité Afrique, celle des femmes socialistes et la session de la présidence. Ces rencontres ont montré le rôle du Maroc et de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) dans des enjeux importants. Des personnalités socialistes telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez et Anne Hidalgo étaient présentes.
L’USFP défend constamment la question du Sahara marocain dans les instances de l’Internationale Socialiste. C’est une priorité pour le parti, qui travaille aussi pour la justice sociale et la démocratie en Afrique. Les discussions ont porté sur des défis stratégiques pour l’Afrique : instabilités politiques, inégalités sociales et crises environnementales.
Ces réunions ont permis de formuler des solutions pratiques. La commission africaine de l’Internationale socialiste cherche à coordonner les efforts des partis pour promouvoir le développement durable, renforcer les systèmes démocratiques et protéger les droits de l’Homme.
Cependant, la diplomatie parlementaire ne se limite pas à la question du Sahara. Elle couvre plusieurs domaines, tels que l’économie, les droits humains, le climat et la culture. À travers des groupes d’amitié et des rencontres avec d’autres institutions, le Parlement marocain cherche à établir des relations durables.
Les groupes d’amitié parlementaire sont un bon exemple de cette méthode. Ils favorisent le dialogue avec des pays comme la France, le Panama et la Suède, et permettent de défendre les intérêts du Maroc. Les visites officielles des parlementaires marocains à l’étranger, bien que parfois symboliques, ont une grande importance stratégique. Par exemple, quand une délégation se rend au Panama, cela vise à renforcer les relations tout en sensibilisant un allié de taille en Amérique latine sur le sujet du Sahara marocain et en partageant les progrès des provinces du Sud pour corriger les idées fausses diffusées par le Polisario et ses soutiens.
Cet engagement parlementaire devient plus efficace grâce aux partis politiques. Ces derniers soutiennent l’action diplomatique du Maroc en participant à des réseaux comme l’Internationale libérale. À travers leurs représentants, les partis marocains prennent part à des discussions globales, influencent les résolutions et forment des alliances qui solidifient la position du Maroc sur la scène internationale. La présence de Marocains dans des rôles importants dans ces organisations, comme l’a été Hakima El Haite, reflète l’influence du pays dans ces domaines.
Les groupes d’amitié parlementaire : établir des relations dans un monde divisé
Dans un monde où les relations entre les pays sont souvent difficiles, les groupes d’amitié parlementaire offrent une manière plus personnelle de faire de la diplomatie. Ces groupes, présents au Parlement marocain, jouent un rôle stratégique dans l’établissement de relations avec d’autres parlements, en Europe, en Amérique latine, en Afrique ou en Asie.
Ces relations permettent au Parlement marocain de renforcer la coopération dans des domaines variés comme l’économie, la culture ou la sécurité. Par exemple, le groupe d’amitié parlementaire Maroc-Panama traite non seulement du Sahara marocain, mais aussi des opportunités d’investissement.
Chaque interaction sert à défendre la position du Maroc, notamment sur le Sahara, un sujet central de sa diplomatie. Ces groupes, souvent sous-estimés, se révèlent très efficaces pour influencer les perceptions et les discours, loin des pressions des forums traditionnels.
Les relations avec la Suède
Les relations entre le Maroc et la Suède illustrent bien l’importance de ces groupes. En 2015, face à la menace de reconnaissance de la pseudo-RASD par le gouvernement suédois, le Parlement marocain a réagi en utilisant ses liens avec les Suédois pour expliquer l’injustice d’une telle décision. Ce travail diplomatique, soutenu par des échanges répétés, a permis de réduire la tension.
Cela montre comment les groupes d’amitié parlementaire peuvent jouer un rôle en servant d’intermédiaires entre des points de vue opposés.
Les groupes d’amitié offrent des canaux formels, tandis que les visites parlementaires représentent une dynamique plus flexible. Ces missions ne sont pas que des voyages de courtoisie ; elles sont des actions concrètes où chaque rencontre est soigneusement pensée pour avancer les intérêts du Maroc.
La visite au Panama en est un bon exemple. Lors de cette mission, les parlementaires marocains ont renforcé les liens et obtenu un soutien pour le Sahara marocain. Le Panama, perçu comme éloigné des enjeux africains, est devenu un allié potentiel grâce à ces actions diplomatiques.
Les parlementaires ont aussi mis en avant les avancées dans les provinces du Sud, en soulignant les investissements, le développement des infrastructures et les initiatives locales. Ils ont présenté l’initiative marocaine d’autonomie comme étant la seule option valable et conforme au droit international.
Les résultats sont rapides. Un communiqué du ministère panaméen des Affaires étrangères a annoncé, le 21 novembre 2024, la suspension des relations diplomatiques avec la pseudo « rasd », une décision confirmée par le Parlement panaméen. Ces discussions ont renforcé la coopération économique et démantelé les idées fausses véhiculées par le Polisario.
Un dialogue avec la France
Les relations parlementaires avec la France montrent également cette importance. La France, partenaire historique du Maroc, doit régulièrement revoir ses rapports avec le Royaume. Les échanges entre des parlementaires comme Rachid Talbi Alami et Yaël Braun-Pivet favorisent un dialogue continu, surtout aujourd’hui, concernant des questions comme le Sahara, la lutte contre le terrorisme, l’immigration et les possibilités d’investissement.
«Le renforcement des relations avec l’Union européenne, notamment via le Parlement européen, constitue une priorité stratégique pour le Maroc. Cette démarche se traduit par une coopération accrue en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et d’accords commerciaux. La visite récente de Talbi Alami, président du Parlement marocain, auprès de Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, illustre cette volonté. Par ailleurs, le Maroc s’affirme sur la scène multilatérale en participant activement aux assemblées parlementaires des organisations internationales, soutenu par une diplomatie parlementaire engagée», explique Abdelmajid Fassi Fihri.
Cela prouve que le Parlement marocain, à travers ses membres, ne se contente pas de défendre ce qu’il a, mais cherche aussi à explorer de nouvelles possibilités dans un monde qui change tout le temps. L’action diplomatique du Parlement marocain est importante car elle fait partie d’une stratégie nationale plus large. Chaque interaction suit une vision précise, respectant les directives du ministère des Affaires étrangères et de la Monarchie. À la différence d’autres pays où les initiatives parlementaires peuvent être désordonnées, le Maroc montre une certaine cohérence.
Cette cohérence se voit dans les thèmes principaux de la diplomatie marocaine, au-delà du Sahara. Le Parlement discute aussi de sujets globaux comme le changement climatique, les droits humains et la coopération entre pays du Sud. Ces efforts renforcent le statut du Maroc comme joueur clé sur la scène internationale.
Exemple de la coopération Sud-Sud
La coopération entre les pays du Sud est importante pour le Maroc. Grâce à des actions parlementaires, il renforce son lien avec l’Afrique, sa zone d’influence naturelle. Les échanges avec les parlements africains, que ce soit lors de visites bilatérales ou multilatérales, montrent une volonté de solidarité et de coopération. Ces actions profitent aux deux parties, le Maroc partageant ses compétences en agriculture, énergies renouvelables et formation, tout en affirmant son rôle de leader sur le continent. Le Parlement joue un rôle essentiel dans cette stratégie, soulignant les succès du Maroc tout en prônant une intégration régionale durable.
Diplomatie des idées
Derrière les grands sommets où se retrouvent des chefs d’État, une diplomatie discrète mais stratégique prend forme. Initiée par les partis marocains, cette diplomatie des idées vise à défendre les intérêts du Maroc, au-delà des gouvernements, en engageant des réseaux politiques dans un dialogue à la fois idéaliste et pratique.
«Nous pouvons dire que la majorité a mis en place plusieurs initiatives qui visent à renforcer la position du Maroc sur la scène internationale. Bien entendu, ces initiatives s’inscrivent dans la continuité de la politique extérieure qui est définie par Sa Majesté le Roi. Le Maroc s’articule aujourd’hui autour de trois axes stratégiques. D’abord, le renforcement des relations bilatérales, marqué par des accords économiques, sécuritaires et culturels avec des partenaires africains, européens et arabes, consolidant son rôle de partenaire stratégique. Ensuite, la défense de la souveraineté nationale sur le Sahara, objectif central de sa diplomatie, s’appuie sur des efforts intenses pour obtenir des soutiens internationaux. Enfin, son leadership en énergies renouvelables, reconnu mondialement, renforce son image de nation éco-responsable. Ces initiatives concrètes témoignent d’un Maroc engagé, dynamique et influent sur la scène internationale», nous détaille Fassi Fihri.
L’on parle là de la reconnaissance et du soutien croissant des pays pour la position du Maroc par rapport à son Sahara, de la reconnaissance des États-Unis en 2020, celle de l’Espagne, celle de l’Allemagne et dernièrement celle de la France, avec la visite du président Emmanuel Macron, qui a déclaré en séance publique au Parlement que la position de la France reconnaissait la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Plus de 30 pays qui ont ouvert des consulats à Laâyoune et à Dakhla. Il y a plus de 20 pays de l’Union européenne qui soutiennent le plan d’autonomie du Maroc. En outre, actuellement, plus de 85% des pays qui ne reconnaissent pas le Polisario. Lees résultats sont donc tangibles.
Les partis marocains sont devenus des acteurs de premier choix dans les organisations internationales, où ils échangent des idées, nouent des alliances et construisent des ententes. Ces forums permettent au Maroc d’exprimer ses opinions, partager sa vision et contrer les discours opposés.
L’Internationale libérale, qui regroupe des partis de centre-droit, a contribué à faire avancer le modèle démocratique du Maroc, notamment à travers l’Union constitutionnelle (UC) et le Mouvement populaire (MP). La nomination de Hakima El Haite en tant que présidente déléguée de l’Internationale libérale en est un exemple. Cela a permis au Maroc d’influencer des décisions de l’organisation et d’obtenir du soutien pour l’initiative d’autonomie au Sahara. Cela démontre que les partis marocains, bien qu’ils aient des visions différentes, peuvent unir leurs forces pour défendre les intérêts du pays à l’international.
«Les réseaux transnationaux, tels que l’Internationale libérale et autres plateformes idéologiques et politiques, représentent aujourd’hui des leviers stratégiques majeurs dans la défense des intérêts nationaux, notamment pour une cause aussi cruciale que celle du Sahara marocain. Leur poids dépasse la simple influence politique. Ils structurent les discussions globales, façonnent les perceptions internationales et mobilisent des alliances stratégiques à long terme. Pour le Maroc, la question est moins d’y participer symboliquement que d’en faire des instruments proactifs, alignés sur une vision géopolitique et diplomatique claire, portée par les parlementaires», explique Cherkaoui Roudani à LeBrief.
La place de l’opposition
«À mon avis, le bilan du travail diplomatique parlementaire de la chambre des représentants reste positif, mais il importe de signaler que conformément aux orientations stratégiques de SM le Roi la CdR est appelée à agir très vite pour mettre en place, en commun accord avec la deuxième chambre, les structures adaptées et les profils qualifiés. Compte tenu du poids de la diplomatie parlementaire, comme appui et soutien de la diplomatie officielle, la chambre des représentants est membre de 19 sections parlementaires permanentes réparties sur les cinq continents. La représentativité de la CdR, au sein de ces sections, est composée de la majorité et de l’opposition, sur la base du prorata, de parité et de la spécialisation, conformément aux dispositions du règlement intérieur de la chambre», détaille le président du groupe parlementaire du PJD. Autrement dit : «Les clivages politiques se dissipent lorsque nous agissons ensemble pour défendre les intérêts de la nation, comme l’a souligné SM le Roi».
La CdR a formé 149 groupes d’amitié pour soutenir la marocanité du Sahara et promouvoir l’Initiative d’autonomie comme solution au conflit. Elle a également été un forum de débat sur des questions mondiales telles que la paix, le climat, la transition énergétique et l’intelligence artificielle. «Le Parlement marocain a joué un rôle clé dans la coordination des positions et la coopération Sud-Sud», explique Bouanou. Des événements comme le «Congrès du Futur», organisé à Rabat, reflètent le rôle du Maroc en tant que partenaire fiable sur des questions mondiales et africaines.
Le Maroc a aussi fait partie du 30ᵉ forum spécial des chefs de Parlement d’Amérique centrale, des Caraïbes et du Mexique. Il a aussi terminé un projet de jumelage avec sept parlements européens. En 2019, le Maroc a fondé le Forum parlementaire afro-latino-américain AFROLAC pour soutenir sa position sur les provinces du Sud. La section parlementaire permanente du Maroc dans l’Union parlementaire africaine et à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe est importante pour défendre les intérêts marocains.
«L’opposition est impliquée dans les délégations parlementaires qui participent à ces forums, cela renforce l’unité et aussi la cohérence de la diplomatie parlementaire. On peut parler aussi des groupes de travail conjoints. Il y a toujours des représentants de l’opposition et de la majorité pour coordonner les efforts et optimiser l’influence du Maroc», déclare Fassi Fihri.
Unité nationale et diplomatie parlementaire
La diplomatie parlementaire au Maroc est remarquable pour sa cohérence. Contrairement à d’autres pays, où les conflits entre partis freinent l’action diplomatique, le Maroc a réussi à instaurer une collaboration entre parlementaires, partis et ministères, assurant une stratégie unifiée à l’international.
Ainsi, le Parlement marocain se distingue comme un acteur stratégique de la diplomatie. Grâce aux efforts de ses membres et partis, il projette une image d’un Maroc moderne et résilient tout en défendant vigoureusement ses intérêts. Cette diplomatie, bien qu’occasionnellement sous-estimée, reste essentielle et montre la capacité du Royaume à s’adapter aux défis actuels avec une approche pratique et ambitieuse.
Dans le cadre des discussions internationales, le Parlement marocain agit de manière coordonnée. Pas seulement législatif, il se révèle être un acteur stratégique dans la diplomatie, touchant des domaines souvent négligés par les voies officielles.
Le déploiement pour le Sahara
Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD, souligne que «lorsque l’intérêt suprême de la nation est en jeu, il n’y a ni majorité, ni opposition, ni divergence politique. Il n’y a que le drapeau marocain, symbole de notre unité éternelle». Cette unité est un fondement stratégique pour garantir l’efficacité de la diplomatie parlementaire sur des enjeux cruciaux comme la question du Sahara.
«La diplomatie partisane marocaine est très dynamique et a démontré de sa capacité louable à défendre les intérêts du Maroc, et en premier lieu la première cause de la nation, le Sahara marocain. Chaque parti politique dispose de son propre réseau de relations partisane à l’échelle internationale, mis à la disposition des intérêts de la nation, sans clivage politique. De plus, je n’ai jamais observé de divergences entre les partis politiques qui parlent d’une seule voix à l’international, et les couleurs et les divergences politiques s’estompent quand on est devant les intérêts de la nation», déclare Bouanou.
L’expert en géostratégie, Roudani, explique que la solidarité nationale, qui s’est développée pendant la lutte pour l’indépendance et la Marche verte, doit guider la diplomatie parlementaire maintenant. Cette unité permet au Maroc de se rassembler contre ses adversaires. Elle est importante pour protéger les intérêts du pays à l’international.
La question du Sahara est centrale dans la diplomatie des idées. Les partis marocains soulignent les investissements dans les provinces du Sud, le respect des droits humains et l’appui aux populations locales pour l’autonomie, persuadant ainsi leurs interlocuteurs et s’opposant aux actions du Polisario.
En travaillant avec des diplomates et des parlementaires, les partis améliorent l’efficience de la diplomatie marocaine. Ils ajoutent une dimension humaine et idéologique qui appuie les initiatives officielles, en particulier pour défendre la souveraineté nationale sur le Sahara. L’initiative marocaine d’autonomie, introduite en 2007, est au centre de cette mobilisation. Elle est une solution pratique et conforme au droit international.
Les parlementaires marocains ont un rôle important dans la défense du Sahara à l’international, en mobilisant des réseaux, en multipliant les interventions et en mettant en valeur les avancées dans les provinces du Sud.
Échanges interpartis : une diplomatie informelle mais importante
Les échanges entre partis, souvent moins formels que les forums officiels, sont également un moyen important d’influence. Ces discussions permettent aux partis marocains d’établir des contacts directs avec leurs homologues étrangers, renforçant ainsi les alliances internationales du Maroc.
Ces efforts ne se limitent pas aux grandes puissances. Le Maroc cherche aussi à développer des liens avec des partis en Afrique, en Amérique latine et en Asie, diversifiant ainsi ses partenariats.
Que reste-t-il à faire ?
Pour montrer son leadership en Afrique et élargir ses partenariats internationaux, le Maroc doit adapter sa diplomatie parlementaire avec des stratégies claires, en utilisant sa position géopolitique et les directions royales. Cette diplomatie doit devenir un outil d’influence réel, établie sur des coopérations et des alliances. La coopération Sud-Sud, essentielle pour le Maroc, doit être redéfinie pour une construction stratégique commune.
En tirant parti de son rôle dans l’Union africaine et de ses investissements en Afrique, notamment dans les énergies renouvelables et les infrastructures comme le pipeline Nigeria-Maroc, le Maroc peut instaurer une diplomatie parlementaire plus intégrée. Les parlementaires marocains doivent travailler comme des bâtisseurs de partenariats régionaux, en développant des initiatives répondant aux défis en Afrique et en soutenant des solutions innovantes, tel que le plan d’autonomie pour le Sahara marocain, qui illustre une approche pacifique aux conflits.
«Dans un monde interconnecté et marqué par des transformations rapides, la diplomatie parlementaire marocaine doit également s’ouvrir à de nouvelles sphères d’influence. À travers des réseaux transnationaux comme l’Internationale libérale, socialiste, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie ou encore les plateformes euro-africaines ou africaines, le Maroc peut redéfinir son rôle de catalyseur dans les débats globaux. Ces espaces offrent l’opportunité de mettre en avant une vision marocaine des enjeux globaux, qu’il s’agisse de la sécurité énergétique, de la régulation numérique ou des stratégies de résilience climatique ainsi que la lutte contre le terrorisme. Les parlementaires marocains doivent, dans ce cadre, se transformer en vecteurs d’innovation diplomatique, en établissant des ponts entre les aspirations africaines et les partenariats internationaux», détaille l’expert en géostratégie et sécurité.
Selon le spécialiste, la diaspora marocaine est un atout stratégique sous-exploité. En mobilisant cette force, le Maroc peut accroître son influence grâce à des campagnes de lobbying et des initiatives avec des élus d’origine marocaine dans des pays stratégiques. Cette approche renforcerait l’impact des actions parlementaires et consoliderait les alliances internationales du Royaume.
«De ce fait, pour que cette diplomatie soit pleinement opérationnelle, le Maroc doit investir dans une nouvelle génération de parlementaires dotés de compétences pointues en géopolitique, en intelligence économique et en communication stratégique. Cette transformation implique non seulement une montée en compétence, mais aussi une adoption des technologies numériques comme outils d’influence et de mobilisation. Des campagnes narratives innovantes, mettant en avant le leadership marocain dans des domaines comme le développement durable ou la stabilité régionale, peuvent renforcer l’attractivité du modèle marocain auprès des décideurs internationaux», nous explique Roudani.
Face à la polarisation croissante des grandes puissances, le Maroc doit adapter sa diplomatie parlementaire pour augmenter son influence et faire face aux enjeux internationaux. Étant au centre d’un triangle géostratégique touchant l’Europe, l’Afrique et le monde arabe, le Maroc a des atouts uniques pour jouer un rôle significatif dans la redéfinition des relations internationales, surtout en Afrique. Ces forces, dans les projets ambitieux du roi Mohammed VI, constituent une base solide pour que le Royaume émerge comme un acteur stratégique dans la gestion des défis mondiaux.
Une des priorités de cette nouvelle diplomatie parlementaire est de saisir les enjeux mondiaux comme la polarisation économique, les rivalités énergétiques et les changements climatiques et numériques. Grâce à des initiatives royales sur l’Atlantique visant à unir 23 pays afro-atlantiques, le Maroc se positionne comme un acteur important pour revitaliser les relations transatlantiques. Cette vision, cherchant à connecter les pays du Sahel à l’Atlantique, offre des opportunités pour renforcer le rôle du Maroc dans les forums internationaux et promouvoir des partenariats durables basés sur la stabilité et le développement.
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«Dans ce contexte, les parlementaires marocains doivent devenir des vecteurs d’influence stratégique. Ils peuvent défendre les initiatives royales auprès de leurs homologues internationaux, tout en renforçant la coopération avec des blocs émergents tels que l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Indonésie. Cette diversification des alliances permettra non seulement de réduire la dépendance envers un seul bloc géopolitique, mais aussi de promouvoir les intérêts du Maroc dans des discussions globales sur des sujets tels que la résilience à la fois sécuritaire et alimentaire, la transition numérique et énergétique», explique Roudani Cherkaoui.
Aussi, bien utiliser les outils numériques et les médias est important pour faire connaître le Maroc dans le monde. En mettant en avant les réussites du pays, comme son aide pour le développement du Sahel ou son rôle dans les énergies renouvelables, les parlementaires peuvent améliorer l’image du Maroc comme un acteur stable et innovant dans la région Afrique-atlantique. Pour cela, la diplomatie parlementaire marocaine doit bien travailler avec la diplomatie officielle pour maximiser l’impact des initiatives royales. Créer des groupes parlementaires spécialisés, soutenus par des think tanks, aiderait à répondre rapidement aux tensions géopolitiques. En ajustant ses priorités stratégiques et en utilisant sa position dans le triangle Europe-Afrique-Monde arabe, le Maroc peut renforcer son influence régionale et son image à l’international comme un acteur stratégique.
«Cette vision s’inscrit dans une doctrine géopolitique marocaine axée sur des initiatives atlantiques et africaines novatrices, articulées autour du triptyque développement, sécurité et stabilité, qui positionne le Royaume comme un catalyseur de coopération et de prospérité partagée. Pour conclure, et fort de mon expérience parlementaire, je reste persuadé que la diplomatie parlementaire marocaine, guidée par une vision royale stratégique, a le potentiel de s’imposer comme une force majeure capable de convertir les défis globaux en opportunités, tout en consolidant la souveraineté et le rayonnement du Royaume sur la scène internationale», conclut Roudani.