Accueil / Politique

Parlement : la charte d’éthique est-t-elle la solution miracle ?

Temps de lecture

chambre-des-représentants. © Dr

Jusqu’où le Maroc ira-t-il avec ses parlementaires qui ne cessent de faire parler d’eux d’une manière peu reluisante ? Entre septembre 2021 et décembre 2023, plus de 20 députés ont été sous le coup de la loi pour des faits de corruption financière et administrative. Certains d’entre eux ont écopé de peines de prison ferme. Alors que d’autres ont toujours leurs dossiers en examen dans les tribunaux. Pour assainir le milieu, le roi Mohammed VI a donné une injonction au Parlement pour la mise en place d’un code d’éthique. Ce projet sera présenté dans les prochains jours au niveau de ladite institution. L’analyste politique Driss Aissaoui nous donne son point de vue.

Dans le cadre de la lutte contre la corruption, la Cour constitutionnelle a démis plusieurs parlementaires de leurs fonctions. Pour certaines provinces, elle a convoqué des élections partielles dans certaines circonscriptions. Parmi les formations politiques qui ont été touchées par ces bouleversements, on peut citer le Rassemblement national des indépendants (RNI) qui a vu cinq de ses parlementaires déchus. Juste après lui, viennent les partis l’Union constitutionnelle (UC) et le Parti authenticité et modernité (PAM), qui ont chacun quatre députés épinglés.

Concernant l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et le parti du Mouvement populaire (MP), ces formations comptent trois parlementaires chacun dans les rangs des accusés. Enfin, l’Istiqlal, le Mouvement social-démocrate et le PPS ont chacun un député concerné.

Lire aussi : Mouvement Damir : lettre ouverte à Akhannouch

Le politologue Driss Aissaoui estime que l’adoption d’une charte d’éthique pour les parlementaires ne va pas changer grand-chose dans le comportement des élus marocains. « Quand on parle de corruption, et les experts le savent, on ne peut pas parler de corruption sans véritablement poser la question de, est-ce que nous nous sommes d’accord ou pas, ? Mais en fin de compte ce n’est pas le code éthique qui va les empêcher de ne pas faire ce qu’il faut, c’est ça le problème. La plupart de ceux qui sont condamnés aujourd’hui et ceux qui ont été condamnés hier ou avant hier ou dans l’histoire de l’humanité, ce sont des gens qui ne respectent aucune règle éthique, pourquoi ? Parce que l’attirance vers le gain, non réglementaire, est une chose qui ne permet pas aux choses de changer, c’est ça le problème », souligne-t-il.

La corruption est un problème humain

Le politologue rappelle que la chose politique n’est pas du tout exempte de toute manifestation de corruption ou de comportement dilatoire. Cela fait que les parlementaires sont souvent cités dans des cas de graves corruptions, d’utilisations abusives des moyens financiers et des derniers publics, et surtout car ces mêmes parlementaires ou élus locaux sont chargés de gérer les finances des citoyens et des citoyennes. Aujourd’hui, le Maroc compte plus d’une vingtaine de députés pris dans les filets de la justice pour des raisons illicites. « La corruption est sournoise et pousse les individus à chercher à gagner de l’argent même s’il faut détourner des deniers publics, ils le font, ils ne s’en inquiètent pas », déclare Aissaoui.

Selon lui, la corruption perdure parce que les hommes politiques trouvent toujours le moyen de ne pas répondre à leurs obligations sans prendre en considération le fait que leurs actes soient loin de tout questionnement. La plupart des personnes impliquées, « veulent être dans une meilleure posture que celle de leurs collègues ou rivaux et ce sont des choses qui restent comme ça ».

Lire aussi : Bilan de mi-mandat : l’opposition dénonce, le gouvernement réplique

Driss Aissaoui met en lumière l’ampleur du phénomène dans la société. « C’est un mal endémique qui casse les structures politiques, économiques, sociales de tous les pays. Ici, on est en train de parler de pays qui sont comme le Maroc, où les élus ont des difficultés à pouvoir justement agir et réagir de manière à donner le meilleur d’eux-mêmes et de gagner la meilleure place possible, parce qu’en réalité, l’argent légal n’est pas un argent qui fait réussir, c’est ça le problème». Il ajoute que ces personnes, de toutes les manières, quel que soit le salaire qu’on leur donne, les indemnités qu’ils gagnent dans le cadre de cette mission de représentation politique, cela ne les intéresse pas. Ce qui les intéresse, c’est ce qu’ils peuvent gagner par dessous la table, par la corruption, déplore l’expert. Il reste donc très prudent quant à la capacité de la nouvelle charte d’éthique d’améliorer la situation.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le Maroc, pionnier dans la lutte contre la corruption

Politique - Le Maroc se distingue par une approche novatrice qui lie la lutte contre la corruption à la protection des droits.

Farah Nadifi - 19 novembre 2024

Parlement de l’enfant : la princesse Lalla Meryem préside la cérémonie du 25e anniversaire

Politique - La cérémonie marquant le 25e anniversaire du Parlement de l'enfant s’est tenue à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat.

Rédaction LeBrief - 19 novembre 2024

Rome : ouverture de la 2ème session ordinaire du PAM sous présidence marocaine

Politique - La deuxième session ordinaire du Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) s’est ouverte ce lundi à Rome.

Farah Nadifi - 19 novembre 2024

Le ministère du Transport active le système «Téléservices» pour simplifier les démarches administratives

Politique - Le ministère du Transport a lancé le système informatisé « Téléservices » pour faciliter l’accès à plusieurs services.

Mbaye Gueye - 15 novembre 2024

Le Maroc et l’intelligence artificielle : une vision claire pour un futur digital

Politique - Le Maroc se positionne comme un acteur clé dans l’essor de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique et au-delà.

Farah Nadifi - 15 novembre 2024

Quand les députés brillent par leur absence : les noms dévoilés en séance plénière

Politique - Les noms de plus de 70 parlementaires absents sans excuse valable ont été publiquement lus à la Chambre des représentants.

Farah Nadifi - 15 novembre 2024

Le Conseil de gouvernement adopte un projet de loi relatif au Code du médicament et de la pharmacie

Politique - Le Conseil de gouvernement a adopté le projet de loi relatif au Code du médicament et de la pharmacie

Mbaye Gueye - 15 novembre 2024

PLF 2025 : la première partie adoptée à la majorité par la Chambre des représentants

Politique - La Chambre des représentants a approuvé, vendredi matin lors d’une séance plénière, la première partie du PLF 2025.

Ilyasse Rhamir - 15 novembre 2024
Voir plus

Une délégation centrafricaine en visite au Maroc

Afrique, Diplomatie, Politique - En réponse à l'invitation du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, une délégation centrafricaine effectue une visite dans le Royaume du 11 au 17 septembre.

Khadija Shaqi - 14 septembre 2022

Mauritanie : le Parlement dissout, des élections prévues le 13 mars

Afrique, Politique, Politique - le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, a décidé de dissoudre le Parlement, lundi 13 mars.

Hajar Toufik - 14 mars 2023

Mosquée Al-Aqsa : le Maroc réitère sa condamnation des incursions israéliennes 

Politique - Le Maroc a condamné la persistance des incursions par certains responsables israéliens dans la Mosquée Al Aqsa

Hajar Toufik - 28 juillet 2023

L’application de la norme Euro 6 reportée

Politique - L'application de la norme Euro 6 sur les véhicules de transport en commun et de marchandise est reportée de 2 ans

Mouna Aghlal - 30 décembre 2024

Terrains de l’État : entre anarchie et permissivité

Politique - La pluralité des statuts juridiques fonciers au Maroc est une réelle entrave à la gestion rationnelle et à l’accès équitable aux différents terrains disponibles.

Hafid El Jaï - 13 août 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire