Chute de l’euro face au dollar (image d'illustration) © DR
Pendant 20 ans, la monnaie unique européenne s’est maintenue au-dessus du billet vert, avec un point culminant à plus de 1,60 dollar en juillet 2008, quand la monnaie américaine avait perdu de sa valeur à cause de la crise de 2008. Mais la donne a désormais changé : l’euro ne cesse de perdre en valeur jusqu’à avoir atteint ce seuil symbolique cette semaine.
Pourquoi cette chute de l’euro ?
Les raisons sont multiples. Mais cette situation s’explique d’abord par les prévisions de croissance qui n’incitent pas à l’optimisme dans la zone euro. En mai dernier, la Commission européenne a revu à la baisse ses pronostics pour le PIB européen, projetant une croissance à 2,7% en 2022, contre 4% initialement prévue. Ainsi, la valeur de l’euro a tendance à baisser avec une croissance qui tourne au ralenti.
«Au printemps dernier, l’euro valait autour de 1,2 dollar. Il a ainsi perdu 13,2% sur un an. Une telle dépréciation inquiète les marchés et les investisseurs. L’euro est en train de se dégrader face au dollar, pas face à l’ensemble des autres monnaies. Ce n’est pas tant que l’euro plonge, selon les économistes européens, c’est surtout que le dollar se renforce, et que l’économie américaine se montre plus robuste par rapport, notamment, aux chocs liés à la guerre en Ukraine», explique Driss Aissaoui, expert économique.
À cela s’ajoute l’inflation élevée liée principalement aux prix de l’énergie (électricité, pétrole, gaz…) qui s’envolent avec la guerre. Sans oublier les retombées économiques de la pandémie de la Covid-19 ainsi que le conflit militaire russo-ukrainien, particulièrement le fait que la Russie ait réussi à faire payer son pétrole et gaz en rouble.
Autre raison : le climat d’incertitude, généré par la guerre, se traduit sur le marché des changes par une défiance des investisseurs envers l’euro au profit de la valeur refuge que constitue le dollar. En sa qualité de monnaie de réserve mondiale, la devise américaine reste la plus facile à échanger à l’international, attirant ainsi les investisseurs en cette période.
«Aujourd’hui, cette parité est synonyme d’accélération de l’inflation, de fuite des capitaux vers les États-Unis et de surcout des importations énergétiques et de produits chinois, puis d’exportations moins rentables, cette nouvelle donne risque d’aggraver le déficit commercial de certains pays comme la France, l’Espagne et les Pays-Bas», fait savoir Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques.
Lire aussi: L’euro atteint la parité avec le dollar, une première
Quel impact sur le Maroc ?
Comment expliquer cette dépréciation ? Selon Aissaoui, la dépréciation découle des décisions américaines. «L’inflation a été plus forte aux États-Unis, du fait des politiques budgétaires menées par Joe Biden. Ses plans de relance massifs ont stimulé la hausse des prix de manière plus brutale, ainsi que la hausse des salaires. Donc la Réserve fédérale, banque centrale américaine, a dû augmenter plus rapidement ses taux d’intérêt pour éviter cette inflation galopante».
Pour le Maroc, ces évolutions auront certes un impact sur le commerce extérieur du pays. Ainsi, le Maroc qui achète ses importations en dollars devra désormais payer plus cher. Mais selon l’économiste, la mesure de cet impact n’est pas immédiate. «L’économie marocaine n’est pas totalement arrimée au système de change européen. Le dispositif de change marocain a d’ailleurs prévu ce genre de situation», ajoute Driss Aissaoui.
Pour sa part, Abdelghani Youmni affirme que la dégradation de l’euro est mauvaise pour le dirham. «La monnaie européenne représente 60% dans le panier de cotation du dirham dont le régime de change est à flottement géré. La dépréciation de l’euro rend le dollar plus cher et la facture énergétique plus coûteuse, de même pour les importations en dollars. Pour les exportations en euro, les recettes seront diminuées par les mécanismes de change et les importations moins coûteuses».
Youmni indique également que les transferts des Marocains de l’étranger seront aussi négativement impactés. Un autre secteur pourrait, d’après lui, devenir une externalité négative de l’effet appréciation du dirham face à l’euro: le tourisme. «Le Maroc deviendra une destination chère et cela pourrait conduire à des séjours plus courts ou à des arbitrages entre des pays comme la Tunisie, l’Égypte et le Maroc», affirme-t-il pour LeBrief.
Toutefois, l’impact sera négatif pour les revenus des Marocains. «Il y aura un impact surtout de l’inflation qui pourrait augmenter encore de 0.5 à 1 points pour atteindre 5.5 à 6% si les cours du pétrole et du gaz ne fléchissent pas. Quant aux 10% de Marocains dont les revenus sont indirectement libellés en euro par exemple, le revenu dirham ne va pas changer, mais les entreprises délocalisées qui opèrent en euro verront les charges du coût de production augmentées à cause de la relative appréciation du dirham», conclut Abdelghani Youmni.
Lire aussi: États-Unis : record de l’inflation
L’Afrique également affectée
Une chose est sûre : la faiblesse de l’euro va avoir des conséquences sur le continent africain, notamment pour les États dont la monnaie est le franc CFA, soit 14 pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale. La raison ? Le franc CFA est indexé sur l’euro et évolue à la hausse ou à la baisse du dollar. Ainsi, les États auront du mal à rembourser leur dette et à payer leur importation.
En revanche, pour les pays exportateurs, cette appréciation du dollar sera vue comme une revalorisation de la valeur des exportations. C’est-à-dire qu’avec le même volume d’exportation qu’avant, les États encaisseront beaucoup plus de francs CFA que par le passé.
Et pour faire face aux chocs mondiaux, les économistes africains insistent sur le développement et la diversification de l’offre locale pour réduire leur dépendance de l’importation des pays occidentaux.
Cryptomonnaies : le Maroc se prépare à encadrer le marché
Économie - Les autorités financières nationales ont décidé de passer de l’interdiction pure à la régulation de la cryptomonnaie.
Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024Attijariwafa bank : visa de l’AMMC pour l’émission d’un emprunt obligataire subordonné de 1,5 MMDH
Économie - L'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a annoncé avoir visé, vendredi dernier, un prospectus relatif à l'émission d'un emprunt obligataire subordonné d'un montant global maximal de 1,5 MMDH.
Mbaye Gueye - 17 décembre 2024Entrepreneuriat : plus de 68.000 entreprises créées en 2024
Économie - Selon les derniers chiffres dévoilés par l’OMPIC, 68.263 entreprises ont vu le jour au Maroc au cours des 9 premiers mois de 2024.
Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024Intermédiaires d’assurances : l’ACAPS a émis 284 décisions en 2023 (rapport)
Économie - L'ACAPS a émis 284 décisions relatives aux intermédiaires d'assurances en 2023, contre 264 décisions en 2022.
Mbaye Gueye - 17 décembre 2024Marrakech accueille le congrès annuel de KATA pour séduire le marché touristique coréen
Économie - L’Office National Marocain du Tourisme, a réussi un coup stratégique en accueillant, pour la première fois, le congrès annuel de KATA, à Marrakech.
Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024Un volume d’échanges de 1,21 MMDH à la Bourse de Casablanca
Économie - La bourse de Casablanca a clôturé, ce lundi, avec un volume global des échanges qui a dépassé 1,2 milliards de dirhams (MMDH)
Mbaye Gueye - 16 décembre 2024Bourse de Casablanca : près de 4,2 MMDH levés, 6 IPO opérées sur 4 ans
Économie - Depuis 2020, la bourse de Casablanca a réalisé six introductions en bourse (Initial Public Offering) pour un montant global souscrit à 82,3 s MMDH, avec des levées de près de 4,2 MMDH.
Mbaye Gueye - 16 décembre 2024La MAP tient son 39e Conseil d’administration
Économie - La MAP a tenu à Rabat son 39ᵉ Conseil d’administration sous la présidence de Mohamed Mehdi Bensaid.
Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024Jeunes diplômés : chômage ou quête de sens ?
Dossier - Hausse du taux de chômage ou hausse des exigences des jeunes diplômés ? Les deux parties ne cessent de stagner.
Sabrina El Faiz - 28 septembre 2024World Power-to-X Summit : hydrogène vert, un positionnement d’avenir pour le Maroc
Économie - Plus de 500 participants venus de 30 pays ont pris part à la 2eme édition du "World Power-to-X Summit", où l’hydrogène vert a été au cœur des débats. Une occasion pour échanger sur les moyens à déployer pour développer ce marché à l’échelle internationale.
Manal Ben El Hantati - 24 juin 2022Maroc-Qatar 2024 : l’ONMT met en lumière «The Kingdom of Light» à Doha
Économie - L'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) a brillé en tant que sponsor principal lors de la troisième édition du Qatar Travel Mart (QTM), qui s'est tenue du 25 au 27 novembre 2024 à Doha.
Farah Nadifi - 29 novembre 2024PLF 2025 : pas de changement pour le barème de l’IR
Économie - Malgré des propositions d’amendements, le gouvernement maintient le barème de l’impôt sur le revenu (IR) prévu dans le PLF.
Mbaye Gueye - 15 novembre 2024Coupe du Monde 2030 : 35 villes en plein chantier
Économie - Le Maroc met les bouchées doubles pour accueillir la Coupe du Monde 2030, un événement qui promet de booster le développement à l’échelle nationale.
Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024Axa Assistance Maroc tisse sa toile en Afrique, entretien avec Mehdi TAZI
Interview - Axa Assistance Maroc, reprise en novembre 2022 par la holding ASK détenue par Mehdi Tazi, tisse sa toile sur le continent.
Abashi Shamamba - 29 janvier 2023