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Parapente : sans autorisation, on ne vole pas haut !

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Image de parapente © Fédération royale marocaine de l’aviation légère et sportive (FRMALS)

Une fédération normale a des subventions et des autorisations d’activité. Cela va de soi… Enfin pas vraiment. La Fédération royale marocaine de l’aviation légère et sportive (FRMALS) en a vu de toutes les couleurs au fil des ans. Si elle a bel et bien des subventions, elle n’a toujours pas l’autorisation de voler… le fond même de son activité. Détails.

La situation au Maroc est aussi préoccupante que dangereuse. Avec le succès qu’a connu le parapente au Maroc, c’est tout un secteur informel qui s’est développé, parallèlement à la pratique formelle et encadrée, au point d’atteindre des proportions incontrôlables. Des entrepreneurs, uniquement motivés par un gain rapide et facile d’argent, mais ne disposant ni de qualifications attestées par des brevets ou diplômes ni d’assurances en bonne et due forme, ont aujourd’hui la main sur l’essentiel de cette activité.

De plus ces personnes préfèrent le statut informel au statut SARL, d’une personne physique ou d’un autoentrepreneur, afin de ne pas déclarer leurs revenus et éviter la case imposition. On estime que le revenu rapporté par un simple vol avec passager en biplace, pour une durée de 10 à 20 minutes se situe entre 400 et 600 Dirhams. «Certaines agences de voyage se sont engouffrées dans le business de rabattage de passagers adeptes de sensations fortes, sans même se soucier de la sécurité de leurs clients ou de s’assurer des qualifications de leurs biplaceurs et de la couverture par une assurance effective des passagers», déclare Abdelmajid Belaiche, secrétaire général de la Fédération royale marocaine de l’aviation légère et sportive à LeBrief.

Pis encore, certains étrangers installés au Maroc depuis plusieurs années pratiquent l’évasion fiscale à grande échelle, se faisant payer par des parapentistes confirmés ou débutants, à l’étranger alors que leurs activités sont situées au Maroc et ne déclarant pas leurs revenus, privant ainsi le système de revenus substantiels. L’activité des biplaceurs doit être encadrée administrativement et juridiquement et l’on doit vérifier l’authenticité des qualifications de tout pratiquant de parapente à titre individuel ou à titre lucratif, surtout s’il prend la responsabilité de faire voler des passagers. Cette vérification permettra de protéger la vie et l’intégrité physique des personnes et leurs droits à une protection en cas de problème. «Des accidents graves survenus ont malheureusement entrainé des dégâts corporels parfois importants, pour des passagers, par des biplaceurs incompétents et non couvert par une assurance», nous explique Belaiche.

Pour éviter ces problèmes, la Fédération a entrepris des cycles de formations pour les membres des clubs de parapente déjà affiliés à l’instance. Des brevets de pilote initial, permettant de gérer en sécurité les vols personnels et de pouvoir obtenir une assurance, ont été déjà faits dans les deux principales zones d’activité du parapente, le Haouz et la région de Tiznit/Sidi Ifni.

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La pratique du vol libre requiert une expertise technique et théorique, ainsi qu’une grande prudence. Une formation en météorologie, aérologie, aérodynamique et réglementation du vol libre est obligatoire. Le parapentiste doit analyser les conditions aérologiques et météorologiques avant de décoller et savoir éviter les incidents de vol dangereux. Pour acquérir ces compétences, il faut suivre des formations diplômantes et obtenir au minimum le brevet de pilote initial. Les pilotes peuvent viser des qualifications supérieures comme le brevet de pilote confirmé, le diplôme de pilote de biplace ou de moniteur fédéral.

Les premiers brevets de pilotes confirmés, ont déjà été accordés et dans un proche avenir des formations diplômantes de pilotes de parapente biplace seront effectuées. La Fédération est aussi en train de préparer une équipe sportive de parapente, pour la première fois, pour représenter le Maroc aux compétitions internationales. Dans ce cadre  huit personnes seront envoyées en Turquie dans quelques jours, pour faire un stage de simulation des Incidents de vol (SIV). Des formations de moniteurs et de juges sportifs pour le parapente sont également envisagées.

Pour tout cela, une assurance couvrant les accidents est essentielle. Jusque-là, la Fédération avait du mal à obtenir une assurance pour ses membres et ses apprentis. C’est à présent chose faite. L’assurance constituait aussi un problème majeur pour les pratiquants de parapente. «Pendant plusieurs années, les compagnies d’assurance n’ont pas voulu assurer les parapentistes en raison du caractère extrême de cette activité sportive et de la faiblesse relative des effectifs des pratiquants, en comparaison avec d’autres pays notamment Européens. Le non-reversement des assurances collectées auprès des clubs, aux compagnies d’assurance, par l’ancien bureau fédéral a aussi contribué à ce problème», détaille Abdelmajid Belaiche à LeBrief. Aujourd’hui, la FRMALS a pu enfin, obtenir une assurance pour les parapentistes des clubs qui lui sont affiliés. Toutefois, le problème des autorisations de vol pour les parapentistes subsiste…

Autorisation : vol qui peut !

S’il est tout à fait normal que la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) relevant du ministère du Transport et de la Logistique, gère l’espace aérien et l’ensemble des aéronefs motorisés et donne ou refuse les autorisations dans ce domaine, il en est autrement pour l’activité du vol libre (non motorisé). En effet dans les autres pays et notamment en Europe, les autorisations de vol libre sont accordées non pas par les administrations de l’aviation civile mais par les fédérations de vol libre. Le vol libre ne peut, bien entendu, être pratiqué dans l’espace aérien situé à une altitude supérieure à 5.850 mètres en montagne et supérieur à 3.000 mètres en plaine. De plus, dans des altitudes inférieures, le vol est interdit dans les couloirs de vol d’approche des aéroports, près des installations stratégiques, militaires et des réserves naturelles.

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Au Maroc, des sites de vols de parapente autorisés sont bien définis mais le problème des autorisations du vol libre, subsiste. Ces autorisations, délivrées par le DGAC, se font rares et demeurent incompréhensibles pour les acteurs du secteur. «Comment expliquer que des autorisations de vol ont été refusées aux parapentistes lors d’une formation pour brevet de pilote initial, organisée par la FRMALS et financée par les deniers et subventions de l’état marocain, alors qu’au même moment d’autres parapentistes et de biplaceurs informels, ont pu voler librement sur les mêmes lieux. Pourquoi la DGAC continue de monopoliser les autorisations de vol libre alors qu’elle ne dispose d’aucune loi lui permettant de gérer ce secteur ? Pourquoi tant de mal et d’injustice continuent de frapper tout un écosystème socio-économique qui fait vivre plusieurs familles, qui pratiquent l’hébergement, la préparation des repas, le transport et l’accompagnement des touristes nationaux ou internationaux, dans les régions traditionnelles du parapente et notamment à el Haouz dont la population a durement été frappée par le terrible tremblement de terre du 8 Septembre 2023 et dans la région de Tiznit ?», s’insurge le secrétaire général.

Petite explication. Il y a très peu de temps, Jbel Aguergoure au niveau du Haouz, était considéré comme étant The place to be du parapente au Maroc. Ce site attirait jusqu’à 10.000 parapentistes étrangers par an et était connu pour son festival international du parapente dont la dernière édition a été organisée en…2006 ! Cette activité faisait considérablement vivre les familles de la région. Depuis… plus rien ! Sans autorisation, cela entrave aussi le développement du tourisme sportif et de montagne et le développement des compétences sportives locale, à travers la pratique quotidienne du parapente, dans les sites qui lui sont dédiés. Pourquoi les instructions techniques qui ont été élaborées par la FRMALS, à la demande de la DGAC et qui lui ont été bien transmises sont restées lettre morte depuis plus de 14 mois et plus d’une dizaine de réunions avec la FRMALS ?

«Les autorisations de vol libre doivent normalement être accordée par la fédération elle-même. Celle-ci connait très bien le secteur du parapente et elle vise le développement de cette discipline sportive avec une ambition nationale à l’instar du Football et d’autres sports», déclare Belaiche. De même, en organisant ce secteur, cette fédération, pourra mettre fin à la pratique informelle du parapente et ses multiples conséquences négative et préjudiciables, puisque tous les pratiquants locaux et clubs de parapente seront clairement identifiés et encadrés.

La Fédération royale marocaine de l’aviation légère et sportive (FRMALS) est la seule fédération sportive qui gère plusieurs activités sportives, très différentes les unes des autres et ayant un seul point commun, celui d’être aériennes. La FRMALS a commencé ses activités en tant que fédération sportive, il y a plusieurs décennies, au départ uniquement avec l’aviation légère pratiquée au sein des aéroclubs avant d’intégrer progressivement d’autres activités sportives aériennes, telles que le parachutisme, le vol libre par deltaplane ou par le parapente, le paramoteur ou le drone Racing. Le vol libre est un vol pratiqué avec un aéronef avec une voile rigide (deltaplane) ou souple (voile de parapente, sans moteur et qui exploite uniquement les forces du vent et des courants d’air ascendants. La pratique du vol libre par parapente s’est développée beaucoup plus vite que d’autres activités sportives aériennes en raison de la faiblesse relative des investissements en matériel et de l’absence totale de coûts liés à l’utilisation des carburants. A ceci, s’ajoute la facilité du transport du matériel de parapente, jusqu’aux lieux de décollage situés sur la crête des pentes ou des montagnes, dans un simple sac à dos. Ces raisons expliquent l’augmentation exponentielle des pratiquants locaux de parapente, aussi bien au niveau mondial qu’au niveau local.

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