Accueil / Monde

Pakistan : la crise énergétique aggrave les difficultés de son système électrique

Temps de lecture

Un vendeur utilise une alternative pour éclairer son stand de frites au marché d'Islamabad, alors que le Pakistan est touché par une coupure d'électricité, le 23 janvier 2023. © Anjum Naveed / AP

L’électricité est en partie rétablie au Pakistan après qu’une grande partie du pays a été plongée dans le noir le 23 janvier, avant que les autorités n’annoncent en soirée le retour progressif du courant.

Une énorme panne a notamment affecté les mégalopoles de Karachi et de Lahore. Un blackout dû à un dysfonctionnement et une variation de fréquence au moment de la remise en route des unités de production.

«Selon les informations initiales, la fréquence du système sur le réseau national a chuté ce matin [lundi], ce qui a entraîné une énorme panne», a expliqué sur Twitter le ministre pakistanais de l’Énergie, Khurram Dastagir.

En cause, les difficultés d’approvisionnement en énergie primaire. La panne a été d’ailleurs causée par un dysfonctionnement survenu à 7h30 locales 2h30 GMT au redémarrage des centrales. Et si elles étaient éteintes dans la nuit, c’était précisément à la suite de mesures d’économies prises sur le réseau.

Le courant a été partiellement rétabli dans la matinée dans la capitale, Islamabad, et à Peshawar, dans le nord-ouest du pays. Mais le grand hub économique de Karachi, avec ses 15 millions d’habitants, et la deuxième plus grande agglomération, Lahore (10 millions d’habitants), étaient toujours privés d’électricité en fin de matinée.

La panne n’a pas eu de répercussion immédiate sur le système de santé, la plupart des hôpitaux étant pourvus de générateurs de secours. Les écoles, quant à elles, utilisent le plus souvent le chauffage au gaz pour réchauffer les classes.

Problème récurrent

Si l’ampleur de cette panne est impressionnante, les difficultés de fourniture en électricité sont récurrentes au Pakistan, qui fait face depuis des années à une crise énergétique chronique et dont le système de distribution est complexe et vétuste.

Une panne similaire avait plongé l’essentiel du pays, une bonne partie des 220 millions d’habitants, dans le noir pendant plus de neuf heures en janvier 2021, après qu’un dysfonctionnement technique dans le sud du pays avait déclenché une réaction en chaîne dans plusieurs centrales électriques.

En 2015, 80% du pays, dont les grandes villes, avait été plongé dans le noir par une coupure de courant causée, selon le gouvernement, par une attaque de séparatistes baloutches contre une ligne à haute tension dans un district reculé de la province du Baloutchistan. Cette panne, l’une des plus graves dans l’histoire du Pakistan, avait même affecté l’un des aéroports internationaux.

Mais la situation s’est encore détériorée ces derniers mois, la situation financière dramatique du pays aggravant un peu plus ses difficultés d’approvisionnement énergétique.

Le pays confronté à une crise de changes

En début d’année, les réserves de devises de la banque d’État sont tombées en dessous des six milliards de dollars, le plus bas niveau depuis neuf ans. De quoi payer environ un mois d’importations, au rang desquelles l’énergie est prépondérante, selon les analystes.

Par ailleurs, en raison de cette pénurie de dollars, des biens sont aussi restés bloqués dans le port de Karachi, car les banques ont refusé d’ouvrir de nouvelles lettres de crédit pour les importateurs. Et cela a un impact sur l’économie déjà mise à mal par une inflation galopante et une croissance en berne.

Cette crise de change a aggravé les difficultés de l’industrie textile. Les fabricants, qui ont souffert des dégâts causés aux cultures de coton par les inondations, doivent déjà composer avec les pénuries d’énergie. Or, le textile représente 60% des exportations du Pakistan. Et une baisse des exportations risquerait d’aggraver la crise de change.

Lire aussi : Plus de 1.130 morts et un tiers du Pakistan inondé en raison de moussons «historiques»

Quelles pistes pour se sortir de l’ornière ?

Le 23 décembre dernier, l’ancien Premier ministre pakistanais, Imran Khan, avait menacé de dissoudre deux des quatre assemblées régionales, enfonçant davantage le Pakistan dans la crise. En souhaitant dissoudre les deux principales assemblées du pays, il espère recevoir le soutien de la population. Encore très populaire auprès des Pakistanais, le gouvernement actuel s’y refuse.

Par ailleurs, Islamabad a conclu un accord avec Moscou pour importer du pétrole et du gaz russes à partir de mars. Les deux pays assurent s’être entendus sur des conditions qui garantissent un «bénéfice économique mutuel».

La semaine dernière, les Émirats arabes unis ont prolongé un prêt de deux milliards de dollars et accordé un milliard de dollars supplémentaires pour aider le Pakistan à éviter le défaut de paiement immédiat.

Islamabad place surtout ses espoirs dans un accord avec le Fonds monétaire international. Mais le versement d’une tranche d’aide est en attente depuis septembre. Le FMI réclame la fin des subventions sur les produits pétroliers et l’électricité. Le Premier ministre a exhorté l’institution de Washington à lui laisser un peu de répit face à la situation «cauchemardesque» que traverse le Pakistan.

Comment le Pakistan peut-il se reconstruire face à une telle crise ?

Dernier articles
Les articles les plus lu

Harris et Trump presque à égalité à une semaine des élections

Monde - Kamala Harris et Donald Trump sont au coude-à-coude, selon une analyse des derniers sondages du New York Times.

Rédaction LeBrief - 28 octobre 2024

Iran : Israël annonce avoir frappé des installations de fabrication de missiles.

Monde - En réponse, Téhéran a minimisé l'impact des attaques, évoquant des « dégâts limités ».

Farah Nadifi - 26 octobre 2024

Le nord de Gaza dans ses «heures les plus sombres»

Monde - La situation à Gaza continue de se détériorer, avec des conséquences tragiques sur la population.

Farah Nadifi - 25 octobre 2024

Économie mondiale : le FMI appelle à un atterrissage en douceur

Monde -Lla directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a souligné la nécessité de mesures concrètes pour assurer un « atterrissage en douceur » de l'économie mondiale.

Farah Nadifi - 24 octobre 2024

Le Maroc participe à la conférence internationale de soutien au Liban

Monde - Le Maroc a pris part à la conférence internationale de soutien au Liban, qui s'est ouverte jeudi à Paris.

Farah Nadifi - 24 octobre 2024

Tensions au Proche-Orient : échange entre Al-Safadi et Blinken

Monde - Ayman Al-Safadi a échangé mardi soir avec Anthony Blinken, au sujet de l’escalade des tensions au Moyen-Orient.

Ilyasse Rhamir - 23 octobre 2024

Liban : Israël élimine le successeur potentiel de Nasrallah

Monde - L'armée israélienne a annoncé avoir éliminé Hachem Safieddine, considéré comme le successeur potentiel de Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, lors d'une frappe à Beyrouth début octobre.

Farah Nadifi - 23 octobre 2024
Voir plus

La face cachée de L’ONU

Monde - Créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec la mission de promouvoir ces droits et de les faire respecter, l’ONU s’éloigne de plus en plus de sa référence fondatrice.

Rédaction LeBrief - 3 janvier 2024

Inégalités : boom de la richesse des ultra-riches

Monde - La Covid-19 et la crise économique mondiale ont permis aux ultra-riches voient leur patrimoine presque doubler

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2023

France : l’espérance de vie en bonne santé progresse

Monde En 2023, l'espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 12 ans pour les femmes, et de 10,5 ans pour les hommes.

Mouna Aghlal - 31 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire