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En 2022, le monde a été confronté à 10,6 millions de nouveaux cas de tuberculose, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une réalité alarmante marquée par le décès de 1,3 million de personnes des suites de cette maladie. Cependant, depuis l’an 2000, le diagnostic et le traitement efficaces de la tuberculose ont permis de sauver environ 75 millions de vies.
Au Maroc, la situation révèle que la bataille contre la tuberculose est loin d’être gagnée. Les données récentes soulignent l’urgence avec laquelle le Royaume doit redoubler d’efforts pour combattre cette maladie. Face à ce défi, il est impératif d’engager tous les acteurs concernés afin d’intensifier les programmes de dépistage, d’améliorer l’accès aux soins, et de s’attaquer de front aux déterminants socioéconomiques qui facilitent la persistance et la propagation de la tuberculose.
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Tuberculose au Maroc : état des lieux
Selon les données issues des estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’année 2021, le Maroc est engagé dans une lutte soutenue contre la tuberculose. Cette maladie infectieuse continue, en effet, de poser un défi majeur. Cette année, le pays a vu l’enregistrement de 35.000 nouveaux cas ou rechutes de tuberculose. Ce qui correspond à un taux d’incidence de 94 pour 100.000 habitants, et un triste bilan de 3.300 décès. Des données complémentaires du ministère de la Santé et de la Protection sociale révèlent que 30.503 cas ont été recensés en 2022, illustrant ainsi la persistance de cette problématique sanitaire.
Dans ce contexte préoccupant, Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, souligne la gravité de cette maladie au Maroc. Il révèle qu’un patient sur dix atteint de cette maladie succombe. Chez les patients co-infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), ce ratio monte à un sur cinq.
Tayeb Hamdi exprime par ailleurs sa préoccupation quant à la lenteur de la régression de l’incidence de la tuberculose dans le pays, notant une diminution annuelle d’à peine 1% entre 2015 et 2021. Selon lui, cette évolution lente est loin de l’objectif d’éradication de la maladie fixé pour 2030.
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L’expert ajoute que la tuberculose affecte de manière disproportionnée les hommes (59%) par rapport aux femmes (41%), et touche principalement les jeunes adultes de 25 à 34 ans, une tranche d’âge vitale pour l’économie. En termes géographiques, les zones les plus touchées sont les quartiers densément peuplés et les régions périurbaines, en particulier Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Rabat-Salé-Kenitra, et Casablanca-Settat.
Un autre défi majeur est le taux de détection, qui n’est que de 85%. Ce qui signifie qu’une personne sur six souffre de la tuberculose sans le savoir, ni être diagnostiquée. Quant au taux de guérison, bien que relativement élevé à 88%, il masque la grave réalité que plus des deux tiers des cas de tuberculose résistante aux médicaments échappent au diagnostic. Ce qui exacerbe ainsi le risque de propagation de formes de la maladie qui deviennent plus difficiles à traiter.
Enfin, Dr Hamdi attire l’attention sur l’augmentation alarmante de la tuberculose extra-pulmonaire, qui est passée de 28% en 1990 à 49% en 2021. Cette hausse suggère des défis en matière de dépistage et soulève des questions sur la possible transmission zoonotique de la maladie, notamment à travers le lait et ses dérivés.
Un combat sur tous les fronts
La lutte contre la tuberculose nécessite aujourd’hui une approche globale et multidimensionnelle. Selon Tayeb Hamdi, la bataille contre cette maladie ne se limite pas seulement aux traitements médicaux. Elle englobe également la nécessité d’agir sur les déterminants socioéconomiques qui alimentent sa propagation.
La tuberculose est en effet étroitement liée à des facteurs tels que le niveau socioéconomique, la malnutrition, la pauvreté, et les conditions de logement précaires. D’autres facteurs de risque, comme un état immunitaire affaibli, le diabète, et la consommation de tabac et d’alcool, exacerbent le risque d’infection et de transmission. Une stratégie efficace contre cette maladie doit donc inclure des mesures visant à améliorer les conditions de vie et l’accès à une alimentation saine, tout en réduisant les comportements à risque.
En parallèle, l’amélioration du taux de détection de la tuberculose et de la couverture du traitement pour les formes pharmaco-sensibles et pharmaco-résistantes de la maladie est cruciale. Il est vital de faciliter l’accès aux soins pour tous, en assurant une régularité dans le traitement et le suivi. En outre, la gestion des cas contacts et des individus à haut risque s’avère primordiale pour prévenir la propagation de la maladie, tout comme la réduction du nombre de patients perdus de vue, qui atteint actuellement 8%, afin de garantir une continuité dans le traitement et prévenir les abandons. À cela s’ajoute le soutien aux patients, en exonérant les dépenses de santé liées à la maladie et en fournissant une assistance pratique comme le remboursement des frais de transport et l’aide alimentaire.
Pour finir, une autre mesure proactive est importante. Elle consiste à traiter de manière préventive les personnes à risque, afin de protéger les individus les plus vulnérables et de limiter la diffusion de la tuberculose. Cette stratégie vise à circonscrire l’impact de la maladie avant même l’apparition des symptômes, marquant un progrès vers son éradication. De plus, une attention spéciale doit être accordée aux jeunes et aux enfants, pour qui la prise en charge de la tuberculose nécessite une approche spécifiquement adaptée à leurs besoins.
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