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Ottawa nomme la première conseillère de lutte contre l’islamophobie

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Amira Elghawaby, (à droite) première représentante spéciale du Canada pour la lutte à l'islamophobie. © Justin Tang / La Presse canadienne (Archives)

À quelques jours du sixième anniversaire de la tuerie à la Grande Mosquée du Québec, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé la nomination de la toute première représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Un «moment historique» pour Ottawa.

Le ministre canadien de la Diversité et de l’Inclusion, Ahmed Hussen, a désigné jeudi à Toronto Amira Elghawaby, activiste et journaliste reconnue, «porte-parole, conseillère, experte et représentante» auprès du gouvernement dans l’élaboration de politiques reflétant la réalité des communautés musulmanes, précise le communiqué du Premier ministre du pays Justin Trudeau.

Cette nomination est un pas important vers l’édification d’un Canada plus sûr et plus inclusif pour tous. — Le ministre canadien, Ahmed Hussen.

La nomination d’Amira Elghawaby «est une étape importante dans notre combat contre l’islamophobie et la haine sous toutes ses formes», affirme le chef d’État. Et de souligner : «L’islamophobie est un phénomène que de nombreux musulmans ne connaissent que trop bien. Nous devons changer cela».

Le bureau du Premier ministre précise qu’à ce titre, Amira Elghawaby devra favoriser la sensibilisation aux identités diverses et intersectionnelles des musulmans au Canada. Ce faisant, elle contribuera à promouvoir le respect de l’équité, de l’inclusion et de la diversité, en plus de mettre en valeur les vastes contributions que les personnes musulmanes apportent au tissu national du pays.

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Cette nomination fait suite aux recommandations formulées lors d’un sommet national sur l’islamophobie organisé par le gouvernement fédéral en juin 2021. Le processus d’appel de candidatures pour le nouveau poste a été lancé en juin 2022.

Un «moment historique»

Le gouvernement Trudeau affirme, dans son communiqué, soutenir les communautés musulmanes et réaffirme son engagement à agir pour dénoncer et combattre l’islamophobie, la violence motivée par la haine et la discrimination systémique, peu importe l’endroit et le moment où elles se manifestent.

«Au Canada, la diversité est une réalité, mais l’inclusion est un choix. Notre gouvernement a écouté les expériences vécues par les communautés musulmanes à travers le pays et prend des mesures pour lutter contre l’islamophobie.

En tant que première représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby mettra à profit ses vastes connaissances et son expérience comme militante des droits de la personne pour orienter et renforcer les efforts du Canada dans [ndlr, cette] lutte», a déclaré Ahmed Hussen lors de la conférence de presse.

Dans une série de tweets, Amira Elghawaby a fait part de son honneur d’occuper ce poste devenu «une réalité afin de favoriser une plus grande diversité et inclusion à travers le pays».

«J’ai hâte de rencontrer les élus, les décideurs et les leaders communautaires de tout le pays afin d’amplifier la voix des musulmans canadiens», a réagi sur Twitter celle qui dirige les communications de la Fondation canadienne des relations raciales.

«Aujourd’hui, nous marquons un moment historique pour les musulmans au Canada», a réagi dans un communiqué le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC).

«Il y a des changements urgents à réaliser, qu’il s’agisse d’améliorer la supervision de nos agences de sécurité nationale ou d’empêcher nos organisations communautaires de faire l’objet de contrôles injustes», a de plus souligné Stephen Brown, PDG du Conseil.

Une «haine enracinée»

Amira Elghawaby a également rappelé le nom des membres de communautés musulmanes tués lors d’actes islamophobes. Ces dernières années, le pays est en effet marqué par une série d’attaques visant des communautés «en raison de leur foi islamique».

En juin 2021, quatre membres d’une famille musulmane à London, en Ontario, ont été tués, frappés par une camionnette, dans ce que la police a décrit comme un «acte prémédité» et motivé par la foi des victimes. Seul un garçon de neuf ans avait survécu.

Lire aussi : Justin Trudeau condamne le meurtre d’une famille musulmane

«Le camion n’a pas ralenti, n’a pas arrêté, il a simplement continué sa route», avait raconté au Free Press un témoin du drame cité par Journal de Montréal.

«Il y a des preuves qu’il s’agissait d’un acte prémédité et planifié, motivé par la haine. Nous croyons que les victimes ont été ciblées parce qu’elles étaient musulmanes», avait déclaré Paul Waight, enquêteur de la police de la ville de London.

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«Soyons clairs, il s’agit d’une tuerie de masse perpétrée contre des musulmans, contre des Londoniens, enracinée dans une haine indescriptible (…) Cet acte d’islamophobie doit être suivi par des actes de compassion, de gentillesse, d’empathie, de solidarité, de justice et d’amour», a appelé le maire de la ville, Ed Holder, après avoir rencontré des leaders de la communauté musulmane locale.

Une veillée à la mémoire des victimes avait en effet été organisée dans une mosquée de la ville au lendemain de la tuerie.

«À la communauté musulmane de London et aux musulmans de tout le pays, sachez que nous sommes à vos côtés. L’islamophobie n’a sa place dans aucune de nos communautés. Cette haine est insidieuse et méprisable – et elle doit cesser», avait réagi le Premier ministre Justin Trudeau.

Ottawa nomme sa première conseillère chargée de la lutte contre l'islamophobie

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a pris part, dimanche après-midi, à une marche contre l’islamophobie, dans la ville de London (centre), pour commémorer le premier anniversaire de l’attaque au camion-bélier, juin 2022. © Compte officiel de Justin Trudeau

Et l’attaque a ravivé le souvenir douloureux d’une fusillade de masse dans une mosquée de Québec, considérée comme l’une des pires attaques du genre dans un pays occidental, avant celle de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019.

Lire aussi : Le suspect des attaques de Christchurch plaide «non coupable»

Ce soir-là, un tueur motivé par sa haine des musulmans fait irruption dans la grande mosquée de Québec. Six hommes, réunis pour la prière, périssent sous les balles de l’assaillant et cinq sont gravement blessés.

Il prend la fuite avant de finalement appeler le 911 pour avouer son crime. Pour les survivants, les orphelins et les témoins, la vie ne sera plus jamais la même.

Dans le reportage qui suit, “La prière où tout a basculé”, Radio-Canada Info est allé dans l’intimité des survivants, qui depuis cet attentat du 29 janvier 2017, doivent affronter leur quotidien et s’accrocher à leurs espoirs.

En 2021, la date du 29 janvier est officiellement devenue la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie. Cette journée donne l’occasion à l’ensemble du pays de se souvenir des victimes de cette tragédie, de dénoncer l’islamophobie et toutes les autres formes de racisme, de haine et de discrimination religieuse, et de promouvoir les mesures pour les combattre.

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