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ONU : l’UNRWA, cible d’une campagne israélienne

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L'Ambassadeur Gilad Erdan d'Israël (à droite) regarde Philippe Lazzarini, Commissaire général de l'UNRWA lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient. © Evan Schneider

Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le directeur de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour l’assistance aux Palestiniens, a fermement condamné la campagne d’Israël visant à démanteler son organisation. Détails

«Aujourd’hui, une campagne insidieuse visant à mettre fin aux opérations de l’UNRWA est en cours, avec de graves implications pour la paix et la sécurité internationales», a alerté Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), lors d’une présentation devant le Conseil de sécurité.

Crise humanitaire et pressions politiques

La détérioration de la situation humanitaire à Gaza et en Cisjordanie met en lumière les défis croissants auxquels l’UNRWA doit faire face. Philippe Lazzarini a dévoilé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, que son organisation est soumise à une série de restrictions et de pressions qui menacent sa capacité à fournir des services essentiels aux populations vulnérables.

En particulier, à Gaza, où le conflit a été ravivé par des attaques de Hamas et des représailles israéliennes en octobre dernier, l’UNRWA se heurte à un blocage israélien empêchant l’acheminement de l’aide au nord de la bande. Cette mesure va à l’encontre des décisions de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a ordonné une augmentation de l’aide humanitaire vers Gaza. Le blocus a non seulement exacerbé les conditions de vie déjà précaires, mais il a aussi eu un impact direct sur la sécurité du personnel de l’UNRWA, avec la mort tragique de 178 employés depuis le début du conflit.

Le Commissaire général a également souligné la situation alarmante en Cisjordanie, où les actions d’Israël ont considérablement réduit l’espace opérationnel de l’UNRWA. Les mesures imposées arbitrairement entravent les mouvements du personnel et compromettent le fonctionnement des infrastructures vitales telles que les écoles et les centres de santé. De plus, des projets législatifs et administratifs visent à forcer l’UNRWA à quitter son siège à Jérusalem-Est et à interdire ses opérations sur le sol israélien.

Lazzarini a aussi mis en lumière une campagne en ligne orchestrée et systématique de désinformation, visant à saper la crédibilité de l’UNRWA et à entraver ses opérations à Gaza et en Cisjordanie. Cette campagne numérique, selon lui, est un élément central des efforts pour mettre fin à l’assistance fournie par l’agence aux réfugiés palestiniens.

Réponses de l’UNRWA aux crises internes et accusations externes

Philippe Lazzarini a abordé de front les défis internes à l’UNRWA, en réaction à des allégations sérieuses portées contre certains membres du personnel à Gaza en janvier. Il a annoncé que des mesures immédiates avaient été prises, incluant la résiliation des contrats des employés impliqués. Le secrétaire général des Nations Unies a réagi en lançant une enquête via le Bureau des services de contrôle interne. Parallèlement, un groupe d’examen indépendant, sous la direction de l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, évalue le respect de la neutralité par l’UNRWA.

Malgré ces initiatives, Lazzarini a souligné que ces événements ont entraîné la suspension d’une part du financement des donateurs, mettant en péril les opérations et la stabilité financière de l’agence. Il s’est engagé à appliquer les recommandations issues de l’examen et à renforcer les mesures existantes pour prévenir toute violation de la neutralité.

Sur un plan plus large, Lazzarini a réfuté les critiques suggérant que l’UNRWA contribue à perpétuer le statut de réfugié des palestiniens. Selon lui, ces accusations ne visent pas à questionner le respect des principes humanitaires, mais plutôt à éliminer le statut de réfugié de millions de palestiniens et à redéfinir les paramètres politiques établis pour la paix dans les territoires palestiniens occupés, comme dictés par les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l’ONU.

Lazzarini a également critiqué la communauté internationale pour son approche consistant plus à contenir le conflit israélo-palestinien qu’à chercher à le résoudre. «L’UNRWA existe parce qu’une solution politique fait défaut et qu’aucun État n’est en mesure de fournir les services essentiels à la population réfugiée», a-t-il conclu, dénonçant une stratégie globale de gestion du conflit plutôt que de résolution.

Lire aussi : ONU : débats houleux au Conseil de sécurité entre Omar Hilale et le ministre algérien des AE

Appel à l’unité et au soutien international pour une paix durable au Proche-Orient

Pour conclure son intervention, Philippe Lazzarini a vivement encouragé les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies à soutenir de manière concrète l’agence qu’il dirige. Il a souligné que le maintien de son rôle doit s’accompagner d’un engagement politique robuste et d’un financement adéquat de la part des États membres.

Lazzarini a également appelé à une participation active dans un processus politique véritable, visant à trouver une solution qui pourrait finalement apporter la paix tant aux palestiniens qu’aux israéliens. Il a toutefois averti que même un processus politique réussi ne garantirait pas à lui seul une paix durable. Il a insisté sur la nécessité de cultiver l’empathie et de combattre la déshumanisation qui prévaut, souvent amplifiée par la rhétorique politique et l’usage abusif des nouvelles technologies dans le contexte conflictuel.

Dans un appel poignant à la compréhension mutuelle, Lazzarini a affirmé que choisir entre soutenir les palestiniens ou les israéliens, ou exprimer de la compassion uniquement pour les habitants de Gaza ou pour les otages israéliens et leurs familles, était une fausse dichotomie. Il a insisté sur le fait que palestiniens et israéliens partagent une longue histoire marquée par le chagrin et la perte, et qu’ils méritent tous un avenir pacifique et sûr. Cette vision inclusive, a-t-il argumenté, doit se refléter dans les paroles et les actions de la communauté internationale pour favoriser une résolution véritable et durable du conflit.

Réaction d’Israël envers l’UNRWA 

Lors de la même réunion, Gilad Erdan, l’ambassadeur d’Israël, a porté de graves accusations contre l’UNRWA, qualifiant l’agence de «plus grand obstacle de l’ONU à une solution». Il a critiqué l’UNRWA pour ce qu’il considère comme une perpétuation du statut de réfugié palestinien, affirmant que l’agence contribue à endoctriner des millions de palestiniens avec la croyance que le territoire d’Israël leur appartient de droit.

Erdan a souligné que l’objectif sous-jacent de cette démarche serait d’utiliser ces «soi-disant réfugiés» et leur prétendu «droit au retour diffamatoire» pour inonder Israël et menacer l’existence de l’État juif. Selon lui, même la présence d’une équipe européenne au sein de l’UNRWA, chargée de la collecte de fonds et du soutien international, ne change rien au fait que l’organisation serait, à ses yeux, une entité palestinienne engagée dans la destruction de l’État juif.

Lire aussi : A Gaza, les gens «meurent en essayant de survivre»

Pour conclure, l’ambassadeur a clairement exprimé que Israël s’opposerait à la continuation des opérations de l’UNRWA à Gaza dans les modalités actuelles et a appelé à une cessation du financement de l’agence. Il a également mentionné l’existence d’alternatives à l’UNRWA, suggérant que le moment était venu de reconsidérer le soutien international à l’organisation.

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