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Le 4 novembre 2024, Genève a été le théâtre d’une réunion historique sous l’égide du Maroc au sein du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (CDH). L’ambassadeur Omar Zniber, représentant permanent du Royaume du Maroc, a présidé la première rencontre du Conseil consultatif sur l’égalité du genre. Cet événement marque un tournant dans la dynamique internationale de promotion de l’égalité des sexes. Créé à l’initiative de la présidence marocaine, ce Conseil consultatif vise à structurer une coordination mondiale plus efficace pour promouvoir la parité entre les sexes, répondre aux défis persistants et accélérer les progrès vers les objectifs de développement durable.
Cette réunion a permis de poser les bases d’une action concrète, tout en soulignant l’importance du leadership du Maroc dans ce domaine crucial des droits humains. Alors que le monde fait face à des avancées lentes et inégales en matière de parité, ce Conseil offre une plateforme pour renforcer la coopération internationale et mieux répondre aux défis globaux. Toutefois, cette dynamique de changement se heurte encore à des réalités très contrastées, particulièrement dans certaines régions comme le Maroc, où les inégalités persistent malgré des efforts notables.
Le Conseil consultatif sur l’égalité du genre : une initiative marocaine ambitieuse
Le 30 septembre 2024, lors de la 54e session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, le Maroc a proposé la création du Conseil consultatif sur l’égalité du genre. Ce Conseil a pour objectif de renforcer les discussions et les actions du CDH concernant la parité hommes-femmes, tout en cherchant à renforcer les mécanismes de suivi et de mise en œuvre des politiques internationales en matière de droits des femmes.
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La première réunion, présidée par l’ambassadeur Omar Zniber, s’est tenue sous la forme d’un déjeuner de travail à Genève, réunissant 21 membres, ainsi que des représentants du Secrétariat du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme. Cette session inaugurale a permis de poser les bases opérationnelles du Conseil, en mettant en place des méthodes de travail visant à encourager l’échange de bonnes pratiques, tout en désignant un bureau restreint chargé de guider les actions futures du Conseil.
Les discussions ont été animées par des intervenants de haut niveau, notamment des directeurs d’agences internationales et des secrétaires généraux, qui ont exprimé leur soutien à cette initiative, jugée essentielle face aux nombreux obstacles encore présents sur le chemin de l’égalité entre les sexes. L’un des points clés de cette réunion fut la nécessité de mieux collecter les données statistiques sur la parité, afin de rendre les politiques plus ciblées et efficaces. Le débat a également abordé la question de la terminologie, soulignant l’importance de respecter un narratif cohérent et inclusif pour éviter toute ambiguïté ou marginalisation dans le discours global sur l’égalité des genres.
Le Maroc face aux défis internes : un engagement pour l’égalité, mais un chemin semé d’embûches
Malgré l’initiative de leadership marocaine au sein du CDH, le Royaume fait face à des défis internes importants en matière d’égalité des sexes, comme le révèle son classement dans le Global Gender Gap Report 2024. En effet, selon ce rapport, le Maroc figure parmi les pays les moins avancés en termes d’égalité hommes-femmes, se classant à la 137e place sur 146 pays, avec un score global de 0,628. Ce classement reflète des disparités persistantes dans plusieurs domaines clés tels que l’éducation, la santé, la participation économique et l’autonomisation politique.
Les domaines d’inégalité les plus marqués
Le Maroc affiche des progrès notables dans certains domaines, comme l’éducation, où le pays occupe la 118e place, avec un score de 0,956, illustrant une bonne couverture scolaire et un taux d’alphabétisation élevé parmi les femmes. Cependant, les domaines de la participation économique et de l’autonomisation politique montrent des lacunes profondes. Dans le domaine économique, le Maroc se classe 141e, avec un score de 0,406, ce qui témoigne d’une faible représentation des femmes sur le marché du travail et dans les postes de direction. Les écarts de rémunération entre les sexes et la lente évolution des politiques d’emploi représentent des obstacles majeurs à l’égalité réelle.
L’autonomisation politique est un autre domaine où des efforts significatifs restent à faire. Le Maroc occupe la 85e place pour ce qui est de la représentation des femmes dans les instances politiques, avec un score de 0,188. Bien que des progrès aient été réalisés avec la nomination de femmes à des postes ministériels, leur nombre reste faible par rapport aux besoins. L’influence féminine dans la prise de décision reste limitée, ce qui retarde l’adoption de politiques de grande envergure en matière d’égalité.
Le rôle du Maroc dans la transformation régionale
Si les inégalités persistent au niveau national, le Maroc, par son rôle au sein de l’ONU, se positionne comme un acteur clé pour influencer la région MENA. En dépit de sa position modeste dans le classement mondial, le Royaume a adopté des réformes qui visent à améliorer les droits des femmes, telles que la révision du Code de la famille (Moudawana) en 2004, et une plus grande attention à la question de l’autonomisation économique des femmes à travers diverses initiatives nationales.
Cependant, pour concrétiser cet engagement à l’égalité des genres à l’échelle nationale, le Maroc doit surmonter plusieurs défis internes, notamment dans les zones rurales où les inégalités entre hommes et femmes sont encore plus marquées. De plus, il est essentiel que les politiques gouvernementales soient accompagnées d’un suivi rigoureux pour garantir leur efficacité sur le terrain.
En présidant la première réunion du Conseil Consultatif sur l’égalité du genre, le Maroc marque un tournant dans l’approche internationale des droits des femmes. Cette initiative ambitieuse pourrait bien être le catalyseur nécessaire pour redynamiser les discussions mondiales sur la parité et l’égalité des sexes. Toutefois, la route reste semée d’embûches, tant au niveau mondial que national. Si le Royaume du Maroc joue un rôle de leader sur la scène internationale, il doit également intensifier ses efforts à l’intérieur de ses frontières pour transformer les discours en actions concrètes et accélérer les progrès vers l’égalité réelle des sexes.
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