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Nouvel an amazigh : une reconnaissance culturelle et linguistique

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Nouvel An Amazigh 2974. © DR

Le 14 janvier, le Maroc célèbre officiellement pour la première fois Id Yennayer, le nouvel an amazigh, Cette célébration souligne l’engagement du Roi envers la culture amazigh, réaffirmant son rôle dans l’identité marocaine et sa place comme langue officielle aux côtés de l’arabe. À Agadir, l’ambiance festive est palpable, avec des rituels culinaires symbolisant l’espoir d’une année agricole fructueuse. Parallèlement, des avancées sont en cours pour renforcer la présence de l’amazigh dans l’éducation, la culture et l’administration, avec un budget gouvernemental dédié et des initiatives pour intégrer l’amazigh dans la vie publique, malgré certains défis concernant l’application de la Constitution et de la loi organique.

Cette célébration, riche en symbolisme, marque l’entrée dans la nouvelle année selon le calendrier agricole berbère, qui est aligné sur les cycles saisonniers. Cette fête est un moment important de l’expression identitaire pour les amazighs du monde entier. Ils s’habillent de leurs tenues traditionnelles les plus élégantes et préparent un repas de fête, dont les mets varient d’une région à l’autre. Hanane, une femme d’origine berbère de Goulmima dans la région de Drâa-Tafilalet, exprime sa joie face à cette reconnaissance officielle : «Yennayer a toujours été un moment de célébration pour nous, mais son officialisation lui donne une signification encore plus spéciale».

Cette mesure souligne l’attention particulière que le Roi porte à la culture amazigh, considérée comme un pilier fondamental de l’identité marocaine, riche de diverses influences et partagée par tous. Cette démarche s’inscrit aussi dans le cadre de l’intégration de l’amazigh comme langue officielle du pays, aux côtés de l’arabe, une décision annoncée en mai dernier par le cabinet Royal.

L’objectif de cette initiative est de préserver la diversité culturelle du Royaume et de renforcer les progrès accomplis en matière de reconnaissance de la culture amazigh, suite au discours historique de 2001 du Roi à Ajdir.

Lire aussi : Le nouvel an amazigh fixé au 14 janvier

La capitale des amazighs en effervescence pour Id Yennayer

Non loin de la ville d’origine de Hanane se trouve Agadir, surnommée la capitale des Amazighs du Monde. À Agadir, l’atmosphère de Yennayer est palpable, mais avec une touche unique. Le célèbre souk de Bab El Had se pare de guirlandes et de lanternes traditionnelles, tandis que la musique berbère enveloppe l’ensemble du marché. Les allées du souk sont animées, fréquentées par une foule venue se procurer tout le nécessaire pour célébrer le nouvel an. Entre fruits et légumes frais, viandes et épices, les étals du marché débordent de produits en prévision de l’affluence des clients.

Ahmed Assid, président de l’Observatoire amazigh des droits et libertés, partage que la célébration se manifeste à travers divers rituels, le plus notable étant la préparation de plats traditionnels tels que «Tagwlla» et «Ourkimen», ou encore le couscous aux 7 légumes. Il souligne que cette célébration a une signification profonde : cuire simultanément toutes sortes de céréales et de légumes produits par la terre, symbolisant l’espoir d’une année agricole prospère.

Progrès et projets

Id Yennayer, au-delà de son aspect festif, sert également de moment pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’amazigh comme langue officielle. Le gouvernement a alloué un budget de 1 milliard de DH d’ici 2025 pour concrétiser ce projet, notamment par la création d’un fonds spécial. Depuis l’instauration du jour férié national, des initiatives ont été prises pour renforcer l’utilisation de l’amazigh dans les administrations publiques et son intégration dans divers secteurs de la vie publique. Des comités consultatifs, tant nationaux que régionaux, ont été établis pour améliorer la gestion de ce fonds. Le Conseil de gouvernement a adopté deux projets de décret. Le premier, le décret N° 2.23.1000, modifie et complète le décret N° 2.04.426 datant du 29 décembre 2004, qui énumérait les jours fériés rémunérés dans les secteurs industriel et commercial, ainsi que dans les professions libérales, les exploitations agricoles et forestières. Le second, le décret N° 2.23.688, modifie et complète le décret N° 2.77.169 du 28 février 1977, qui fixait la liste des jours fériés chômés dans les administrations publiques, les établissements publics et les services concédés.

Lire aussi : La langue amazighe bientôt intégrée au sein de Barid Al-Maghrib

Intégration de l’amazigh dans l’éducation, la culture et l’administration

L’éducation a été un domaine prioritaire, avec l’enseignement de l’amazigh dans 31% des établissements primaires, selon le ministre Chakib Benmoussa. Pour atteindre un objectif de 50% d’établissements enseignant l’amazigh d’ici 2025-2026, le ministère s’est concentré sur le recrutement d’enseignants spécialisés. Le nombre de postes a augmenté progressivement, passant de 200 en 2021 à 400 en 2022, puis à 600 en 2023. Par ailleurs, une première promotion d’inspecteurs pédagogiques spécialisés en langue amazighe a été formée.

Dans le domaine culturel, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication s’efforce d’intégrer l’amazigh dans ses activités, en organisant des festivals et des événements culturels amazighs, et en célébrant le nouvel an amazigh à travers diverses manifestations, tout en promouvant l’usage de l’amazigh dans la publicité et les activités culturelles.

En ce qui concerne l’administration publique, un service d’accueil en amazigh a été instauré dans de nombreux établissements, avec 460 agents dédiés à l’assistance des usagers amazighophones, facilitant ainsi leur accès aux services publics. L’amazigh a également été intégré dans la signalisation de ces établissements. Malgré ces efforts, Ahmed Assid, souligne que les progrès restent insuffisants en raison de la lenteur dans l’application de la Constitution et de la loi organique.

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