Accueil / Politique

Nouveau statut unifié : le bras de fer persiste entre les enseignants et le ministère

Temps de lecture

Lors d’une manifestation des enseignants contre le statut unifié © DR

Le secteur de l’éducation connaît une crise croissante, marquée par une mobilisation massive des enseignants et des professionnels du secteur contre le nouveau statut unifié de l’enseignement. Les manifestations et les grèves se multiplient, alimentées par l’indignation des syndicats de l’éducation qui dénoncent l’absence totale de consultation préalable. Les acteurs de l’éducation réclament une révision en profondeur du système, qu’ils estiment aggraver une situation déjà précaire. Les détails.

La tension s’intensifie entre les enseignants et le ministère de l’Éducation nationale. Une grève nationale de trois jours a débuté hier, accompagnée de rassemblements dans les écoles et de manifestations devant les bureaux régionaux de l’éducation. Cette action a été coordonnée par quatre principaux syndicats d’enseignants : la Fédération nationale de l’enseignement-UMT, le Syndicat national de l’enseignement-CDT, la Fédération libre de l’enseignement-UGTM et le Syndicat national de l’enseignement-FDT. Ces centrales syndicales critiquent vivement le ministère pour avoir adopté un nouveau statut sans avoir préalablement consulté les enseignants. De plus, ils estiment que cette mesure est problématique et inadapté à leurs besoins.

Un communiqué publié le 21 octobre par la Coordination nationale du secteur de l’enseignement

Lire aussi : Le nouveau statut unifié des enseignants, une «déception»

Statut unifié : les enseignants exigent des révisions

Malgré l’accord conclu le 14 janvier avec les syndicats et la publication du nouveau statut unifié dans le Bulletin officiel, le secteur de l’enseignement continue de vivre une véritable crise. Ce statut avait pour objectif de résoudre la problématique des enseignants «contractuels» recrutés par les Académies régionales. Mais de nombreuses voix parmi les enseignants expriment leur mécontentement à l’égard de ce décret gouvernemental.

En effet, les enseignants réclament instamment une révision du nouveau statut avant d’envisager la reprise du dialogue avec la tutelle. Les syndicats encouragent également les professionnels de l’éducation à ne pas participer aux réunions de communication locales et régionales organisées par le ministère pour présenter ce nouveau statut. Le climat de méfiance s’est encore renforcé avec le refus des syndicats de rencontrer Chakib Benmoussa, considérant cette rencontre comme une simple formalité médiatique.

Poursuite du mouvement de grève condamnant l’adoption du statut unifié

Et afin de maintenir la pression sur le gouvernement, les syndicats prévoient de poursuivre leurs mouvements de grève et de manifestation dans les semaines à venir. Ils ont annoncé une nouvelle grève les 7 et 8 novembre, accompagnée d’une marche en direction du ministère de l’Éducation nationale à Rabat. Le personnel de soutien a aussi décidé de réduire son temps de travail et de boycotter les tâches supplémentaires.

Au cœur de leurs revendications, les syndicats réclament des augmentations salariales et une meilleure prise en compte de leurs demandes dans le nouveau statut. Les enseignants et les syndicats exhortent le ministre à prendre des mesures concrètes pour résoudre les problèmes existants. En particulier, soulignent-ils, ce qui concerne les salaires et l’adaptation du nouveau système aux besoins réels du terrain. Leur objectif est de résoudre en priorité les problèmes persistants qui affectent le secteur depuis de nombreuses années.

Au Parlement, Benmoussa défend le statut unifié

Pendant que les enseignants manifestent leur mécontentement face au statut unifié, le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a pris la parole hier pour expliquer la démarche du gouvernement. Devant les membres de la Chambre des conseillers, il a clarifié que ce projet profitant aux fonctionnaires de l’éducation nationale avait été élaboré en concertation avec les syndicats, en dépit des contestations en cours.

Benmoussa a affirmé aussi que ce statut avait été présenté aux partenaires sociaux après avoir pris en compte les observations et les propositions émises par les syndicats. Il a rappelé que l’accord du 14 janvier 2023, signé entre le ministère et les syndicats les plus représentatifs du secteur, demeure le cadre de référence pour le dialogue social portant sur l’éducation.

Un projet complet, mais pas parfait

Néanmoins, le ministre a reconnu que le nouveau statut ne pouvait pas répondre à toutes les revendications ni résoudre l’ensemble des problèmes du secteur. Il a précisé, dans ce sens, que l’accord du 14 janvier prévoyait que le dialogue resterait ouvert même après l’adoption du statut. Cette mesure permettrait ainsi l’examen de certaines questions en suspens en vue de trouver des solutions appropriées.

Selon Benmoussa toujours, le nouveau statut introduit des nouveautés tout en préservant les acquis des enseignants. Il garantit aux fonctionnaires, quelle que soit leur catégorie, qu’ils ne seront pas contraints d’effectuer des tâches qui ne relèvent pas de leurs compétences. De plus, il favorise une plus grande liberté et créativité dans l’exercice de leurs missions.

Le ministre a également mis en avant le fait que ce nouveau statut consacre des droits importants. Il évoque notamment l’institutionnalisation du mouvement de mutation annuelle, l’accès à l’information et la mise à disposition de ressources didactiques et de kits pédagogiques. Il s’agit de plus d’assurer la protection de la dignité des enseignants en tant qu’acteurs essentiels du système éducatif.

Le dialogue social, «un must»

Enfin, Chakib Benmoussa a rappelé que de nombreux rounds de dialogue social avaient eu lieu depuis l’installation du gouvernement. Ces derniers ont connu la participation des cinq syndicats de l’enseignement les plus représentatifs, et ont abouti à l’accord du 14 janvier. Malgré les différends actuels, le ministre a exprimé sa volonté de maintenir un dialogue ouvert pour résoudre les problèmes persistants du secteur de l’éducation.

En conclusion, ces grèves récurrentes inquiètent quant à leur impact sur les élèves, les enseignants, les cadres administratifs et les familles. Les interruptions fréquentes des programmes scolaires affectent la réussite et le bien-être des élèves. Elles forcent les enseignants à jongler entre leur dévouement et leurs préoccupations professionnelles légitimes. Pour les cadres administratifs et les familles, ils font face à des défis de gestion et à une incertitude quant à la stabilité de l’année scolaire des élèves. Une résolution rapide de cette crise est donc nécessaire pour préserver l’intégrité du système éducatif.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Réunion du Conseil de gouvernement : réformes, accords et nominations

Politique - Ce jeudi 12 décembre 2024, le Conseil de gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch, a adopté une série de mesures stratégiques.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Comment le gouvernement lutte contre le chômage ?

Politique - Lors d'une réunion à Rabat, le gouvernement a annoncé des mesures ciblées pour lutter contre le chômage et promouvoir l’inclusion économique.

Farah Nadifi - 12 décembre 2024

Aziz Akhannouch rencontre la présidente de l’Assemblée nationale française

Politique - Aziz Akhannouch a reçu, ce jeudi à Rabat, la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Maroc-France : renforcement de la coopération parlementaire

Politique - La coopération parlementaire entre le Maroc et la France a été au cœur des discussions tenues entre Ould Errachid et Larcher.

Rédaction LeBrief - 12 décembre 2024

Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée

Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Saisie record : 3,6 tonnes de drogue interceptées à Casablanca

Société - Les forces de l’ordre marocaines, en coopération avec les services douaniers, ont mis en échec une tentative de trafic de drogue au port de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Maroc-France : un pacte pour une coopération parlementaire renforcée

Politique - Rachid Talbi Alami, et Yaël Braun-Pivet, ont signé mercredi à Rabat un protocole de coopération parlementaire.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Berkane lance son premier parking intelligent

Société - Le premier parking intelligent de Berkane a été officiellement inauguré ce mercredi à la place de la Marche Verte.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024
Voir plus

Santé mentale : une priorité mondiale !

Société - La journée mondiale de la santé mentale est l’occasion de sensibiliser l’opinion publique et les organismes à l'importance de la stabilité psychique.

Khadija Shaqi - 12 octobre 2022

Le Maroc milite pour un financement urbain agile

Politique - Lors de la deuxième session de 2024 du Conseil exécutif d’ONU-Habitat, le Maroc a appelé à une amélioration significative du financement de base de l’organisation.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Rabat : réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe

Politique - Sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d'État chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, une réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe s'est tenue mardi à Rabat.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Nasser Bourita reçoit le ministre djiboutien des AE, porteur d’un message au Roi

Politique - Le Royaume du Maroc s’est constamment engagé à soutenir Djibouti dans son processus de développement.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Grève des médecins : Le SIMSP maintient la pression

Société - Le Syndicat Indépendant des Médecins du Secteur Public annonce la prolongation de sa grève nationale les 4 et 5 décembre 2024.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2024

Éducation : un budget record, des résultats en berne

Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Séisme d’Al Haouz : les survivants critiquent l’inaction gouvernementale huit mois après

Société - Huit mois après le séisme d'Al Haouz, les survivants vivent sous des tentes et dénoncent l'absence de solutions durables.

Chaima Aberni - 7 juin 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire