C’est l’agence de notation financière Fitch Ratings qui émet l’alerte cette semaine. En 2023, le risque le plus important pour les banques africaines est celui adossé à la dette souveraine. Un défaut souverain pourrait menacer la solvabilité des banques en affaissant leurs fonds propres. C’est le scénario cauchemardesque redouté par les états-majors de groupes bancaires du continent. Plusieurs pays africains sont au bord, voire déjà en défaut de paiement. Si le Ghana et le Tchad sont ceux qui suscitent le plus d’inquiétudes, plusieurs autres États sont au bord de la cessation de paiement. La Tunisie, le Soudan, l’Egypte, le Nigeria, pour ne citer que ces cas, sont financièrement dans une situation très tendue. Vu leur exposition à la dette des États, le moindre incident peut entraîner un violent choc dans les bilans des banques africaines. Les gouvernements se sont endettés plus rapidement en monnaie locale et en devises ces deux dernières années, notamment pour contenir l’impact de la crise du Covid-19 et les pressions inflationnistes importées. À cela s'ajoute la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, qui a enflammé les prix de l'énergie.
Pris en tenailles entre la baisse des recettes publiques d’un côté, et la pression des demandes sociales des populations de l’autre, nombre de gouvernements n’ont pas eu d’autre choix que laisser filer la courbe de la dette en empruntant à des conditions très onéreuses, les banques centrales ayant presque toutes augmenté les taux directeurs, faisant ainsi grimper le coût du crédit. Et ce n'est pas fini, car la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest a décidé, le 9 décembre 2022, de relever de 25 points de base ses taux directeurs à compter du 16 décembre. Ainsi, le principal taux directeur auquel la BCEAO prête ses ressources aux banques passe de 2,50% à 2,75%. Une décision digne d’un pompier pyromane.
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