On ne gère pas un État par des sentiments, des formules à l’emporte-pièce et encore moins par des postures, fussent-elles légitimes. La décision de la junte malienne d’interdire l’activité de toute ONG bénéficiant d’un quelconque soutien de la France en riposte à la suspension par Paris de son aide au développement à ce pays, fait partie du folklore auquel les colonels au pouvoir à Bamako nous ont habitués.
Ni eux, ni leurs familles, bien installés dans les résidences climatisées dans la ville-garnison de Kati et Bamako, ne sont impactés par cette mesure. Ce sont d’abord les femmes, les hommes et les enfants qui vivent dans les campagnes reculées du pays qui vont en payer le prix fort. Ils ne pourront plus accéder aux soins de santé de base, ni aux aides alimentaires que des dizaines d’associations leur assurent au quotidien. Bien évidemment, personne ne leur a demandé leur avis, ni proposé une solution de substitution. Mais ce n’est pas une surprise. Ce qui compte avant tout pour les colonels de Bamako, c’est d’afficher la soi-disant souveraineté du pays et au besoin, se convaincre de s’en prendre à la France. Même certains de ses fervents soutiens critiquent en silence cette décision. Le faire à haute voix peut leur valoir des ennuis, voire de la prison. Remarquez que le pouvoir militaire malien n’avait esquissé la moindre réaction lorsque les États-Unis avaient décidé d’exclure Bamako de l’AGOA, ce traité qui accorde des facilités douanières aux pays africains. Il s’agissait d’une réaction au double coup d’État mené par la junte malienne. Le face à face avec Paris serait la partie préférée des colonels maliens.
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