Après des années de progrès, le continent africain est en train de redevenir une terre à haut risque pour les journalistes. Il ne s’agit pas ici de faire dans le corporatisme mais de dénoncer avec force ceux qui veulent «en finir» avec toute voix critique du pouvoir. Très peu de pays échappent à cette chasse aux journalistes qui dénoncent les dérives et la mauvaise gestion des régimes en place. A Alger, Khartoum, Kigali, Bamako, Ouagadougou, Ndjamena, Kampala (Ouganda) ou à Bangui, et la liste n’est pas finie, tout journaliste critique envers le pouvoir et ses amis, risque désormais sa vie.
Le meurtre de notre confrère camerounais Martinez Zogo de la radio Amplitude FM, sauvagement exécuté par un commando d’anciens des services de renseignement et de voyous payés par un puissant homme d’affaires proche du chef de l’État, doit réveiller toutes les consciences. Pour fêter ses 90 ans, dont 41 au pouvoir, Paul Biya rêvait sans doute d’un tout autre «cadeau» d’anniversaire.
Le tort de notre confrère camerounais est d’avoir dénoncé la corruption des barons du pouvoir et les trafics d’influence. Sous la pression de l’opinion publique, le pouvoir a été contraint d’accélérer l’enquête. Aux dernières nouvelles, le ministre de la Justice, soupçonné d’avoir un rôle majeur dans l’assassinat de notre confrère de la station Amplitude FM, est dans le viseur des enquêteurs.
Pas loin de là, au Rwanda où aucune forme de voix discordante n’est tolérée par Paul Kagame, le rédacteur en Chef du journal "The Chroniles", critique du régime, a été tué le 18 janvier dernier après avoir été percuté par un camion, alors qu'il était en moto. Ces accidents de la route téléguidés sont une classique des pouvoirs africains pour éliminer les opposants. Mais ils ne viendront jamais à bout du combat pour la liberté de la presse.
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