L’ESSENTIEL DE LA SEMAINE |
Tunisie-Europe
|
Une délégation de quatre députés européens s’est rendue cette semaine en Tunisie. Au cours de cette visite de 72 heures, ces derniers ont rencontré le président Kaïs Saïed, la cheffe du gouvernement ainsi que d’anciens élus du Parlement dissous. Exprimant leur inquiétude quant à la «concentration des pouvoirs» aux mains de Saïed, ils ont demandé à ce qu’un «débat véritablement inclusif» soit mis en place avant la tenue des législatives de décembre prochain. Allié de l’Union européenne dans la lutte antiterroriste et celle contre l’immigration clandestine, Tunis reste un partenaire stratégique que Bruxelles ne souhaite pas se mettre à dos.
|
Coalition en Libye
|
En Libye, des militaires fidèles à Khalifa Haftar ont décidé de suspendre leur participation au comité 5+5, issu de l’accord politique de Berlin. Rappelons que ce comité est composé de cinq militaires représentant l’Armée nationale libyenne (ANL) basée à l’Est libyen et dirigée par Haftar et cinq autres militaires représentant Tripoli et l’Ouest libyen. Cette décision risque de compromettre les progrès enregistrés depuis le cessez-le-feu de 2020. Les partisans de l’homme fort de l’Est du pays ont également appelé leur leader (Haftar) à bloquer les terminaux pétroliers, à fermer la route côtière qui relie l’Est et l’Ouest libyen, à suspendre tous les vols entre l’Est et l’Ouest et à suspendre toute forme de coopération avec le gouvernement Dbeibah.
|
Situation au Mali
|
Dans un nouveau rapport, publié mercredi 13 avril, Amnesty International dénonce la détérioration sécuritaire au centre du Mali depuis 2018. L’ONG déplore une augmentation des exactions commises contre les populations civiles, en particulier dans le centre du pays (régions de Mopti et de Ségou). Elle rappelle dans son rapport plusieurs massacres commis ces quatre dernières années et dont sont accusés des groupes terroristes, divers groupes armés, des soldats maliens, ainsi que l’opération Barkhane. Pour Amnesty, «certaines» de ces «exactions» peuvent «être qualifiées de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité».
|
Gouvernement Côte d’Ivoire
|
Le premier ministre ivoirien, Patrick Achi, a présenté sa démission et celle de son gouvernement cette semaine, alors que le président du pays, Alassane Ouattara, prévoit de réduire l’effectif de l’Exécutif. Ouattara a déclaré qu’il compte réduire le gouvernement à environ 30 ministres, contre 41 actuellement, et que de nouvelles nominations seront annoncées la semaine prochaine. Selon lui, un gouvernement plus restreint sera plus efficace et en phase avec le climat économique mondial. Le président n’a toutefois pas précisé quels postes ministériels seront supprimés. À l’instar de plusieurs pays africains, la Côte d’Ivoire fait face à une inflation des prix des produits de première nécessité qui frappe les ménages les plus pauvres. Le gouvernement a plafonné en mars les prix d’une vingtaine de produits comme le riz ou le sucre.
|
Inondations en Afrique du Sud
|
Le bilan des inondations dévastatrices survenues dans la ville portuaire sud-africaine de Durban et ses environs a atteint 306 morts. Selon le gouvernement, il s’agit des pluies les plus fortes enregistrées depuis 60 ans. Le président du pays, Cyril Ramaphosa, a décrit ces inondations comme une «catastrophe» et une «calamité». «Des ponts et des routes se sont effondrés. Des gens sont morts… C’est une catastrophe aux proportions énormes», a-t-il déploré. L’armée a été mobilisée pour apporter un soutien aérien pendant les évacuations. Des milliers de maisons ont été détruites, au moins 140 écoles ont été touchées, selon les autorités locales.
|
L’or du Soudan
|
Au Soudan, ils sont plus de trois millions d’habitants qui vivent de l’extraction de l’or, dont le cours a explosé depuis le début de la guerre en Ukraine. Troisième producteur de ce métal précieux en Afrique au cours de la dernière décennie, le pays en question a enregistré en 2021 l’extraction de plus de 93 tonnes d’or. 80% de cette quantité est issue de mines artisanales se trouvant dans plusieurs régions du territoire. Avec la crise économique, une nouvelle vague de mineurs tente sa chance, venant s’ajouter aux autres trois millions de Soudanais qui dépendent de l’extraction de ce métal.
|
Soudan du Sud
|
Près de 14.000 personnes ont quitté le comté de Leer, au Soudan du Sud, suite à un regain de violences dans cette région, plongée dans le malheur depuis près d’une décennie. Des combats ont éclaté dans cette zone située dans le Nord du pays, entre des troupes du SPLA-IO du vice-président Riek Machar et des forces qui ont fait défection de ce mouvement en août dernier pour rejoindre le camp du président Salva Kiir. Basées à Juba, capitale du pays, les directions militaires des deux camps ont immédiatement appelé à une fin des hostilités. Selon un père de famille de 51 ans qui a dû quitter ce comté : «des soldats ont attaqué nos villages et brûlé beaucoup de nos maisons. Ils ont pris nos vaches, nos chèvres et ils ont tué des gens. Toute notre nourriture a été brûlée dans nos maisons, nous n’avons plus rien à manger».
|
Sécheresse
|
L’Organisation météorologique mondiale, une agence de l’ONU, a indiqué que la région de l’Afrique de l’Est fait face à une pluviométrie insuffisante pour la quatrième saison consécutive. Cette sécheresse historique placerait l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie dans une situation d’extrême difficulté, inédite depuis 40 ans. Selon cette organisation, des températures plus élevées et des précipitations inférieures à la normale ont été enregistrées au niveau de la Corne de l’Afrique depuis le début de la saison des pluies (mars 2022). La période entre mars et mai est pourtant connu sous le nom des «longues pluies», car elle enregistre 70% du total des précipitations annuelles. Les agences humanitaires craignent «une famine généralisée» et ont déjà lancé des appels urgents pour trouver des solutions.
|
Perspectives de croissance
|
Dans son rapport semestriel sur les perspectives macroéconomiques en Afrique, rendu public le mercredi 13 avril, la Banque Mondiale (BM) a revu à la baisse ses prévisions de croissance sur le continent. Le rapport de l’institution de Breton Woods annonce ainsi une croissance de 3,6% pour l’année 2022, en régression par rapport au 4% enregistrés en 2021. Ce ralentissement fait suite à «la persistance de nouveaux variants de la Covid-19, l’inflation globale, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et les chocs climatiques». Il intervient aussi en raison des effets du conflit entre la Russie et l’Ukraine, notamment la montée des cours mondiaux des matières premières. La BM indique que ce sont les populations les plus démunies qui seront le plus affectées par cette situation, notant qu’elle craint en outre l’éclatement de troubles civils face à la persistance de l’inflation des prix alimentaires et énergétiques.
|
Gaz d’Egypte
|
Avec ses 2.222 milliards de mètres cubes de gaz naturel enfoui dans son sous-sol, l’Égypte dispose de l’une des plus importantes réserves de gaz en Afrique. D’ailleurs, depuis le début de la guerre en Ukraine, les stocks du pays font l’objet de nombreuses convoitises. Le pays des pharaons pourrait profiter de la crise russo-ukrainienne pour devenir à la fois une plateforme mondiale de l’énergie ainsi qu’un leader dans les énergies renouvelables. L’Europe cherche en effet à diversifier ses sources d’approvisionnement pour sortir de sa dépendance vis-à-vis de la Russie en termes d’énergie. Le gaz naturel égyptien et le positionnement géographique du pays font qu’il semble être l’une des meilleures options de remplacement pour les Européens.
|
Délocalisation de migrants
|
Le Rwanda a conclu un accord avec le gouvernement britannique qui délocalisera une partie du traitement des demandes d’asile du Royaume-Uni vers ce pays africain. Cette mesure a été qualifiée d’irréalisable et d’inhumaine par les politiciens de l’opposition britannique, les organisations humanitaires et les groupes de réfugiés. La stratégie du gouvernement prévoit que certains immigrés, qui arrivent au Royaume-Uni depuis l’autre côté de la Manche dans de petites embarcations soient transportés par avion sur 6.400 km jusqu’au Rwanda pendant que leur demande d’asile est traitée. Cet accord coûterait environ 158 millions de dollars à Londres et fait suite aux échecs des accords conclus avec l’Albanie et le Ghana. Le gouvernement britannique subit une pression croissante pour agir face aux milliers de personnes qui arrivent dans le Sud de l’Angleterre, principalement en provenance de France. Plus de 28.000 personnes sont entrées illégalement dans le pays l’année dernière, contre 8.500 en 2020 et seulement 300 en 2018.
|
Sénégal
|
Les mesures punitives prises le 9 janvier par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à l’encontre du Mali pour sanctionner la junte au pouvoir impactent fortement le Sénégal. Ce dernier est le premier partenaire commercial de Bamako. Dans le cadre de ces sanctions, un embargo a été imposé sur les transactions financières et les échanges commerciaux du Mali, à l’exception des hydrocarbures et des denrées de première nécessité comme le riz, le sucre, l’huile ou les produits pharmaceutiques. De plus, tout le trafic de transport Mali-Sénégal a également été paralysé. En effet, avant l’embargo, au moins 900 camions maliens ou sénégalais quittaient chaque jour le port de Dakar, souvent remplis de fer, de ciment ou de sel. Mais, aujourd’hui, près de 620 camions sont bloqués à Kidira, mais aussi dans d’autres villes situées le long du corridor commercial qui relie Dakar à Bamako.
|
|