Où sont les armées africaines ?

Les Burkinabés avaient appris avec stupéfaction que la garnison de gendarmerie qui avait été ciblée par des groupes terroristes il y a quelques jours, n’avait pas été approvisionnée depuis deux semaines. Les hommes sur place manquaient de tout, jusqu’aux rations alimentaires. Comment aller au combat le ventre vide ? En RDC, les troupes qui combattent les rébellions qui pullulent dans les provinces orientales du pays voient une partie de leurs soldes détournée par des commandants corrompus. En Côte d’ivoire, les célèbres « comzones » qui avaient porté Allassane Ouattara au pouvoir, font la pluie et le beau temps au sein de l’armée en y créant des « principautés ». Et comme beaucoup de leurs pairs sur le continent, ils s’occupent plus de leurs affaires que de leurs hommes.

Ces cas non exhaustifs illustrent l’état dans lequel se trouvent les armées du continent et le dévoiement de ce qui devrait être leur mission. Bien souvent, elles n’ont d’armée que le nom car incapables de combattre, ni d’être une force de dissuasion envers l’ennemi. Le Mali et la Centrafrique, pour ne citer qu’eux, en sont une parfaite illustration.

Les régimes autoritaires du continent se méfient de la troupe et surtout, du peuple. Ils se sont constitué des « divisions présidentielles », en réalité des gardes prétoriennes chargées de leur protection et à la tête desquelles se trouvent des officiers issus de la même ethnie que le chef de l’État. Il paraît que c’est un gage de loyauté. Au Togo, au Gabon, au Tchad, au Mali, en RDC sous Kabila, au Burkina Faso sous Compaoré, au Cameroun de Paul Biya avec les redoutables B.I.R ou en Ouganda de Museveni, c’est le même schéma. L’essentiel des ressources de l’armée leur sont affectées. Le reste de la troupe est plongé dans le dénuement.

Résultat, lorsqu’il faut défendre la patrie ou combattre quelques illuminés organisés en rébellion, l’armée est inexistante. Et pour parer au plus pressé, on fait appel aux mercenaires russes ou aux vétérans ukrainiens et de l’ex-Yougoslavie pour se substituer à l’armée. Cela revient à traiter une maladie grave par un antalgique. Le patient finira par trépasser.

Abashi SHAMAMBA

Docteur en sciences économiques et journaliste économique depuis plus de 25 ans au Maroc. En plus de son activité de conseil, il enseigne également à l’université.

Sources à consulter :

Burkina Faso : une manifestation contre un convoi de l’armée française montre le désarroi du pays face au terrorisme : Jacques Deveaux – France Télévisions Rédaction Afrique

En Côte d’Ivoire, Ouattara restructure son armée : RFI

Entre Paris et Moscou, la guerre de l’information fait rage en Afrique : Charlotte Lalanne – L’Express

FOCUS DE LA SEMAINE

Variant Omicron : la reprise en otage ?

L’apparition de Omicron, le variant sud-africain a très rapidement entraîné l’isolement de la 2ème économie du continent et des États de l’Afrique Australe. Susceptible d’être plus contagieux et plus résilient aux vaccins, le nouveau variant du coronavirus a jeté un froid sur les places boursières mondiales en fin de semaine. Les investisseurs craignent un retour en arrière et une prise en otage de la reprise mondiale. Ce rebondissement rappelle que le monde ne retrouvera pas sa normalité d’avant crise tant que l’accès aux vaccins ne sera pas égal pour tous./b>

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L’ESSENTIEL DE LA SEMAINE

ANTONY BLINKEN

Adama Wade – Financial Afrik

Retardée par la chute de Kaboul, la tournée africaine (Nigeria, Sénégal et Kenya) du secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères Antony Blinken, a enfin eu lieu, parsemée de petites piques envers le géant chinois et de déclarations d’intentions. Alors que Pékin envisage des concertations concrètes sino-africaines à Dakar, Washington promeut un sommet virtuel sur les démocraties et Paris s’émeut, via son ministre des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian, appelant à la création d’un «new deal» avec l’Afrique pour lequel il n’y a ni schéma ni chiffres. «Nos concurrents n’ont ni tabous, ni limites» a affirmé Jean-Yves Le Drian, en désignant la Chine et la Russie, taxées de partenaires «prédateurs». Lire l’article

TRANSFERTS DE FONDS

Laurent Soucaille – Magazine de l’Afrique

En 2021, les transferts de fonds progresseraient de 9,7% vers la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, et de 6% à destination de l’Afrique subsaharienne. Tels sont les enseignements d’une étude conduite par Knomad (Global Knowledge Partnership on Migration and Development) et commentée par la Banque mondiale, qui estime que la tendance devrait se poursuivre en 2022. Lire l’article

GABON

Aude Darc – Magazine de l’Afrique

Libreville est considérée comme l’une des capitales africaines les plus actives sur le plan diplomatique. Fort de ces atouts, le Gabon vient de succéder au Burundi à la tête du Comité consultatif permanent des Nations-unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC). Lire l’article

HOLD UP

LeMonde

Une information judiciaire visant le clan de l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila, a été ouverte à Kinshasa après des révélations de détournements présumés de 138 millions de dollars. Ces détournements présumés ont eu lieu de 2013 à 2018, d’après les auteurs de cette enquête qui fait grand bruit en RDC. Lire l’article

SENEGAL

Serges David – Magazine de l’Afrique

Sauf changement brusque, le poste de Premier ministre entre à nouveau dans l’ordre protocolaire sénégalais après en avoir été viré en 2019. L’annonce a été faite mercredi 24 novembre au soir après la lecture du communiqué du Conseil des ministres. Selon ce texte, en lien étroit avec la volonté du président Macky Sall, la constitution du Sénégal sera soumise à révision en intégrant le retour du poste de Premier ministre. Lire l’article

ETHIOPIE

RFI

Addis-Abeba se vide de ses expatriés. Ils suivent les consignes des ambassades occidentales, car la capitale éthiopienne pourrait bientôt se retrouver menacée par la coalition rebelle. En effet, les insurgés tigréens et oromos se trouvent à environ 180 km de la ville. Les départs se sont poursuivis jusqu’à la fin de la semaine dernière. Lire l’article

CAP25

Adama Wade – Financial Afrik

Convergence, intégration et gouvernance. Ce sont les trois axes d’intervention déclinés en 23 actions phares de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) dans son cadre d’actions prioritaires «CAP25» pour la période 2021-2025. La zone la plus intégrée d’Afrique se dote ainsi d’une feuille de route axée sur l’accélération de l’intégration, de la convergence économique et l’approfondissement du marché commun. Lire l’article

SECURITE ALIMENTAIRE

Boniface T. – Afriquinfos

L’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) tire à nouveau la sonnette d’alarme sur la sécurité alimentaire en Afrique en lien avec les conséquences de la pandémie de la Covid-19. Dans son rapport annuel, l’agence onusienne craint qu’en Afrique subsaharienne, plus de 80 millions de personnes pourraient ne plus être en mesure d’accéder à une alimentation saine en cas de nouveau choc. Lire l’article

BURKINA FASO

Deutsche Welle

La pression se faisait de plus en plus grande. Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré a pris la parole ce jeudi 25 novembre à la télévision nationale. Un discours à la nation après une nouvelle série d’attaques ce mois-ci, dont la plus meurtrière a fait 57 morts à Inata le 14 novembre. «L’onde de choc consécutive au drame d’Inata et la multiplication des attaques contre les positions de nos forces de défense et de sécurité à Foubé et à Thiou, nous interpellent tous sur l’urgence d’améliorer nos capacités d’adaptation à la situation», a-t-il déclaré. Lire l’article

CRISE SECURITAIRE

RFI

Au Burkina Faso, le président Roch Marc Christian Kaboré appelle au discernement et à la retenue à la suite des appels à manifester. Dans un discours prononcé jeudi 25 novembre, tard dans la nuit, le chef de l’État burkinabè promet des changements au sein des forces armées et du gouvernement pour une meilleure gestion de la crise sécuritaire et la lutte contre la corruption. Lire l’article

Dossier de presse : 51/2020 ص

Accréditation CNDP N° : D-M-52/2020

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