Le rebond des économies africaines annoncée en 2021 avec une croissance estimée à 3,4% par la Banque mondiale ne serait en fait qu’un rattrapage, l’assiette de calcul ayant considérablement rétréci. L’an dernier, le PIB du continent a reculé de 2,5% avec des pics de 11% pour l’Afrique du Sud et 7% pour le Maroc, par exemple. Cette estimation devrait être confirmée ou revue dans quelques jours lors de la publication des prévisions du printemps attendues ce mois d’avril. Ce qui est certain, c’est que la reprise de l’Afrique subsaharienne serait plus laborieuse et plus lente selon le FMI. Peu diversifiées, la plupart des économies de la région vont connaître une longue convalescence, un peu à l’image des patients dits « Covid longs ». Les revenus par habitant dans de nombreux pays ne devraient pas revenir aux niveaux d’avant la crise avant 2025, prévient l’institution de Bretton-Woods.
Les conséquences sociales de la pandémie s’annoncent d’ores et déjà catastrophiques : en 2021, 39 millions d’Africains pourraient tomber dans l’extrême pauvreté, dont le seuil est fixé à un revenu de 1,90 dollar par jour. Au total, l’extrême pauvreté pourrait toucher 465 millions d’Africains, soit un tiers de la population du continent, alors que la pauvreté reculait régulièrement depuis deux décennies.
Autre conséquence immédiate : la flambée des dettes des Etats. Les agences de notation financière ont déjà commencé à revoir à la baisse les ratings des dettes souveraines, le dernier en date étant le Maroc, le seul pays à avoir conservé jusque-là « l’investment grade » sur le continent. Celui-ci n’aura donc pas survécu au covid-19.
En somme, pour la majorité des pays africains, l’équation de l’après pandémie sera plus complexe : avec des budgets peu financés par les ressources internes, il sera de plus en plus onéreux de lever des financements internationaux. Ce sont clairement des malades du covid long, qui plus est sans aucun traitement.
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